[size=18][center]Le désastre[/center][/size]
-Et nous venons d'apprendre une nouvelle ô combien inédite et surprenante. Combien de jeunes jouent aux jeux vidéo? Et combien d'entre eux ont-ils rêvé de pouvoir jouer en vrai leurs jeux vidéo préférés?
Nous venons d'apprendre qu'un groupe de lycéens a pu réaliser ce rêve. Mais que le rêve a vite tourné au cauchemar. Nous rejoignons Alice Septine, notre correspondante à Kadic, à Paris. Alice, parlez nous de...
*****
-Tu ne veux toujours pas parler?
Lucien Vian, qui venait de poser cette question était un homme d'une trentaine d'années. Il avait de courts cheveux blonds, et des yeux marrons. Replaçant du doigt ses lunettes sur son nez, il dit:
-Je te conseille de parler, Jérémie. Au cas où tu ne l'aurais pas compris, tes amis sont en danger. Et tu n'es pas non plus dans un cas plus enviable. Alors, explique nous comment toi, un simple élève de 5ème a pu découvrir et utiliser un supercalculateur. Et envoyer ses amis dans un monde... virtuel...
Jérémie lâcha un petit rire. Vian fronça les sourcils.
-C'est ça que vous n'avez pas compris... Je n'étais pas un simple élève de 5ème... Je suis un surdoué ! Et votre "collègue" l'a bien compris ! Et vous, vous ! insista Jérémie, vous ne comprenez rien ! Il vous mène en bateau, il vous utilise.
-Et pourquoi donc?
-Pour ensuite m'utiliser moi, répondit simplement Jérémie.
L'image se stoppa net, figée sur Jérémie en face de Lucien Vian, se jaugeant mutuellement du regard...
-"Pour ensuite m'utiliser moi"... Tu as toujours été perspicace Jérémie.
En face de l'écran de l'ordinateur, un homme se tenait. Les mains dans le dos, il avait, plus tôt, parlé de longues minutes, sur un ton presque songeur, presque rêveur.
-J'ai de grands projets, Jérémie, continua-t-il. De grands projets, oui. Et ces projets deviendront les tiens, Jérémie, je puis te l'assurer.
Il se retourna, et fixa, satisfait, le garçon blond à lunettes en face de lui, qui gigotait et se débattait contre les liens qui le retenait attaché à la chaise sur laquelle il était assis.
*****
Ils étaient tous au centre de la tour. Odd était assis au bord de la plateforme, Aelita au centre, Ulrich était debout et faisait tournoyer son arme entre ses mains, Yumi était assise en face d'Aelita, et William se tenait debout devant la sortie de la tour.
-Et on va rester là, alors? Lâcha ce dernier. A se cacher, ... On est inutiles.
-Et qu'est-ce que tu veux faire? demanda Ulrich. Sortir dehors? Tu te souviens pas de ce qu'a dit Jérémie avant de... "partir"?! Les scanners ont été détruits!
-Ce qu'a [i]dit[/i] Jérémie? s'étonna Odd. Tu veux dire beugler, oui ! Où l'ont-ils emmené? Et qu'est-ce qu'ils lui font? s'inquiéta-t-il.
-Ils doivent l'interroger, murmura Aelita. Et il est tout seul face à eux. Alors qu'en plus, il doit angoisser pour nous... Il doit se sentir tellement coupable pour ce qui s'est passé. Je me sens tellement coupable, moi.
-On ne pouvait pas prévoir, tenta Ulrich, sans trop y croire vraiment.
-Qu'on ait pu prévoir ou pas n'a pas d'importance... dit Yumi. Ce qui s'est passé est tout bonnement horrible...
-A votre avis, ils font quoi ? questionna Odd, préférant changer de sujet.
-Ils doivent être en train d'étudier le supercalculateur, l'ordinateur... répondit Aelita.
-Mais tu as coupé les communications, c'est ça? dit William.
-Oui. Ils ne peuvent pas nous entendre, et nous, on ne peut pas les entendre.
-Comme ça, on peut parler tranquille, sans qu'ils nous harcèlent de questions... commenta Odd.
-Ce qu'ils doivent faire à Jérémie... Mais... qu'est-ce qu'on peut faire? s'écria Ulrich.
-Rien... déclara Yumi. Rien, on est impuissant, vulnérable... On doit rester dans la tour, si on va dehors, et qu'on perd nos points de vie...
-Mais si XANA active une tour? fit remarquer William. On ne pourra même pas le savoir.
Ils se regardèrent, partageant la même rage, la même impuissance, les mêmes angoisses.
*****
[i]-Pourquoi ? Pourquoi t'es-tu mis en tête de sauver une personne que tu ne connaissais même pas? Tu croyais même au début qu'elle était virtuelle! Te rends-tu compte de tous les risques que tu as pris ? Du danger de la situation dans laquelle tu te trouvais?
-Je sais. Je sais que ce je fais est insensé. Mais il est sensé d'être insensé, non ?
