Vivre Réellement N'Est Pas Une Question De Vie...
Note : Je viens de faire un petit one shot en attendant la suite de ma fic Rien Ne Peut Effacer L'Histoire. Comme d'habitude ne vous attendez pas à une fic classique avec introduction, action, conclusion, pour cela il y a beaucoup d'autres auteurs qui répondront à vos attentes, vous pouvez donc passer votre chemin. Ici je fais encore une introspection sur les sentiments d'un personnage, simplement car même si Ma Merveilleuse Aelita est la narratrice c'est mon point de vue qui est exprimé. Ma thèse est qu'être en vie ne signifie pas vivre ou exister, je décris donc comment j'en viens à penser de cela dans ce petit texte (qui a des effets thérapeutiques sur mon moral). Par contre je n'ai pas la prétention de dire la vérité ni l'ambition de me dire grand auteur, il se trouve juste que c'est ce que je pense et j'ai voulu le mettre par écrit et le faire partager.
Il y a près d'un an je pensais n'être qu'un simple programme et à présent je sais que je suis une véritable humaine, comme tout un chacun. Pourtant je le ressens d'une manière différente, peut-être que je me sentais davantage vivante quand je ne vivais pas. Voilà un sentiment aussi curieux qu'ironique, pour le comprendre il faut remonter à la vision que j'ai de l'existence.
Pour moi être vivant, c'est être reconnue en tant que tel aux yeux des autres ou au moins aux yeux de quelques privilégiés. Je me souviens de ma première conversation avec Jérémie, à cette époque je considérais que j'étais née ainsi, quand j'ignorais encore mes origines. Il m'appelait "Intelligence Artificielle" et je lui ai demandé de me trouver un autre nom car ce terme en plus d'être légèrement dévalorisant et peu flatteur ne représentait plus ce que j'étais. En réalité dès l'instant où nos regard se sont rencontrés, aux premiers mots que l'on a échangés j'ai su que je vivais simplement parce qu'il était là pour le constater. Tous les efforts qu'il a mis en œuvre pour me faire venir dans son monde n'ont fait que renforcer ce sentiment, toute cette attention portée à ma petite personne c'était ça qui faisait de moi un être vivant. En plus avec les nombreux échanges que nous avions tous deux, j'avais davantage d'éléments qui faisaient de moi quelqu'un de réel, un ami et la panoplie de sentiments qu'il me faisait découvrir. Même si je ne vivais pas concrètement je pouvais affirmer de vivre réellement, d'autant que cette vie était palpitante, je devais être enviée inconsciemment par des personnes qui elles sont bien réelles. Cette vie que j'appréciais, j'étais pourtant capable d'y renoncer pour sauver d'autres personnes, quelque chose au fond de moi m'a toujours interdit de trop lourdes conséquence pour les habitants de la Terre. Je savais que l'obstination de Jérémie à me faire venir dans son monde ne devrait jamais et en aucun cas nuire à qui que ce soit. Ce n'est pas parce que je n'étais pas humaine mais parce que j'ai su à quel point il est agréable de vivre et que je ne voulais priver personne de ce bonheur. Cela pourrait être une noble cause de s'oublier pour le bonheur des autres, de penser à eux avant moi et pourtant je n'ai toujours été qu'une égoïste dévouée au bonheur d'autrui. Pour être heureuse il faut que ceux qui m'entourent le soit également dans le cas contraire je fais mon maximum pour apporter joie et bonne humeur à toutes ces personnes. Tout simplement car dans ces conditions ils ont du temps à me consacrer, du temps à me faire exister simplement. C'est donc pour cela que j'ai compris le jour où Ulrich a préféré rester jouer un match de foot en présence de son père plutôt que venir nous aider à désactiver la tour. La vie a pu continuer pleinement et sereinement pour lui et par extension pour moi.
