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  Un amour naissant par la mort
Écrite par Crapule07 le 14/08/2008 à 14h46
Note : 13,0/20 Catégorie : Amour
Lue 9934 fois Fanfiction basé sur le couple Odd/Aelita. Sinon, lisez et vous verrez bien ! ;)
 
 

 
 

 

Un amour naissant par la mort

 

 

La fin de l’année approchait et XANA faisait toujours des siennes. Jeremy et Aelita était passé en seconde largement, Yumi, elle, était passé en première presque de justesse. ( à cause des attaques de Xana, elle n’avait pas beaucoup travailler cette année ) Quant a Odd et Ulrich, ils étaient passé de justesse, mais était passé quand même. Enfin bon, donc je disais que c’était bientôt la fin de l’année, et avec elle le bal de fin année tant attendu par certains élèves.

Mais pour d’autres…

 

Nos cinq compères étaient au réfectoire. Mais, Odd ne touchait pas à son assiette.

Yumi lui demanda :

« Odd, t’es malade ?

- Non, non, seulement que je suis sorti avec toutes les filles de 3ème et donc je n’ai pas de cavalière pour le bal, ça me coupe l’appétit, répondit le jeune garçon blond.

- Bah, t’as plus qu’à faire les autres niveaux ! » Dit son compagnon de chambres.

Un petit rire général suivit cette réplique, tout en essayant de ne pas vexer Odd qui, malgré sa bonne humeur et son humour incontournable, pouvait se vexer de temps en temps. Et c’était le moment idéal, car la réplique de Ulrich ne semblait pas le faire rire.

« Je rigole pas, le bal est dans moins de trois jours et personne n’accepte d’y aller avec moi, répondit Odd.

- Et bin, ça va vraiment pas, Odd, déjà, tu manges pas, et puis maintenant t’as perdu ton sens de l’humour, s’exclama Jeremy, compatissant.

- Je te le fais pas dire… répondit le pauvre Odd.   

- Tu sais, Odd, je disais pas ça pour rire, moi, dit Ulrich.

- Off, c’est facile à dire pour toi, t’as pas à te creuser la tête pour savoir avec qui tu vas aller au bal, t’iras avec Yumi, » répondit Odd, d’une façon tout à fait relâché.

Ulrich et Yumi rougirent.

«  Euh…mais…euh…j’ai pas dit…enfin…c’est vrai que…mais…euh…Yumi…euh… bafouilla Ulrich.

- Vous y allez pas ensemble ? demanda Odd

- Bin, en fait, on en n’a jamais parlé…Dit Yumi

- Bon, bah, tant mieux, au moins, je suis pas le seul à n’avoir personne pour le bal, Dit Odd

- Vous inquiétez pas, Aelita et moi, avec tous le boulot qu’on a avec XANA, on va sûrement pas y aller non plus, répondit Jeremy

- J’ai jamais dit que j’irais pas, il me manque seulement une cavalière, dit Odd

- Mais, Jeremy, euh…on pourrait peut-être s’accorder une journée de repos, tu crois pas ? demanda Aelita d’une petite voix.

- Eh bien, euh… c’était pas dans mes projets, mais si y’a rien de très urgent, genre attaque de XANA, pourquoi pas, répondit Jeremy.

- Surtout que tu pourrais peut-être mixer là-bas, lança Ulrich.

- Oui, j’espère, répondit Aelita.

- Y’en a au moins deux qui se sont arrangés, bon, il me reste trois jours avant le bal, alors je vais partir à la recherche de la fille idéale ! » s’écria Odd, en se levant.

Et il partit en direction de la cour.

Quelques heures plus tard, Aelita et Jeremy étaient partis à l’usine pour continuer leurs recherches sur les derniers réplikas. Ulrich et Yumi étaient seuls, assis sur un banc, silencieux. Ulrich s’empressa de rompre ce silence qui commençait à devenir vraiment pesant.

« Euh…Yumi…tu sais…euh…Odd…avait, enfin…euh… ça te plairait de venir au bal de fin d’année avec moi ? demanda Ulrich.

- Euh… eh ben... je sais pas trop…euh…ouais, ça me plairait, » répondit Yumi.

Ulrich lui sourit et Yumi le lui rendit.

 

Le samedi du bal, à 8h du matin.

«  Oh, non, c’est pas vrai ! »

C’était Jeremy qui venait de prononcer ces mots. Aelita qui passait devant la chambre de Jeremy entra pour voir quel était le problème.  

 «  Qu’y a-t-il, Jeremy ? » demanda-t-elle.

 

Pendant ce temps, Ulrich et Yumi rejoignirent Odd qui mangeait au réfectoire.

«  Alors, t’as retrouvé ton appétit légendaire ? Demanda Ulrich.

- Je me suis dit que ça valait pas le coup de se priver de l’essentiel dans la vie seulement à cause d’une histoire de bal, répondit Odd.

- Mais, t’as toujours trouvé personne ? Demanda Yumi.

- Non, mais c’est pas grave, je trouverai bien une âme isolée au moment du bal ! S’écria Odd.

- Au fait, tu sais où sont nos deux Einstein ? Demanda Ulrich.

- Sûrement  en train de travailler pour améliorer je sais pas quoi,» répondit Odd.

Yumi et Ulrich sourirent après cette réflexion.

Aelita arriva quelques minutes après, elle s’assit à côté de Odd, sans leur adresser une seule parole.

« Ca va, Princesse ? Demanda Odd.

- Oui, répondit sèchement Aelita.

- T’es sûre ? » Demanda Yumi.

Aelita soupira.

« C’est à cause de Jeremy, XANA a effacé le programme qu’on venait de lancer pour améliorer le Skid, et Jeremy veut absolument tout de suite le relancer, mais ça va prendre beaucoup de temps, et donc il veut pas aller au bal, ce soir, répondit Aelita.

- C’est si urgent que ça ? demanda Ulrich.

- Je crois que oui, car ça a affecté le bouclier du Skid et si William essaye de le détruire maintenant, c’est fichu pour lui, et même avant qu’on s’en rende compte, répondit Aelita. Et puis, de toute façon, même si ça l’était pas, il trouverai le moyen de me dire qu’on a mieux à faire que d’aller à ce bal. Pour lui, c’est une perte de temps, mais moi, j’aimerais beaucoup y aller, mais je ne peux pas laisser Jeremy tout seul pour s’occuper de tout ça. »

Ses trois amis restèrent silencieux, compatissants.