Le lieutenant haussa un sourcil.
-Laissez tomber, dit Jérémie. Croyez-moi, je sais que j'ai pris beaucoup de risques. Pourquoi ? Je ne saurai pas l'expliquer... En voyant le visage d'Aelita, j'ai su au fond de moi que... que je voulais me battre pour elle. Et au final, nous avons appris qu'elle est humaine. Alors, je me suis dit que j'avais bien fait.
-Et maintenant, avec tout ce qui se passe, tu te dis toujours que tu as bien fait? demanda, implacable, Lucien Vian.
Jérémie soutint avec difficulté le regard critique et acerbe de l'homme qui se tenait en face de lui. Il chercha une réponse, la bonne réponse.
Mais il se rendit compte qu'il n'en trouvait pas.
[/i]
*****
-Bien, Jérémie. Tu nous es d'une grande aide. Tu as bien mérité une récompense. Tiens.
Et l'homme posa le plateau sur une petite table, située en face d'un lit.
Et sur le plateau, il y avait quelque chose en plus que ce qu'il avait l'habitude de manger. Un dessert. Cela faisait un long moment qu'il n'avait que de maigres repas, fade et sans saveur.
Combien de fois avait-il donné ses desserts à Odd? Et aujourd'hui, cela représentait une chose exceptionnelle dans sa vie bien morose.
Une fois l'homme parti -son bourreau, son geôlier- il se rua jusqu'à la table et sans retenue aucune, il prit la nourriture dans sa main -il n'avait pas encore le droit aux couverts- et s'empiffra littéralement de son repas.
On dit parfois qu'un homme est dirigé par son estomac.
Dans le cas présent, c'était vrai.
*****
-Moi je sors, j'en ai assez! s'écria Ulrich. Ca fait combien de temps qu'on est là?!
-Ulrich, arrête! dit Yumi.
-Mais on va pas rester éternellement dans la tour ! déclara William. Il y a bien une manière, un moyen d'intervenir.
-Hum, je peux peut-être essayer quelque chose. Comme XANA, j'ai le pouvoir d'intervenir sur Terre, mais mes moyens à moi sont plus limités.
-Ok, ça vaut le coup d'essayer, approuva Yumi.
-Et tu comptes faire quoi? demanda Odd.
-Je vais essayer d'utiliser une des caméras de surveillance pour voir ce qu'ils font dans l'usine, répondit Aelita.
Elle ferma ensuite les yeux, cherchant à se concentrer. Elle tenta alors de faire abstraction des regards de ses amis qui convergeaient sur elle.
Et puis, elle rouvrit les yeux. Devant elle, elle ne voyait plus ses amis, elle voyait le laboratoire. Elle était dans la caméra, son regard y était, plus précisément. Elle vit des hommes et femmes travaillant tout autour de l'ordinateur, tentant de découvrir les moindres détails de Lyoko, les moindes détails du monde dans lequel elle avait vécu, dans ce qui était devenu sa maison. Et pour elle, ils s'introduisaient dans sa vie, c'était une pure intrusion dans ce passé si intime, si précieux.
-C'est magnifique, tant de puissance, disait l'un des scientifiques.
Une femme frappait sur le clavier, assise là où Jérémie s'asseyait toujours, puis dit à son assistant avant de se lever:
-Nous allons le faire, c'est plus prudent.
-Dire que ça aurait pu rester caché encore longtemps. S'il n'y avait pas eu... déclarait un scientifique.
-Et là, en faisant cette manip, tu peux remonter dans le temps.
-Ah, et celle-là, c'est pour les véhicules, expliquait un autre.
Aelita se connecta à une autre caméra, celle où se trouvait le supercalculateur.
-Oh bon sang ! s'écria la lyokoguerrière brusquement.
-Vous êtes prêts? questionna un scientifique.
-Vas-y Baptiste, commenta un de ses collègues.
-Quoi? Qu'est-ce qu'il y a ? demanda la voix de William, alerté par le cri de son amie aux cheveux roses.
-Non, ne faîtes pas ça ! cria Aelita.
Mais cela était inutile. On ne pouvait entendre une caméra.
-Ils vont éteindre le supercalculateur, lâcha Aelita.
Les réactions de ses amis ne se firent pas attendre.
-Quoi?!
-Non!
-Non, impossible!
-Ils vont éteindre le supercalculateur ! répétait la gardienne de Lyoko, choquée.
-C'est pas possible, c'est pas possible... !
-Ne faîtes pas...
Mais Aelita n'eut pas le temps de terminer sa phrase..
Lyoko plongea dans le coma.
Et Aelita, Yumi, Odd, Ulrich et William avec.