Depuis du chemin a été parcouru... Jérémie a réussi à me matérialiser, je me suis faîte passer pour une fille comme les autres ce qui n'a pas été si compliqué. Le plus dur aurait pu être face à l'administration mais grâce à Jérémie et quelques ruses face au système tout est rentré dans l'ordre. C'est assez ironique tout de même car certaines personnes n'existent absolument pas excepté pour l'administration car elles ont leur extrait de naissance, un numéro de sécurité sociale et même un compte en banque alors que ce ne sont que des fantômes crées par des organisations illégales dans le but de légaliser leurs biens. Alors que moi j'étais là, bien réelle en chair et en os, avec des amis, un amoureux, un ennemi qui souhaite ma mort, puis ma mémoire et encore ma mort, alors que j'étais simplement inexistante pour l'administration. A présent je suis même une humaine à part entière, sans ces soucis puisque j'ai un père, une mère et tous les éléments qui font de moi une habitante concrète et officielle de ce pays. Pourtant cette vie que l'on m'a donnée me rend bien moins vivante. Je suis devenue un individu parmi tant d'autres, bien sûr j'ai des amis avec qui discuter, avec qui je partage le quotidien mais je me suis également découverte une amie récurrente, la solitude. Cela me frappe bien plus que lorsque j'étais seule sur Lyoko, simplement parce que là il n'y avait aucune alternative, j'étais une solitaire forcée mais qui ne luttait pas contre cet état de fait. Il est vrai que sur Terre, je ne suis pas seule en permanence mais des instants, même minimes, cumulés au fil du temps, font que je suis autant seule qu'entourée donc je ne vis réellement que la moitié du temps. Et pour cela, il en faut bien peu, une conversation à laquelle je ne prends pas part, un silence de timidité, la peur de déranger quand je veux entamer une conversation, les moments où je suis obligatoirement seule comme le soir dans ma chambre... Et je préfère me taire là-dessus, me disant que ça n'en vaut pas la peine et que cela va passer, alors je ne fais jamais part de mes tourments, je les garde pour moi et je m'emprisonne dans mon silence. Alors je vis de moins en moins en m'enchaînant moi-même dans des oubliettes faisant de ma personne un être invisible aux yeux d'autrui, inexistante. J'ai simplement besoin du bonheur des autres alors quand je ne peux rien faire j'attends simplement que les choses reprennent leurs cours où que l'on ai besoin de moi, ce qui est une solution qui m'enchante beaucoup non pas pour le fait de rendre service, mais parce que je suis nécessaire. La situation change donc, Jérémie nous informe d'une nouvelle attaque de X.A.N.A., Odd m'exhibe ses talents de comiques, Ulrich souhaite de l'aide en physique, Yumi veut papoter "entre filles"... La vie reprend toujours son cours, ce qui est normal, elle ne peut pas s'arrêter à nouveau si elle n'est pas repartie. La pire chose au monde n'existe pas, ne pas exister est la pire chose au monde, on n'a rien à perdre si l'on a rien, on ne peut que remplir ce vide.
Au final, je comprends que mon pire ennemi, celui qui a tant de fois tenté de me détruire, est celui qui me ressuscite. Sans X.A.N.A. pour attaquer peut-être que je deviendrais trop invisible pour être encore considérée en vie. Mes amis seraient toujours là un temps, c'est certain, mais qui sait si au bout d'un moment ils ne vont pas se lasser et avoir envie d'explorer d'autres horizons, me laissant seule avec moi-même. On ignore la mort de nombreuses personnes qui sont seules au monde, simplement parce que personne n'est là pour les faire exister ou remarquer leur absence, ce n'est qu'au bout de plusieurs mois que l'odeur de leur corps en putréfaction rappelle leur bon souvenir. C'est terrible à dire mais elles vivaient encore ou n'existaient simplement pas, jusqu'à ce que quelqu'un exaspéré par la puanteur de la mort ne découvre l'exacte réalité. Au fond, ce sont les autres qui maîtrisent notre existence ou à l'inverse notre non-existence, vivre réellement n'est pas une question de vie.