Soudain, ils remarquèrent la présence de Jeremy juste devant eux. Celui-ci s’excusa auprès d’Aelita :

«  Je suis désolé, Aelita, je sais bien que tu veux y aller, à ce bal. Mais, moi, je ne pourrais pas t’accompagner, il faut absolument que je répare ce programme, et tu sais bien que ça ne peut pas attendre.

- Oui, mais…répondit Aelita, je ne peux pas y aller toute seule !

- Peut-être que si tu te proposes pour mixer, tu pourras y aller seule, et puis pour le temps où tu ne seras pas sur scène en train de mixer, tu seras avec Odd, Ulrich et Yumi, répondit Jeremy.

- Mais, j’aurais aimé que tu sois là, juste pour m’écouter mixer, répondit Aelita.

- Ca sera pour une autre fois, il faut absolument que je répare ce programme,» répondit Jeremy.

Il sortit ensuite du réfectoire.

Aelita resta interdite et regarda son assiette, qu’elle n’avait même pas encore commencé, désespérément. Les autres n’osèrent pas dire un mot, de peur de la blesser encore plus qu’elle ne l’était déjà. Soudain, Sissi arriva devant les quatre lyoko guerriers. Odd l’interpella avant même qu’elle n’est pu dire un mot.

«  Alors, Sissi, tu t’es enfin fait greffé un deuxième neurone ? Demanda-t-il.

- Silence, crétin, et si j’étais toi, j’éviterais de la ramener, parce qu’il paraît qu’aucune

fille ne veut aller au bal avec toi, répondit Sissi

- C’est pas vrai, j’ai une cavalière pour ce soir, se défendit Odd.

- Ah oui ? eh bien, c’est ce qu’on verra », répondit Sissi.

 Et elle partit en ricanant avec ses deux pot de colle, Hervé et Nicolas.

«  Oh non, comment je vais faire maintenant ? se demanda Odd.

- Tu vas pas me dire que tu t’inquiètes à cause de Sissi ! s’écria Ulrich.

- Tu comprends pas Ulrich, si je vais à ce bal sans cavalière, maintenant que j’ai dit à Sissi que j’en avais une, je vais vraiment me taper la honte ! se lamenta Odd.

- Bah, t’as encore jusqu’à ce soir pour trouver une fille qui veuille bien t’accompagner, répondit Yumi.

- Ouais, du gâteau, » ironisa désespérément Odd.

 

Quelques heures après, Odd n’avait toujours pas de cavalière et errait dans la cour du collège.

Ulrich, voyant Aelita assise sur un banc, l’air pensif et triste, alla la voir.

« Ca va pas ? Lui demanda-t-il.

- Si, si, mais, je ferais peut-être mieux d’aller aider Jeremy, répondit Aelita.

- T’inquiètes pas, Jeremy, il se débrouille très bien tout seul, il faut pas que tu culpabilises parce que tu as envie d’aller à ce bal, la rassura Ulrich.

- De toute façon, je pourrai pas y aller, répondit Aelita.

- Bah, pourquoi ? Demanda Ulrich.

- J’ai demandé à Jim, même si je viens juste pour mixer, il faut que j’ai un cavalier, » répondit Aelita. 

Odd s’approcha juste à ce  moment là.

« Alors, Odd, t’as trouvé l’amour de ta vie ? demanda Ulrich.

- Très drôle, non, malheureusement, toutes les filles ont déjà quelqu’un, » répondit Odd.

Odd s’assit à côté de Ulrich et Aelita. Ulrich s’adressa à Aelita :

« Tu veux bien y aller à ce bal, il te  manque juste un cavalier ?

- Bin, oui, » répondit Aelita. 

Cette fois, il s’adressa à Odd :

« Et toi, Odd, tu cherches une cavalière ?

- T’avais pas encore remarqué ? eh bin, dis dont…répondit Odd.

- J’ai une solution à vos problèmes ! » déclama Ulrich, triomphant. 

Ses deux amis le regardèrent sans comprendre.

«  Vous allez tous les deux au bal ! » Répondit Ulrich.

Odd et Aelita regardèrent Ulrich pendant une seconde.

«  C’est pas une bonne idée ? demanda Ulrich.

- Eh bin, je sais pas, ça dépend d’Aelita, répondit Odd.

- Bin, moi euh… ça m’était jamais venu à l’idée, mais, moi, je veux bien, répondit Aelita.

- Bah, moi aussi, après tout, t’es sensée être  ma cousine, » répondit Odd.

Aelita lui sourit.

«  Et puis, on le dira pas à Jeremy, » dit Ulrich.

Aelita rougit légèrement.

«  Bon, je vous laisse, » dit Ulrich.

 

 

A l’entrée du gymnase, au moment du bal, Ulrich attendait Yumi et Odd le rejoignit.

«  Dis, Odd, t’as pas vu Yumi ? Demanda Ulrich.

- Non, mais elle va sûrement pas tarder, » répondit Odd.

Juste à ce moment, Yumi arriva devant les yeux des deux garçons. Elle était vêtue d’une robe noire qui lui descendait presque  jusqu’aux genoux, les manches arrivait jusqu’aux coudes et était nouées de petits lacets qui lui tombait sur les avant-bras. Sa robe avait un léger décolleté  qui laissait apparaître un petit collier de perles qui brillait. Ses cheveux étaient noués comme sur Lyoko (avec les anciens équipements). Ses chaussures étaient noires et s’accordaient parfaitement avec sa robe. 

«  Salut les garçons ! » Salua Yumi.

Les deux garçons le lui rendirent. Mais Ulrich avec un peu de retard.

« Odd, tu t’es trouvé une cavalière, finalement ? Demanda Yumi.

- Oui, répondit Odd sans plus d’explication.

- Bon, bah, on se retrouve à l’intérieur, répondit Yumi, puis s’adressant à Ulrich, tu viens Ulrich ! »

Et elle l’entraîna à l’intérieur.

« Alors, Odd, elle est où ta « cavalière » ? Demanda Sissi suivie de quelques filles.

- Elle va arriver, répondit Odd.

- Ah ouais ? Eh bin, j’ai hâte de voir ça ! » Ricana Sissi.

Aelita arriva devant ce petit groupe. Elle était habillée d’une robe toute rose, avec une ceinture un peu plus foncée. Sa robe n’avait pas de manches et lui descendait jusqu’aux genoux. Ses bottes étaient d’un rose éclatant et avait une petite ligne brillante au milieu.

Elle avait un collier, avec une pierre très pâle.