*****
-Nous venons d'apprendre que le groupe scientifique, en accord avec les autorités, ont décidé d'éteindre le supercalculateur. Ils ont jugé que le pouvoir de cette machine est bien trop grand et que, entre de mauvaises mains, il pourrait devenir une arme extrêmement puissante. Le supercalculateur sera donc mis sous surveillance. D'après nos sources, Aelita Stones, Yumi Ishiyama, Ulrich Stern, Odd Della Robbia ainsi que William Dunbar, sont restés dans le monde virtuel et, déjà, des appels à manifester contre ce que certains appellent un assassinat ont été émis sur les réseaux sociaux. Nous nous dirigeons chez M. Ishiyama, le père de la jeune Yumi, pour savoir...
-Eh bien, Jérémie, il semblerait que plus rien ne te rattache à ta vie d'avant, commenta son geôlier, regardant d'un oeil satisfait l'écran de télévision.
Jérémie resta impassible, son visage fermé pour masquer le chaos qui avait pris place dans son esprit.
*****
[i]-Et donc, tu as réussi à rematérialiser Aelita, dit Lucien Vian.
-Oui...
-Tu lui as inventé une fausse identité, de faux dossiers... Tu sais que c'est illégal?
-Oui. Mais c'est Aelita. Et je ferai tout pour Aelita, et ça, ça en fait partie.
-Je vois.
-Et vous, vous feriez de même pour votre compagne, non?
-Compagne?
L'homme n'avait pas d'alliance, certes, mais...
-Vous avez un suçon dans le cou, rétorqua Jérémie dans un sourire.[/i]
-Debout, ta pause est finie ! Allez, tu as du boulot ! Je veux que tu rendes un pare-feu infranchissable !
Les coups sur la porte de sa petite chambre le tirèrent de son sommeil. Sans s'en rendre compte, il s'était endormi pendant sa pause. Son geôlier était un tyran, mais il n'était pas stupide, il savait qu'une personne fatiguée était une personne travaillant avec moins d'efficacité. Des pauses lui étaient donc accordées.
S'extirpant tant bien que mal du lit, il sortit de sa chambre, et suivit son bourreau.
Une femme arriva soudainement un instant après.
-M., sommes-nous prêts pour la réunion bi-mensuelle?
-Oui, je conduis le jeune homme que voici à son lieu de travail, et nous pourrons ensuite discuter de Deckard industrie.
-Deckard? C'est derrière cette entreprise que se cache Carthage alors ? s'exclama Jérémie.
-Carthage?!
L'homme se mit à rire.
-Allons bon, ne dis pas de bêtises Jérémie. Carthage est mort en cherchant à mettre la main sur Hopper. [i]Moi[/i], au contraire, j'ai laissé Hopper derrière moi, et j'ai continué ce qu'il était incapable de faire.
-Mais qui êtes-vous à la fin? s'écria Jérémie. Pour qui on me force à travailler alors?!
-Je m'appelle Tyron.
*****
-Les manifestations, qui ont rassemblé plus d'un million de personnes selon les organisateurs, et 300 000 selon la police, pour ordonner le rallumage du supercalculateur et le sauvetage des cinq adolescents coincés dedans, n'ont eut aucun effet sur les résolutions des autorités. Celles-ci restent campées sur leur position, au grand dam des parents de Yumi, Ulrich, Odd et William. Rappelez-vous les larmes de désespoir de la mère de William Dunbar. Quant à Jérémie Belpois, nous avons appris qu'il travaille à présent chez Deckard Inc. Et ...
*****
Ce jour-là, Jérémie eut le droit de sortir. Voir enfin la lumière du jour -depuis combien de temps était-il retenu ici?!- lui fit du bien. Bien sûr, il n'était pas seul. Il restait toujours sous haute surveillance.
Il se promenait, sans but particulier, cherchant à profiter de la chaleur du soleil sur son corps, de l'air sur sa peau. Ca lui avait tellement manqué. Un sanglot manqua de franchir la barrière de ses lèvres, mais il le retint.
-Jérémie?
Il se tourna vers la voix qui venait de l'appeler. Son surveillant s'approcha prestement de lui. Avec la presse qui se déchaînait sur l'affaire de Lyoko, chaque magazine ou chaîne de télévision seraient prêts à vendre leurs mères pour recuellir son témoignage.
Mais la personne devant lui ne faisait pas partie de la presse ou des médias.
C'était Laura.
-Laura? balbutia-t-il.
-Tu la connais? demanda son surveillant.
Il ne connaissait même pas le nom de son chaperon...
-Elle était avec moi quand j'étais encore au lycée, répondit-il à celui-dont-on-ne-connaît-pas-le-nom.
Ce dernier en fut indécis. M. Tyron avait été très clair. Il fallait priver Jérémie de tout ce qui le rattachait à sa vie d'avant. Mais il valait mieux éviter les soupçons.
-On a un emploi du temps chargé. Faîtes-vite !
-Alors, ce travail à la Deckard, comment c'est? Tu as de la chance, commenta Laura.
Jérémie n'eut qu'une envie: l'attraper par les cheveux et lui hurler dans les oreilles que non, non, ça n'allait pas. Mais elle ne savait pas. Personne ne savait.
-En tout cas, ta peau est devenue toute pâle. Tu ne sors jamais ? plaisanta Laura.
-On peut dire ça, dit-il sur le même ton.
-Jérémie... lança son surveillant sur un air menaçant.
A l'évidence, la petite blague -qui n'en était pas une vu que c'était la vérité- n'était pas à son goût.
-J'ai rien dit, se défendit-il Jérémie.
-Mais bien sûr !
-Y a un souci? interrogea Laura.
-Non. Bon, on y va ! trancha le surveillant.
-Et pourquoi ça? Insista Laura. J'ai pas le droit de parler à Jérémie?
L'ambiance devint froide.
-Je vais parler avec Jérémie quelques instants, seule à seul.
Elle prit par la main dudit Jérémie, et ils s'éloignèrent un peu. Le surveillant voulut les rejoindre, mais l'air interrogatif de la jeune fille était dangereux. Ils avaient déjà été questionnés sur l'arrivée soudaine de Jérémie dans leur industrie. De plus, ils empêchaient les parents de Jérémie de parler à ce dernier, en faisant bien attention à leur faire penser que c'était le jeune génie lui-même qui ne voulait pas leur parler.
-Vous avez trois minutes, cria-t-il pour se faire entendre.
-Eh bien, ils sont stricts, fit remarquer Laura.
Cette dernière se tut rapidement. Le regard de Jérémie était brillant, son visage marqué par une forte concentration.
-Laura... commença-t-il. J'ai pas beaucoup de temps. Laura, j'ai besoin de toi. Il faut que tu m'aides.
Il aurait tellement aimé n'avoir personne à impliquer dans cette histoire, mais il n'avait pas le choix.
-Il faut que tu m'aides, répéta-t-il.
*****
[i]-Et c'est donc comme ça que tu as appris que Aelita est humaine.
-Oui. C'est la fille de Franz Hopper, répondit Jérémie. Franz Hopper a été poursuivi par des hommes de Carthage, et il s'est virtualisé, avec sa fille, sur Lyoko, pour leur échapper. Et l'homme que j'ai vu toute à l'heure, il travaille à Carthage, j'en suis sûr. Il veut se servir de mes capacités intellectuelles. Et vous êtes prêts à me laisser entre ses mains.
-Allons, tu ne crois pas que tu vas un peu vite dans tes déductions. C'est un collègue qui travaille dans une autre agence, tout simplement.
-Vous êtes naïf !
-Je ne te permets pas ! dit Lucien Vian en haussant la voix.
-Dommage pour vous, je me le permets tout seul ! [/i]
*****
Depuis qu'il avait appris qu'il travaillait pour celui qui était devenu un de ses ennemis, on lui faisait travailler sur le Cortex. Bien sûr, tout son travail était passé au crible. On vérifiait tout ce qu'il faisait. Tyron ne voulait prendre aucun risque. Or laisser sans aucune surveillance celui qui lui avait tenu tête pendant de longs mois sur son propre projet était un risque.
Une fois, Jérémie avait tenté de s'opposer à lui, de lui dire qu'il ne travaillerait plus pour lui. La correction qu'il s'était prise, les punitions qui avaient suivies, avaient achevé de le convaincre que ce n'était pas la bonne méthode pour se sauver de cette situation.
-Bon travail, Jérémie. Tu as bien mérité d'aller dehors, commenta Tyron.
Tous les samedis, Jérémie avait le droit de sortir, accompagné.
Sans plus attendre, son surveillant attitré s'approcha de lui, et ils sortirent du grand bâtiment. Jérémie ne connaissait que le troisième étage. Il n'avait jamais été autorisé à se rendre aux autres étages.
En ouvrant les portes pincipales, l'air frais vint l'accueillir. Il prit une grande inspiration, puis se rendit à l'endroit qui était devenu le lieu de rendez-vous avec Laura.
Lorsqu'il arriva, elle était déjà là.
-Salut Laura !
-Salut Jérémie !
Ils s'assirent tous les deux sur un banc, tandis que le surveillant traînait tout autour d'eux.
Laura sortit de son sac un cahier de physique. Elle l'ouvrit, et le montra à Jérémie.
-J'ai bien fait ce que tu m'as dit la dernière fois, et j'ai réussi ce que je n'arrivais pas à réussir.
-Bien, parfait. C'est juste une question d'habitude. Il faut savoir passer entre les pièges.
-J'ai eu du mal, mais je sais bien à présent où regarder, et comment les éviter. J'ai pu donc avoir la réponse que je voulais.
La jeune fille tourna ensuite une page, et Jérémie la regarda avec intensité.
Le surveillant ne voyait que le dos du livre, mais lui voyait quelque chose de bien précis. Dans une taille ni trop grosse, ni trop petite, Laura y avait les mots "Tout est prêt".
-D'accord, il faudra qu'on fasse ça ensuite.