« Mme Einstein s’est faite belle aujourd’hui, c’est bien dommage, j’ai appris que Jeremy ne viendrai pas ! Ricana Sissi.

-Mais, elle le sait, ce n’est pas avec Jeremy, qu’elle veut aller au bal, c’est avec moi, répondit Odd. Si vous voulez bien me faire l’honneur, Princesse. »

Aelita lui sourit et le précéda. Ils entrèrent dans la salle. La fête battait déjà son plein.

«  Y’a de l’ambiance ! S’écria Odd.

- Qu’est-ce que tu dis ? Demanda Aelita assez fort pour que Odd l’entende.

- Je disais qu’il y avait de l’ambiance ! » Cria Odd.

Aelita lui répondit avec un signe de tête et un sourire. Les deux adolescents essayèrent de se frayer un chemin entre les élèves pour retrouver Ulrich et Yumi. Quelques minutes après, ils les trouvèrent enfin.

«  Salut ! Aelita, tu vas leur proposer de faire la musique ? Demanda Yumi.

- Oui, je pense, » répondit Aelita.

Et elle partit en direction de la scène.

«  Odd, c’est avec Aelita que tu es venu à ce bal ? Demanda Yumi.

- Oui, c’est Ulrich qui en a eu l’idée, mais je suis pas très à l’aise, répondit Odd.

- Bah, pourquoi ? » Demanda Ulrich.

Odd haussa les épaules, ce qui voulait dire «  Laisse-moi tranquille  ».

Une ou deux heures après, Aelita redescendit de la scène et chercha ses amis dans la foule. Elle trouva Yumi et s’approcha d’elle.

«  Je me suis bien débrouillée ? Demanda-t-elle.

- Ouais, super !Lui répondit Yumi.

- Ils sont où, les garçons ? Demanda Aelita.

- Ils sont au buffet, tu connais Odd, un vrai ventre à pattes, » répondit Yumi.

Aelita sourit après la réflexion de Yumi.

« On va les rejoindre ? demanda Yumi.

- Ouais, » répondit Aelita.

Elles arrivèrent à côté d’eux.

« Alors, c’est bon ? Demanda Yumi à Odd qui était en train de se goinfrer.

- Ouais, super, » répondit Odd.

Soudain, le téléphone d’Ulrich sonna. C’était Jeremy.

« Vite, Ulrich, XANA vient de lancer une attaque, rappliquez tout de suite à l’usine.

- OK, on arrive, » répondit Ulrich.

 

 

Ulrich raccrocha son téléphone et ils foncèrent tout les quatre à l’usine, puis dans la salle des scanners. 

« Transfert Yumi, transfert Aelita, scanner Yumi, scanner Aelita, virtualisation ! Dit Jeremy. Transfert Odd, transfert Ulrich, scanner Odd, scanner Ulrich, virtualisation! „

Ils arrivèrent sur Lyoko, sur le territoire des montagnes.

« Jeremy, tu as eu le temps de réparer le programme? Demanda timidement Aelita. 

- Presque, je vais continuer pendant que vous désactivez la tour, je vous envoie vos bécanes, » répondit Jeremy.

Les quatre Lyoko guerriers montèrent sur leurs véhicules et roulèrent en direction de la tour activée.

Soudain, deux tarentules, deux krabes et deux mantas dont une montée par William surgirent. Yumi lança son éventail qui détruisit la première tarentule. Ulrich bondit de son overbike, qui détruisit le premier Krabe, et atterrit sur le deuxième Krabe qu’il fit exploser en vitesse.

«  Wahou ! Bravo, Ulrich ! » S’écria Yumi.

Juste à ce moment là, William lança un jet de son épée sur Yumi, elle tomba de son overwing. Odd détruisit la manta sur laquelle William était. Celui-ci sauta avant qu’elle n’explose et atterrit à côté de Yumi. Il s’empressa de la dévirtualiser cruellement et lâchement comme à son habitude. Puis, il leva les yeux. Aelita volait au-dessus de la tarentule tout en essayant d’éviter ses tirs. Elle lança un champ de force qui fit exploser le monstre. William fit tomber Aelita avec son épée. Il la prit dans sa fumée et la projeta contre un rocher. Il sourit cruellement et saisit Aelita pour la faire basculer dans la mer numérique. Aelita poussa un cri. Odd la rattrapa de justesse avant qu’elle ne chute dans la mer numérique.

« Alors, Princesse. On nous quitte déjà ? » Lui demanda Odd.

Aelita lui répondit par un sourire. Il la ramena sur la terre ferme. William était toujours là et n’aimait pas du tout que l’on fasse échouer ce qu’il entreprenait. Il propulsa Odd jusqu’au bout du plateau et celui-ci commença sa chute vertigineuse jusque dans la mer numérique.

«  ODD !! » Cria Aelita.

Elle s’envola pour lancer un champ de force sur Odd au cas où Jeremy n’est pas le temps de le rematérialiser, mais elle ne fut pas assez rapide.

« Jeremy, t’as eu le temps de le rematérialiser ? » Demanda Ulrich.

Jeremy s’apprêta à répondre mais Aelita le devança.

«  Non, il est tombé, » répondit-elle tristement.

Il y eu un silence de mort. William en profita pour emprisonner de nouveau Aelita dans sa fumée, elle ne trouvait pas le courage de résister. Mais Ulrich réagit rapidement et dévirtualisa William. Aelita tomba à terre. Ulrich l’aida à se relever.

«  Allez, Princesse, il faut désactiver la tour, » dit Ulrich.

Le mot que Ulrich venait de prononcer, « Princesse », lui fendait le cœur, Odd l’avait tant utilisé et maintenant, ça ne serait plus possible. Si elle avait été sur Terre, elle aurait eu du mal à ravaler ses larmes. Mais ici, sur Lyoko, elle ne pouvait que pleurer de l’intérieur. Elle se dirigea lentement vers la tour en pensant malgré elle à Odd, à tous les moments qu’ils avaient passé ensemble, tous les cinq, et même ceux qu’elle avait passé avec Odd seulement, elle pensait au désespoir que pouvait éprouver ses trois autres amis, s’il était le même que pour elle. Elle entra dans la tour, s’éleva sur l’autre plate-forme et entra le code lyoko.

«  Tour désactivée » dit-elle.

Elle arriva dans la salle des scanners, Ulrich y était aussi et ils montèrent à l’étage supérieur où Yumi et Jeremy les attendait. Une fois arrivé en haut, aucun des quatre amis ne voulut rompre ce silence qui régnait. Mais, quelques  minutes  après, Yumi se décida à le briser.