Leur conversation paraissait simple, badine. Deux adolescents qui discutent d'exercices en physique-chimie.
Mais la vérité était toute autre. Ils avaient parlé de quelque chose de totalement différent.
Quelque chose qu'il fallait mettre en action maintenant.
*****
-Aujourd'hui, cela fait près de six mois que nous avons découvert Lyoko, ce monde virtuel. L'affaire semble peu à peu se tasser. Mais nous vous avons préparé un dossier spécial, vous retraçant l'histoire de ce fait divers exceptionnel. La découverte, le secret, les mensonges, le groupe, et enfin un dossier sur Nathan Thima, qui s'est retrouvé malgré lui impliqué dans cette histoire. Tout a commencé le jour où...
*****
-Vous n'avez rien d'autre à faire à part traîner autour de nous? demanda Laura à celui-dont-on-ne-connaît-pas-le-nom.
-Non, répondit-il sur un ton glacial.
-Dommage pour vous, déclara Laura.
Le surveillant leva les yeux au ciel. Yeux qui le brûlèrent quelques secondes plus tard lorsque Laura les asperga de bombe lacrymogène.
Il se mit à crier. Puis il tomba sur le sol par un coup de pied de Jérémie.
Ils avaient bien fait attention à ce qu'il n'y ait personne à ce moment-là. Mais ils se dépêchèrent pour ligoter, et bailloner cet homme à l'identité inconnue. L'effet de surprise, voilà la raison de leur victoire sur lui.
Ils n'avaient pas le temps de trouver un endroit où le cacher.
-Bien joué Laura.
-Bien joué à toi aussi. On forme vraiment une bonne équipe.
-Oui, allez, perdons pas de temps.
Ils laissèrent l'homme sur le sol, puis ils se mirent à courir.
Ils couraient, ils le savaient, vers leur destin.
Des flocons de neige se mirent à tomber, peu à peu, recouvrant lentement les rues de Paris.
Il neigeait.
*****
[i]-Pourquoi avoir intégré William à votre bande, lui en particulier? demanda l'inspecteur.
-Il avait prouvé sa valeur, ses capacités de guerrier.
-Et que s'est-il passé ensuite?
-Ca a mal tourné, répondit Jérémie. Il est tombé entre les griffes de XANA.
-Ah, XANA, parlons-en ! Tu nous décrit XANA comme un danger, mais nous n'avons rien vu de tel pour l'instant.
-C'est comme je le disais: naïf ! Vous ne comprenez pas le danger qu'il représente. Moi si. Et je pourrai aussi sauver mes amis coincés sur Lyoko, mais vous ne voulez plus me laisser approcher le supercalculateur !
-Parce que tu as fait assez de dégâts comme ça ! rétorqua Lucien Vian.
-Vous ne comprenez rien !
-C'est toi qui ne comprend pas la situation dans laquelle tu es ! Et les conséquences de tes actes. Comme tu le sais très bien, ton fameux retour dans le passé ne ramène pas les morts.[/i]
*****
-On n'a pas beaucoup de temps, prévint Jérémie. Ils vont vite se rendre compte de mon absence. Et Tyron va comprendre très rapidement où je suis allé.
-Ne t'inquiètes pas, dit Laura.
Ils se trouvaient en face de l'usine, tout près du pont. Et, sur ce pont, ils voyaient un policier.
-Dans quelques instants, il va prendre sa pause, et être remplacé. Mais on a toujours quelques secondes entre le moment où il part, et le moment où son collègue vient prendre la relève.
Comme Laura venait de l'indiquer, l'homme qu'il voyait en face regarda sa montre et, avisant l'heure, se mit à marcher sur le pont, quittant ainsi son poste. Il tourna sur la droite, puis se mit à s'éloigner.
-Vite, c'est le moment, prévint Laura.
Ils reprirent leur course effrénée vers l'entrée de l'usine. Au moment où ils arrivèrent, un autre policier s'approchait du pont.
Au lieu de sauter pour attraper une corde et arriver devant l'ascenseur comme il avait toujours eu l'habitude de le faire, Jérémie suivit Laura qui longeait le mur, évitant ainsi le policier qui montait la garde devant le monte-charges.
Heureusement pour eux, Jérémie connaissait les moindres recoins de cette usine. Ce qu'il n'avait pas manqué de décrire à celle qui était devenue, au fil du temps, une amie.
******
-Ce que les autorités craignaient est arrivé. D'autres pays comment à créer leur propre supercalculateur, tentant d'égaler la puissance du monde virtuel qu'est Lyoko. La France appelle à la raison, mais rien n'y fait, et l'Etat craint à présent une guerre de supercalculateurs.
-Voilà, on y est ! s'exclama Jérémie.
Ils étaient passés par la salle des turbines, puis avaient longé le long corridor avant d'arriver dans le laboratoire. Ce dernier avait été gardé au tout début de l'affaire, puis on avait décidé que cela n'était plus la peine.