«  Et y’a vraiment rien à faire pour le ramener ? demanda-t-elle.

- Non, pas à ma connaissance, répondit Jeremy. Mais, je vais chercher quand même cette nuit, de toute façon je n’avais pas fini de réparer le programme.

- Tu veux que je reste avec toi ? Demanda Aelita d’une voix chevrotante qui l’étonna elle-même.

- Non, ne t’inquiète pas, Aelita, je me débrouillerais seul, tu as l’air épuisé, » répondit Jeremy.

En temps normal, elle aurait plus insisté, mais là, elle se sentait trop mal pour ça.

«  Bon, bah, alors, à demain, Jeremy, dit Aelita.

- Oui, à demain, » lui répondit-il.

Les trois Lyoko guerriers sortirent de l’usine sans dire un mot.

« Ca ne sera plus jamais pareil, sans Odd, plus de blagues foireuses, plus de vannes à deux balles, finalement, je pense que ça va me  manquer, » dit Ulrich, mélancoliquement.

Aelita sentit les larmes lui monter dans les yeux.

Yumi se dirigea vers sa maison, après avoir adressé un petit salut de la main à ses deux amis.

Aelita et Ulrich allèrent au collège où la fête venait de se terminer, ils rentrèrent donc dans les dortoirs avec tous les élèves comme s’ils en venaient. Les collégiens riaient et se parlaient mais Aelita et Ulrich n’avait pas le cœur à rire. Ils se perdirent de vue après un bref «  bonne nuit » lorsque les garçons s’arrêtèrent au premier étage, et que les filles montaient au deuxième. Aelita entra dans sa chambre et s’assit sur son lit, elle s’essuya une larme de façon machinal et soupira à fendre l’âme. Elle ne comprenait pas la tristesse qu’elle ressentait, elle ne pensait pas tenir tant à Odd. Après tout, il avait eu beaucoup de défauts, il avait été égoïste, lâche, irresponsable, parfois blessant, mais il avait été son ami. Et puis, il avait eu des qualités aussi, il avait été drôle, protecteur et il n’avait pas hésité à la consoler à plusieurs reprises lorsqu’elle n’allait pas bien. Elle l’avait toujours vu comme un frère. Mais maintenant, alors qu’il était dans la mer numérique, virtualisé à jamais, il lui manquait énormément, elle n’aurait jamais cru qu’Odd puisse lui manquer à ce point. Et elle se sentait tellement coupable, il ne serait pas tombé si elle avait été plus rapide, elle savait bien que pour rematérialiser quelqu’un, Jeremy avait besoin d’au moins une minute. Elle s’en voulait terriblement mais c’était trop tard, ils ne pourraient plus le récupérer. Et maintenant, elle avait l’impression qu’une énorme masse s’était abattu sur son cœur et que jamais il ne pourrait s’en remettre. Elle ne comprenait pas, elle savait bien qu’au fond d’elle-même, elle aimait Jeremy, ça devrait être pour lui que son cœur se briserait, mais là, non. C’était Odd qui n’était plus là et c’était lui qui la faisait souffrir. Serait-ce parce qu’elle l’aimait comme un frère ? Elle se souvenait à présent de ce qu’elle avait ressenti lorsque sa mère avait été enlevé. Elle avait pleuré toutes les larmes de son corps et rien n’avait pu la consoler. Là, non plus, rien ne pouvait la consoler, mais elle avait l’impression que c’était différent. Elle n’aimait pas de la même façon sa mère et Odd, c ‘était évident, puisque que Odd était un ami alors que sa mère c’était…bah…sa mère. Mais, justement, qu’était donc Odd pour elle ? Un simple ami, un frère ou…elle ne  savait pas. La dernière de ses propositions, elle n’osait pas l’avouer, mais s’en était une pourtant. Cette perspective n’était pas loin de l’effrayer, mais elle l’intriguait aussi. Malgré le fait qu’elle avait maintenant bien conscience de la vie, certains de ses sentiments n’était pas bien clairs dans sa tête. L’amour en faisait partie. Elle n’était pas sûre de savoir le reconnaître dans son esprit et dans son cœur. Elle avait toujours eu de l’affection pour Jeremy, et avait cru très innocemment que c’était sans doute de l’amour, mais en était-ce vraiment ? Elle n’en était plus sûre maintenant. Elle ne savait plus quoi penser, entre ce désespoir qui la tenaillait, entre le doute qu’elle ressentait sur l’amour qu’elle éprouvait pour Jeremy et entre le fait qu’elle puisse être amoureuse de Odd. Il faudrait qu’elle en parle à  quelqu’un. Quelqu’un qui la comprenne sur ces trois points. Yumi, peut-être, elle connaît bien Jeremy et Odd et doit être affecté par sa disparition. Elle décida de lui en parler dès le lendemain. Elle alla se doucher puis repartit vers sa chambre et tenta de dormir. Quelques heures après, elle ne parvenait toujours pas à dormir et eut soudain envie d’appeler Yumi pour lui parler tout de suite. Elle revint sur sa décision, Yumi devait sûrement dormir, il ne faudrait pas qu’elle la réveille. Mais juste à ce moment là, comme si Yumi avait entendu ses pensées, son téléphone sonna.

«  Allô, Yumi, c’est toi ? Demanda Aelita.

- Oui, je voulais t’appeler, parce que tout à l’heure, tu n’avais pas l’air d’aller bien, répondit Yumi.

- En pleine nuit ? Demanda Aelita.

- Bah, oui…répondit Yumi.

- En fait, ça tombe bien, parce que je voulais te parler justement, tu as raison, je vais…pas très bien, on va dire, dit Aelita.

- Ah, bon, bah, attend-moi, j’arrive, ça sera plus pratique de vive-voix et ça fera pas monter nos factures de téléphone ! répondit Yumi.

- OK, » répondit Aelita en essayant de rire un peu.

Les deux jeunes filles raccrochèrent leurs téléphones. Yumi arriva devant la porte de la chambre d’Aelita quelques minutes après. Elle frappa. Elle entendit un petit « oui » discret. Elle entra.

«  Alors, ça va pas, Aelita ? Demanda Yumi.

- Non, pas vraiment, répondit Aelita.

- Bah, c’est un peu normal, on vient de perdre Odd, moi non plus je vais pas bien, la rassura Yumi.

- Oui, mais, j’ai vraiment l’impression que mon cœur s’est brisé en milles morceaux, je ne pensais pas tenir tant à Odd, répondit Aelita.

- Ah. Mais qu’est-ce que tu veux dire exactement ? Demanda Yumi.

- Je ne suis plus sûre de mes sentiments, je…enfin… j’ai toujours cru que…ce que j’éprouvait pour Jeremy, c’était…de l’amour, mais… maintenant… je n’en suis plus sûre, répondit Aelita.

- Tu crois que tu n’es plus amoureuse de Jeremy ?

- Je ne sais pas si je l’ai été, un jour. Je pensais que tu pourrais me comprendre mais après tout, toi, tu es toujours amoureuse d’Ulrich. »

Yumi rougit énormément mais Aelita ne s’en rendit pas compte, elle était toujours plongée dans ses pensées.

« Euh…Ulrich et moi…c’est…copains et puis c’est tout… je ne suis pas amoureuse de lui. »

Aelita se rendit compte qu’elle avait mis son amie dans l’embarras, elle ne put s’empêcher de sourire.

« Je suis désolée, Yumi, répondit Aelita de façon enjouée. Mais, justement, si tu n’est pas amoureuse d’Ulrich…

- Je suis pas venue te voir pour qu’on parle d’Ulrich, la coupa Yumi.

- Je te remercie de vouloir me consoler, Yumi. Je t’en suis reconnaissante, » répondit Aelita.

Yumi lui sourit et l’encouragea à continuer de lui parler.

« Et bien, je te l’ai dit, je ne sais pas si j’aime Jeremy autant que je le croyait, répondit Aelita. Je n’aurais jamais pensé que je serai aussi…malheureuse après la perte de Odd. J’ai toujours pensé que mon cœur ne pourrait se briser que s’il arrivait quelque chose à Jeremy, mais pas à Odd. Mais, je peux te poser une question, Yumi ?

- Oui, si tu veux, répondit Yumi.

- Qu’est-ce que tu ressentirais si c’était Ulrich, là, qui était à la place de Odd ? Demanda Aelita.

- Oh, non, Aelita, on a dit qu’on parlait plus d’Ulrich !  répliqua Yumi.

- S’il te plaît, Yumi. Je sais bien que tu aimes, au moins un petit peu, Ulrich, tu ne peux pas le nier. Et j’ai vraiment besoin de savoir, » supplia Aelita.

Yumi réfléchit quelques secondes.

« Ouais, bon d’accord, bah, je sais pas trop, en fait. Euh…je serais triste, ça c’est sûr, mais…j’y ai jamais pensé, en fait, répondit Yumi.

- Mais, triste comment ? Il suffit juste de te souvenir de comment tu as réagi le jour où Ulrich c’était séparé de son corps, demanda Aelita plus directement qu’elle n’aurait penser pouvoir le faire.

- Bah, euh…j’en voulais à Jeremy. Je…j’avais l’impression de ne plus pouvoir vivre vraiment, que ça ne serait plus jamais pareil, » répondit Yumi.

Elle s’arrêta une seconde, ce souvenir la faisait souffrir et elle n’aimait pas en parler.

Aelita s’en voulut de l’avoir rendue triste.

«  Excuse-moi, Yumi, je voulais pas te blesser, répondit Aelita de façon compatissante.

- Oh, c’est pas grave, maintenant on est deux à aller très mal, » répondit Yumi.

Yumi avait raison, elles étaient malheureuses, toutes les deux. Yumi, à cause du souvenir que Aelita avait faire resurgir dans son esprit et Aelita, à cause de…Odd. Yumi avait été exactement dans le même désarroi que Aelita devait endurer maintenant. C’était pareil. Et cela voulait tout dire. Aelita disait à Yumi de ne pas nier ses sentiments, mais elle, n’était-ce pas ce qu’elle faisait depuis longtemps ? Elle se cachait derrière l’amour qu’elle croyait avoir pour Jeremy. Mais…en réalité…. N’était-ce pas Odd qu’elle aimait ? Dans son inconscient, elle l’avait toujours su, mais n’avait jamais osé se l’avouer. Elle se rendait à l’évidence, elle aimait Odd. Mais, c’était trop tard, maintenant, elle n’aurait plus jamais l’occasion de lui parler et de…lui révéler… ce qu’elle avait découvert en elle. Mais ce n’était pas son seul problème : elle s’en voulait vis à vis de Jeremy. Elle n’était pas sûre que Jeremy était amoureux d’elle parce qu’il ne lui avait jamais dit en face, mais…elle avait beaucoup d’exemples qui le disaient. Elle avait l’impression de le trahir, elle lui avait toujours montré de l’affection et avait essayé de faire en sorte qu’il s’en aperçoive pour…qu’un jour… il lui dise vraiment ce qu’elle avait voulu entendre. Mais, maintenant, ce qu’elle voulait entendre, ce n’était plus pareil. Elle n’oserait jamais lui dire ce qu’elle pensait vraiment, l’amour qu’elle n’éprouvait pas pour lui. Cela lui ferait trop de mal, et elle ne voulait pas qu’une personne de plus souffre peut-être même plus qu’elle ne souffrait elle-même. C’était un véritable dilemme, elle était coincé entre l’amitié qui s’était transformé en amour pour Odd et entre l’amour qui s’était changé en amitié pour Jeremy. Elle doutait même d’avoir le courage de l’expliquer à Yumi. Surtout maintenant…Yumi n’était pas en état d’écouter quelqu’un se plaindre, mais pourtant, elle avait besoin d’en parler…Mais à qui ? Yumi aurait été la personne idéale…

« Yumi, tu sais, si tu veux repartir chez toi, je comprendrais, je… t’ai rendue triste et tu as sans doute besoin d’être seule, dit Aelita.

- Non, on est toujours mieux avec de la compagnie, et toi aussi t’es malheureuse, tu as besoin de me parler, et puis c’est plus récent que moi, moi ça passera tout seul, » répondit Yumi en s’essuyant une larme qui venait de lui rouler sur la joue.

Aelita lui sourit, c’était vraiment une amie sur qui elle pouvait compter.

« Merci, Yumi, dit-elle. Je te le revaudrais, un jour.

- De rien, Aelita, mais je sais bien que tu me le rendras, mais vas-y, parle-moi, répondit Yumi très sereinement.

- Bon, d’accord, euh…je…je ne sais pas quoi faire, » dit Aelita.

Yumi leva un sourcil sans réellement comprendre.

« Je crois que je n’aime pas Jeremy, dit Aelita en baissant la tête pour cacher ses larmes.