Jérémie et Laura n'avaient eu donc aucun mal à s'y rendre, et ensuite descendre en salle des scanners.
La salle des scanners ...
Jérémie se souvenait encore clairement de ce qui s'était passé dans cette salle. Il regarda chaque impact de balles qu'on pouvait voir dans les murs, ainsi que sur et dans les scanners. Il s'approcha de l'endroit où s'était tenu Nathan Thima. Baissant les yeux, il voyait encore la trace de sang sur le sol. Elle avait séché, et s'était assombrie.
-Je n'en ai donc réparé qu'un, comme on avait convenu.
-De toute manière, réparer les trois aurait pris trop de temps, dit-il. Ta bombe lacrymogène est prête?
-Oui, allons-y!
Ils devaient maintenant se rendre dans la salle du supercalculateur.
Et le rallumer.
Pour sauver ses amis.
Il l'espérait en tout cas.
*****
[i]-Et donc vous avez utilisé un... clone de William? pour pâlier à son absence.
-C'est exact. On savait que ça ne durerait pas éternellement, alors on a tout fait pour ramener le plus vite possible le vrai William. On avait vraiment peur qu'on apprenne notre secret.
-Mais finalement, on l'a appris. Mais si vous n'aviez pas fait autant de cachotteries, on aurait peut-être pu éviter tout ça !
-Et que croyez-vous? se mit à crier Jérémie. Que je suis heureux de tout ce qui s'est passé ?! Non, je ne le suis pas. Je me sens coupable à en vomir ! J'ai envie de m'arracher les cheveux, la peau... d'oublier tout ce qui s'est passé, de tout recommencer. J'ai peur de croiser ses enfants, parce que je sais que je ne pourrai pas supporter leurs regards accusateurs...
-Crois-moi Jérémie, tu n'es pas le seul fautif. Vous êtes TOUS fautifs. Vous avez chacun pris la responsabilité de vous engager dans cette affaire. Tes amis sont autant responsables que toi de ce qui s'est passé.
-Laissez-moi juste préciser une chose... Ni moi, ni mes amis, ne contrôlont qui XANA xanatifie.[/i]
******
-Ah !
Le policier eut à peine le temps de crier que Jérémie le baillôna. Il n'y avait rien de mieux que l'effet de surprise. Qui s'attendrait à ce que deux enfants jaillissent du plafond par le biais d'une corde ?
Ce policier eut le même sort que celui-dont-on-ne-connaît-pas-le-nom. Jérémie eut un temps d'arrêt face au revolver de l'homme qu'il voyait. Un instant, il eut l'impression d'être retourné en arrière, d'entendre à nouveau les coups de feu, les cris... De voir le sang qui jaillit...
-Jérémie?
Il sursauta, secoua la tête, puis regarda Laura.
-Tu veux le faire?
Voulait-il rallumer le supercalculateur ? Oui, il le fallait. Mais le toucher lui semblait soudain insurmontable.
-Fais-le, dit-il.
Laura prit sans tarder la manette, et l'actionna, ramenant à la vie le supercalculateur.
-Allez, pas un instant à perdre, dit-il.
Ils remontèrent immédiatement en salle des scanners, grâce au mécanisme qui leur avait permis de descendre, tandis que le policier gesticulait dans tous les sens, cherchant vainement à se détacher de ses liens.
*****
Les yeux d'Aelita s'ouvrirent brusquement. La jeune fille regarda tout autour d'elle. Elle semblait se réveiller d'un long sommeil. A ses côtés, Odd se redressait, hagard.
-Oulà, qu'est-ce qu'il s'est passé?
-Je ne me souviens de rien, balbutia Yumi qui peinait à se relever.
Ulrich ouvrit à son tour les yeux, puis se mit à froncer les sourcils, se demandant ce qu'il faisait sur Lyoko.
-Mais qu'est-ce qu'il s'est passé? demanda William, qui s'était "réveillé" aussi.
-Vous m'entendez?
-Jérémie? lança Odd.
-Dévirtualisez-vous un par un, vite ! pressa le jeune génie.
-Quoi? s'étonna Yumi.
-Ne discutez pas, et faîtes ce que je vous dis !
Les lyokoguerriers se regardèrent, puis haussèrent les épaules, acceptant l'ordre.
-Aelita, à toi l'honneur, déclara le félin virtuel.
Quelques flèches lasers, et la gardienne de Lyoko fut dévirtualisée. Quelques secondes plus tard, elle réapparut sur Terre.
-Monte au labo, Aelita, vite !
La jeune fille ne comprenait pas. Pourquoi autant d'empressement, de panique? Mais elle savait qu'elle aurait ses réponses après.
Les uns après les autres, ils revinrent sur Terre, par le biais du seul scanner disponible. Ce fut Yumi la suivante, puis Odd.
-Je vais te dévirtualiser, t'inquiètes pas, dit William sur un ton faussement sympathique.
-Oh mais non, je vais le faire, ne te donnes pas cette peine, assura Ulrich.
Ce fut Jérémie qui trancha. Il ramena d'abord William en tapant sur les touches du clavier, puis Ulrich.
Quelques instants plus tard, ils étaient tous au laboratoire.
-Euh, Laura? s'étonna Odd.
Ils n'eurent pas le temps d'expliquer quoique ce soit, le monte-charges venait d'être actionné.
-Oh non, j'ai complètement oublié de le bloquer. Vite, il faut fuir, cria Jérémie. Ne discutez pas, fuyez !
Mais pour Aelita, elle n'avait pas besoin de discuter. Elle venait de se souvenir. Sa mémoire revint lui rappeler avec force ce qu'elle avait oublié.
-Oh mon dieu... balbutia-t-elle. Peu à peu, chacun d'entre eux se souvint du désastre. Ils poussèrent des exclamations horrifiés.
Mais ils n'avaient plus le temps de s'apesantir; il fallait fuir.
*****
[i]-Et après, on sait tous ce qui s'est passé. Votre folie a conduit à la mort d'un homme.
-C'est aussi à cause de XANA qu'il est mort, dit Jérémie.
-Peut-être, mais c'est toi qui a rallumé le supercalculateur.
-Aelita a fait aussi vite qu'elle a pu. Et il ne restait plus qu'elle et Yumi qui soient capables de désactiver les tours.
La porte s'ouvrit soudain. C'était l'homme que Jérémie avait vu et qu'il soupçonnait qu'il travaillait pour Carthage.
-Je vais prendre la suite, M. Vian. Nous savons à présent tous ce que nous devions savoir.
-Vous êtes sûr? demanda Lucien.
-Parfaitement.
Et le regard de l'homme s'ancra dans celui de Jérémie. Ce dernier déglutit. Il savait ce qui l'attendait. [/i]
*****
Ils criaient.
Ils se trouvaient dans les égoûts, courant à en perdre haleine pour éviter les hommes de main de Tyron, ainsi que la police.
Et ils criaient parce que Jérémie n'était plus à leurs côtés, mais se trouvait bien plus loin, blessé à la tête, le corps à moitié plongé dans l'eau. En tentant de s'extirper de la poigne d'un homme de main de Tyron, il s'était cogné violemment contre une poutre, et avait glissé dans l'eau. Durement blessé à la tête, vomissant, il peinait à remonter sur la plateforme.
Laura, quant à elle, avait été attrapée par la police, mais elle avait crié, tentant de prévenir de la gravité de la situation:
-Ils sont tous en train de construire des supercalculateurs. Si ça continue, il va y avoir une guerre virtuelle.
Aelita, Yumi, Ulrich, Odd, et William continuèrent de courir. Se réfugiant derrière un mur le temps de souffler une seconde, ils cherchaient comment mettre fin à tout ça.
-On n'a plus qu'une solution. Empêcher que tout ça arrive. Vous avez entendu Laura, d'autres pays sont en train de créer des supercalculateurs. Et dans de mauvaises mains, ça peut devenir une arme redoutable. Il faut empêcher ça, dit Aelita.
-Et comment? demanda Odd.
-Revenir au moment où tout a commencé.
-Mais comment?
-On va utiliser toute l'énergie du supercalculateur, répondit Aelita.
-Et on va revenir au moment où le policier s'est fait tuer, c'est ça? insista Odd.
-Non, au moment [i]où tout a commencé[/i].
Ils savaient tous ce que cela signifiait. Aucun d'eux ne le voulait. Cela se voyait sur leurs visages fermés, tristes, résignés...
Mais ils n'avaient plus le choix. Tout cela les dépassait complètement.
Ils retournèrent tant bien que mal au laboratoire, perdant William au passage qui fut attrapé par un policier.
Une fois arrivés, Aelita bloqua le monte-charges, puis commença à entrer la procédure de retour dans le temps. Ulrich, Odd et Yumi l'entouraient, les yeux remplis de regrets. La gardienne de Lyoko détourna presque toute l'énergie du supercalculateur pour la mettre dans le programme du retour dans le passé.
-Ca y est... dit-elle.
Ils se regardèrent. Puis Aelita leur fit un sourire.
-Merci pour tout, dit-elle. Merci, vraiment.
Odd ne put retenir ses larmes, tandis qu'Ulrich pinçait les lèvres, tentant de contenir les siennes. Yumi, quant à elle, ne quittait pas du regard son amie.
-Ensemble? demanda la fille aux cheveux roses.
-Ensemble, promit Yumi.
Ils se rapprochèrent du pupitre. Et, d'un même mouvement, ils appuyèrent sur la touche Entrée. Puisant
quasiment toute l'énergie du supercalculateur, le retour dans le passé fut enclenché.
La lumière les engloba, et ils remontèrent le temps.