Et, par contre, je crois que je suis tombée amoureuse de Odd.

- Ah, et comment t’en es sûre ? Demanda Yumi.

- La…euh…virtualisation définitive de Odd m’a fait réfléchir, expliqua Aelita. Et je me suis demandé pourquoi j’éprouvait tant de désespoir et de tristesse, d’accord, c’était mon ami, mais…je ne saurais pas l’expliquer mais…j’ai découvert que dans mon subconscient, j’avais toujours aimé Odd, mais sans m’en rendre compte ou bien peut-être… sans oser me l’avouer. Enfin bref, ce que je sais, c’est que je suis amoureuse de Odd, et que…je ne crois pas l’être de Jeremy. Mais bon, maintenant, ça n’a plus tellement d’importance, Odd, nous l’avons perdu, et moi, je m’en veux pour Jeremy. »

Yumi n’eut pas l’impression de comprendre. Comment pouvait-on croire  aimer quelqu’un pendant longtemps, puis tout d’un coup, changer ?

Elle, elle savait qu’elle aimait Ulrich, et qu’il n’y avait aucune chance qu’elle tombe amoureuse de quelqu’un d’autre, c’était lui, et puis c’est tout. Mais Aelita venait de lui dire qu’elle n’aimait plus Jeremy. Ce n’est pas possible. Aelita avait été comme elle, amoureuse et timide, donc incapable de l’avouer à son âme sœur. Elle l’était peut-être encore,  mais ce n’était pas avec Jeremy.

Yumi ne comprenait pas son raisonnement, elle aimait beaucoup Odd, ce n’était pas la question, mais de là à…

Elle avait peur. Aelita venait de lui faire peur. Simplement en lui prouvant que l’amour éternel n’était pas toujours celui que l’on croyait. Aelita était tombé amoureuse de Odd, alors que jusqu’à maintenant, elle avait toujours aimé Jeremy, ou du moins, l’avais fait comprendre à ses amis. Yumi avait peur qu’elle aussi, elle se mette à aimer quelqu’un d’autre. Etait-ce possible ? Avec Aelita, en tout cas, ça l’avait été. Elle pâlit énormément.

Aelita s’inquiéta pour son état de santé :

« Ca va pas, Yumi ? demanda-t-elle.

- Si, si, tout va bien… Répondit Yumi.

- T’es sûre ? Tu sais, tu peux me parler,  moi aussi, je veux t’aider, » La rassura Aelita.

Yumi se tut quelques minutes.

«  Tu crois que je pourrais faire comme toi ? » Demanda Yumi.

Aelita leva un sourcil.

«  Je veux dire, tu crois que … je pourrais ne pas aimer Ulrich ? Demanda Yumi.

- Je ne sais pas, lui répondit Aelita.

- Ca ne  m’était jamais venu à l’idée, avant… Chuchota Yumi, songeuse.

- Désolée… » Répondit Aelita sur le même ton.

Leurs sentiments les faisaient souffrir. Yumi se posait beaucoup de questions et redoutait atrocement que son Ulrich ne disparaisse de son cœur. Aelita, quant à elle, se demandait comment elle arriverait à rester la même avec Jeremy. Comment arriverait-elle à lui cacher tout ça ? Ou au contraire, fallait-il tout lui avouer ? Tout avait changé dans sa tête. La veille, elle avait encore rêvé que Jeremy lui déclarait sa flamme, qu’ils détruisaient XANA et qu’ils passait de merveilleux moments tous les deux, sous le regard rassurant de son père.

Et maintenant, elle était là, comme une petite fille malheureuse qui aurait perdue tout ce qu’elle avait de plus cher, à pleurer un amour qui avait à peine vu le jour et à trahir, dans son cœur, l’être à qui elle devait tout.

Yumi la sortit de ses pensées.

«  Bon, je vais peut-être rentrer, là. Ca commence à faire tard. A demain, Aelita, dit-elle avec des larmes dans la voix.

- A demain, Yumi, » répondit Aelita d’une voix presque imperceptible.

Yumi partit donc, sans se retourner vers son amie, de peur qu’elle aperçoive les larmes qui lui roulaient sur les joues. Aelita resta seule. Dans un silence de mort. Elle savait qu’elle ne pourrait pas dormir de la nuit, et cela risquait d’être aussi le cas pour Yumi, à cause d’elle.

Le lendemain matin, Aelita fut la première au réfectoire. Elle n’avait effectivement pas dormi et ne voyait pas l’utilité de rester dans sa chambre. Elle avait des valises sous les yeux, mais cela ne la préoccupa pas le moins du monde. Ulrich arriva un petit quart d’heure après elle.

«  Salut Aelita, » dit-il sans conviction.

Il s’assit en face d’elle. Ce silence pesant revint et Ulrich essaya, à contre-cœur, d’engager la conversation.

« Einstein est pas avec toi ? » Demanda-t-il.

Cette réflexion la fit penser à Odd et elle dût retenir ses larmes.

«  Il doit être encore à l’usine, répondit-elle avec une voix tremblante et sans lever les yeux.

- Tu crois qu’il y est resté toute la nuit ? Demanda Ulrich.

- Peut-être, » répondit Aelita en haussant les épaules.

Ulrich n’insista pas. Aelita n’était vraiment pas causante, ce matin. Mais, dans un sens, il la comprenait, lui non plus ne voulait pas parler. La perte d’Odd était vraiment difficile à supporter. Il allait leur manquer, ça c’est sûr.

« Tu as bien dormi, toi ? » Demanda Aelita.

Aelita avait dit cette phrase d’une seule traite. Sa voix tremblait toujours et elle avait envie de pleurer. Mais, elle ne voulait pas le faire devant Ulrich.

«  Euh…bof, répondit Ulrich.

- Moi non plus, » dit Aelita.

Aelita ne put se retenir. Une larme coula sur sa joue et arriva jusque dans son bol. Elle se leva, bafouilla un petit « à tout à l’heure » à Ulrich et partit du réfectoire. Elle se laissa tomber sur un banc et fondit en larmes.  Elle resta quelques minutes comme ça. Puis, elle se décida à aller voir où en était Jeremy. Elle se dirigea donc vers l’usine. Au moment où elle entra dans le labo. Jeremy s’écria :

«  Bah, ça alors, j’y crois pas ! »

Aelita marcha vers lui très lentement.

«  Qui a-t-il ? Lui demanda-t-elle.

- Tu vas pas me croire, Odd, il est là, sur Lyoko ! » S’exclama Jeremy tout sourire.