Ils remontèrent le moment où Nathan avait perdu la vie, le corps percé par des balles, ses yeux perdant le symbole de XANA à mesure que la vie le quittait; ils remontèrent les moments où ils avaient été confrontés à Tyron sur le Cortex; ils remontèrent l'instant où ils croyaient avoir vaincu XANA.
Tous ces moments pendant toutes ces années, toutes les attaques, tout les fous rires, toutes les sorties, leurs instants de complicité. Tout, tout...
Tout fut englouti par le retour dans le temps.
Tout fut remonté en un claquement de doigts.
Et, quand il rouvrit les yeux, Jérémie n'était plus en train de mourir, non, il se trouvait dans un corps plus jeune, à l'usine, au moment où il s'apprêtait à rallumer pour la première fois le supercalculateur.
Le moment où il allait rencontrer Aelita.
Il comprit immédiatement ce qui allait se passer. Il devait simplement attendre, attendre que ses amis arrivent. Il profita alors de ce temps pour aller chercher un objet dans l'usine. Il ne mit pas longtemps à trouver. Et, lorsqu'il revint, Ulrich, Odd et Yumi étaient présents. Il aurait aimé que William soit là aussi, mais son inscription au collège Kadic se produisit bien plus tard, et il savait bien qu'il ne pourrait pas venir ce soir.
-Vous êtes prêts? demanda Yumi.
-Non.
-Non.
-Non plus.
-Moi non plus, avoua Yumi.
Mais ils n'avaient pas le choix. Ils devaient le faire. Ce qui s'était passé, ce désastre, une apocalypse pour eux, pouvait à tout moment se reproduire s'ils ne faisaient rien.
-J'ai pris ce qu'il fallait, déclara Jérémie.
Dans sa main se trouvait une barre de fer.
-Qui commence? demanda Odd.
-Je vais le faire, répondit le jeune génie.
Ulrich ferma les yeux, le félin détourna le regard, tandis que Yumi tentait de garder son sang-froid.
Jérémie s'approcha du supercalculateur, prit de profondes inspirations, leva la barre bien haut...
Puis l'abaissa brutalement sur le supercalculateur.
-Pardon Aelita, sanglota-t-il.
Il tendit la barre de fer sur le côté, appel implicite pour dire "à votre tour". Yumi prit la décision d'être la deuxième. Attrapant d'une main tremblante l'objet, elle regarda le supercalculateur, puis frappa à son tour. Elle voulut arrêter de trembler, mais c'était impossible. Ce n'était pas uniquement le supercalculateur qu'elle frappait à cet instant précis, c'était aussi Aelita.
Elle frappait Aelita. Elle détruisait Aelita.
-Pardon...
Ulrich la prit en troisième. Il souleva la barre, mais n'arrivait pas à trouver le courage pour l'abaisser. Il resta dans cette position pendant quelques instants puis, poussant un cri de rage, il la cogna contre le supercalculateur, le détruisant encore un peu plus, faisant jaillir des bouts tout autour. Des composants commençaient à s'éparpiller sur le sol. Mais il ne fallait pas s'arrêter.
Ulrich se retourna, puis tendit la barre à Odd. Celui-ci lui jeta un regard presque implorant, mais il n'y avait pas de choix possible. Levant le bras, il attrapa avec une lenteur extrême l'objet puis s'approcha de ce qu'il fallait casser.
-Pardonne-moi Aelita, murmura-t-il.
Il ne voulait pas se laisser le temps de réfléchir, sinon il savait très bien qu'il partirait en courant d'ici. Alors il frappa, frappa, utilisant sa force pour abîmer le supercalculateur. D'autres bouts se mirent à voler tout autour.
Et ils continuèrent. L'un après l'autre, ils usèrent de la violence pour éradiquer l'objet de toute cette catastrophe.
Soudain, le monte-charges fut actionné. Se retournant brusquement, la bande se mit à paniquer. Mais, quand les portes s'ouvrirent, ils se rendirent compte que c'était William.
-Désolé du retard, lança-t-il sans grande conviction.
il vit la barre dans la main de Odd, puis s'approcha. Le félin la lui donna, et celui qui fut un jour xanatifié l'attrapa.
-Excuse-nous Aelita, mais on peut pas faire autrement, dit-il.
Et il frappa à son tour.
Ils ne surent pas combien de temps la destruction du supercalculateur dura. Mais ils savaient une
chose... leur douleur et leurs regrets dureraient longtemps.
Un à un, ils détruisaient le supercalculateur.
Ils détruisaient Lyoko.
Ils détruisaient Aelita.
Ce fut Jérémie qui porta le dernier coup. Et, rejoignant les débris de ce qui fut leur secret pendant si longtemps, de leur lien, de leur cause, la barre métallique retomba de ses mains, s'écrasant bruyamment sur le sol.
Jérémie se mit ensuite à pleurer, ne retenant ni ses larmes, ni ses cris.
Il n'avait même pas eu le temps de lui dire adieu.