Les yeux d’Aelita s’écarquillèrent et son sang ne fit qu’un tour.

«  Quoi ?!

- Si, si, je te jure Aelita, il est là, » répondit Jeremy.

Aelita avait du mal à le croire, il était tombé dans la mer numérique pourtant… Comment avait-il fait pour s’en sortir ? Oh, et puis, après tout, ce n’était pas le plus important, elle était tellement heureuse. Elle avait envie de crier de joie. Mais elle se retint, repensant à Jeremy.

«  Il a l’air évanoui, je vais le rematérialiser, » dit Jeremy.

Il pianota sur son clavier mais rien ne se passa.

«  Oh non ! XANA a encore déréglé le système de rematérialisation ! Et sans activer de tour ! Et maintenant William arrive, Odd, Odd, tu m’entends ? dit Jeremy

- Je devrais aller sur Lyoko, réfléchit Aelita. 

- Non, je ne pourrais pas te rematérialiser non plus, c’est trop dangereux, on va trouver une autre solution, répondit Jeremy.

- On va attendre que Odd se fasse virtualiser à jamais, peut-être ? S’écria Aelita. Jeremy, on a pas le choix, on a une chance unique de sauver Odd, saisissons la ! Et puis, si on attend que Ulrich et Yumi arrive ça sera peut-être trop tard,  il faut que je commence seule. »

Jeremy n’aimait pas cette idée, mais c‘était vrai, ils n’avaient pas le choix.

«  D’accord, je te virtualise et j’appelle Yumi et Ulrich, » décida Jeremy.

Aelita lui adressa un sourire et descendit dans la salle des scanners. Jeremy la virtualisa et appela leurs deux amis. Aelita arriva sur le territoire de la montagne.

«  J’ai appelé Yumi et Ulrich, ils ne vont pas tarder. Odd est à 50 m sur ta gauche, tu devrais l’apercevoir. William et une escadrille de frôlions vont bientôt l’atteindre, informa Jeremy.

- D’accord, Jeremy, j’y vais, » répondit Aelita.

Aelita courut jusqu’à Odd. Un frôlion l’avait en ligne de mir et s’apprêtait à lui envoyer un laser. Aelita utilisa son don de création pour protéger Odd. Le laser s’y heurta de plein fouet, mais la protection résista. Aelita envoya ensuite un champ de force sur le frôlion qui explosa. Elle s’envola et s’apprêta à lancer un deuxième champ de force sur un frôlion mais William l’en empêcha. Il lui lança une salve d’énergie sortant de son épée. Aelita fut donc ramener au sol très brutalement. Elle se releva ensuite et lança un champ de force sur William. Celui-ci le para avec son épée. 

Le combat continua ainsi quelques minutes, Aelita se protégeait tant bien que mal des attaques de William et gardait un œil sur les frôlion qui lançait des lasers sur la protection d’Odd.

« Jeremy, qu’est-ce qu’ils font, Ulrich et Yumi ? Demanda Aelita.

- Je sais pas, je les ai rappelés mais ils répondent pas ! Répondit Jeremy.

- Je vais pas m’en sortir seule ! S’écria Aelita.

- Je sais, oui, mais, que veux-tu que je fasse ? » Demanda Jeremy.

Soudain, le bloc de pierre qui protégeait Odd céda face aux lasers des monstres. Aelita s’en aperçut et se concentra pour faire une nouvelle protection. Un frôlion lui tira dessus avant qu’elle n’est fini. Elle lui lança un champ de force qui le fit exploser. Les deux autres frôlions s’acharnait sur Odd.

« Odd n’a plus que 20 points de vie, mais j’ai bientôt réparer le programme, tiens bon, Aelita ! Dit Jeremy.

- Je fais de mon mieux ! » Répondit Aelita.

Elle s’envola et lança deux champs de force en direction des frôlions, mais un seul des deux n’atteignit sa cible. Le frôlion restant bombardait toujours Odd. Aelita s’apprêta à lancer un champ de force décisif mais William revint en force en lui lançant une nouvelle salve d’énergie qui la poussa quelques mètres plus loin.

«  Tu n’as plus que 10 points de vie, Aelita ! » Désespéra Jeremy.

Aelita n’en pouvait plus, elle ne se sentait pas capable d’abattre le frôlion et surtout William. Mais, il fallait qu’elle essaye, au moins, pour que Odd est une minuscule chance de s’en sortir. Pour qu’elle puisse peut-être régler son problème. Elle se releva péniblement et cette fois-ci, elle détruisit le frôlion avec un de ses champ de force bien ajuster. Il ne restait plus que William et Odd était encore en vie. William se rapprochait dangereusement d’Aelita. Celle-ci se concentra, fit apparaître en énorme champ de force qu’elle lança sur William. Ce dernier ne put appréhender le coup et se fit dévirtualiser. Aelita tomba à terre, cette attaque l’avait affaiblie. Mais elle était heureuse, elle avait vaincu seule 5 frôlion et William et elle avait sauvé Odd.

«  Wahou ! Bravo Aelita ! J’ai presque réparer le programme, encore quelques minutes ! » Dit Jeremy.

Aelita avança vers Odd. Lorsque qu’elle fut à côté de lui, elle l’appela doucement pour tenter de le réveiller. Elle le secoua également.

«  Ca y est, je vous ramène ! » dit Jeremy.

Les deux Lyoko guerriers furent donc ramenés sur Terre. Une fois dans les scanners, Aelita se précipita vers Odd et tenta de nouveau de le réveiller.

«  Odd, Odd ! S’il te plaît! Réveille-toi! » Le secoua Aelita.

Odd ouvrit un œil.

«  Ael…Aelita, c’est toi ? » Demanda-t-il encore un peu sonné.

Aelita était tellement heureuse qu’elle ne put s’empêcher de lui sauter au cou.

Odd en fut nettement surpris.

«  Euh, Aelita, tu…euh…tu, tu m‘étouffes un peu là » Dit Odd.

Aelita relâcha son étreinte en s’excusant. Ils re relevèrent tous deux et montèrent au niveau du labo où Jeremy les attendait avec impatience.

«  Content de te retrouver, Odd ! Dit-il au moment où Odd et Aelita arrivèrent dans son champ de vision.

- Ah, bah, si tu le dis… Répondit Odd.

- Tu ne te souviens pas d’être tombé dans la mer numérique ? Demanda Aelita.

- Bah, si, mais je me suis réveillé dans le scanner, alors je me suis dit qu’Einstein m’avait ramené juste à temps, Dit Odd.

- Bin, non, ça ne s’est pas du tout passé comme ça, expliqua Jeremy. tu es tombé dans la mer numérique, j’ai travaillé toute la nuit pour trouver un moyen de te ramener, puis ce matin, on te trouve inconscient sur Lyoko. Aelita vient à bout de 5 frôlions et de William et vous voilà de retour à la maison. »

Odd tourna la tête vers Aelita et celle-ci baissa les yeux.

« Mais, je ne sais pas du tout comment tu as pu t’en sortir, continua Jeremy.

- On te croyait perdu à jamais, sans aucun moyen de te ramener … » dit Aelita avec une petite voix et les yeux dans le vague.

Aelita semblait de plus en plus étrange au yeux d’Odd. D’abord, elle l’embrassait, ce qu’elle n’avait jamais fait auparavant. D’accord, il n’était jamais tombé dans la mer digitale, mais quand même… Et puis, maintenant, elle dit une phrase si…qui pourrait être dite d’une tout autre façon, d’une façon plus légère, mais non, elle l’a dit de façon dramatique…

«  Ouais, enfin, bon, donc, je disais c’est vraiment très bizarre, ça pourrait être Franz Hopper  comme il avait fait avec Aelita, mais justement c’était Aelita, réfléchit Jeremy.

- Bah, Pourquoi Franz Hopper ne pourrait pas me sauver ? Je suis tellement unique, vous vous ennuieriez sans moi, et je ne pourrais plus remballer Sissi. A elle aussi, ça manquera, répondit Odd en rigolant, reprenant toute son assurance.

- Odd ! Tu réfléchis vraiment jamais. C’est dangereux pour lui, il est à découvert lorsque qu’il sort de la mer numérique. Et, lui, il réfléchit et y aurait sûrement pensé, donc c’est pas possible qu’il t’est sauvé, expliqua Jeremy.

- Alors, comment ça se fait, Jeremy ? Demanda Aelita.

- Je ne sais pas, tu as réapparu, Odd. La seule explication possible, c’est que tu ne sois pas vraiment tombé dans la mer numérique, mais dans ce cas-là, tu t’en souviendrais et puis tu es quand même arrivé  sur le sol du territoire et personne n’as pu t’y amener, je ne comprends vraiment pas… » avoua Jeremy.

Il commença à pianoter sur son clavier. A ce moment-là, Yumi et Ulrich arrivèrent dans la salle.

«  On a fait aussi vite qu’on a pu, Jeremy. Sissi nous a suivi, on a dû faire un détour pour la semer, mais…Odd ? Vous avez réussi ? Demanda Yumi.

- Eh oui, Aelita a réussi à vaincre tous les monstres et moi j’ai réparer le programme ! Déclara Jeremy.

- Eh ouais, je suis de retour ! » Continua Odd.

- Mais, je ne comprends pas comment Odd a pu s’en sortir… » repensa Jeremy.

Yumi remarqua qu’Aelita avait la tête ailleurs et qu’elle n’avait pas l’air bien, ce qui était étrange, vu qu’elle lui avait dit la veille qu’elle était triste à cause de la disparition d’Odd et maintenant qu’il est revenu… Elle devrait être heureuse…

« Bah, c’est pas très grave, du moment que Odd est revenu, c’est le principal, non ? Demanda Yumi.

- Oui, mais j’aimerais savoir quand même… répondit Jeremy.

- Yumi a raison, Jeremy, tu as travaillé toute la nuit, tu as besoin de te reposer, on verra ça plus tard, fit Aelita sans vraiment de conviction, comme toujours dans ses pensées.

- Ouais, j’ai sûrement besoin de repos, » dit Jeremy sur le même ton.

Jeremy descendit de son siège et les cinq amis partirent de l’usine en direction du collège. Yumi partit ensuite chez elle car c’était dimanche et elle avait promis à ses parents de rester avec eux toute la journée. Mais avant cela, elle entraîna Aelita un peu plus loin.

«  Ca va, Aelita ? Lui demanda-t-elle.

- Oui, pourquoi ça n’irait pas ? Demanda à son tour Aelita.

- Bin…tu devrais être très contente parce qu’Odd est revenu mais on dirait pas vraiment, fit Yumi.

- J’ai…J’ai du mal à être comme avant, maintenant, répondit Aelita. Je…je ne peux pas. Je me sens bizarre en présence de Odd, je…je me sens mal avec Jeremy aussi, je le trahis vraiment et maintenant… il faut vraiment que je fasse un choix. 

- Qu’est-ce que tu vas faire ? Demanda Yumi

- Je ne sais pas, justement, j’hésite beaucoup, répondit Aelita. Je ne sais pas si je dois tout avouer à Jeremy et Odd ou si je dois tout leur cacher et faire semblant d’être comme avant… comme quand j’aimais Jeremy… »

Cela lui faisait mal, lorsqu’elle prononçait ces mots. Elle aurait tellement aimé ne jamais tomber amoureuse de Odd, rester dans son rêve, dans son illusion. Mais non. Et maintenant c’est trop tard, elle ne peut plus reculer, elle ne peut plus faire comme si de rien n’était, comme si Jeremy était son unique amour. Il faut qu’elle choisisse. Cela la soulagerait tellement de pouvoir tout avouer sans faire souffrir Jeremy…

Et puis, elle aussi risquerait de souffrir, Odd ne l’aimait pas. Au moins, si elle ne dit rien, elle sera la seule à souffrir, ce sera peut-être mieux. L’amour non réciproque ne devrait pas pouvoir exister…

Yumi interrompit ses pensées.

«  Je pense que tu devrais leur dire, ça te soulagerait, » répondit Yumi.

Yumi n’avait pas tort, ça la soulagerait. Mais ça ferait du mal à Jeremy et ça, elle ne le voulait pas.

«  Non, fit Aelita.

- Pourquoi ? L’interrogea Yumi.

- Je ne veux pas que Jeremy sache la vérité, répliqua Aelita.

- Tu ne pourras pas lui cacher éternellement, remarqua Yumi.

- Je vais essayer, et nous verrons bien, » fit Aelita.

Yumi ne comprenait pas vraiment la détermination qu’avait Aelita, alors qu’il y a quelques secondes, elle ne savait pas quoi faire.

«  Si tu veux vraiment, » continua Yumi.

Et elle partit en disant « au revoir » à Aelita.

Cette dernière retourna avec les garçons, toujours aussi pensive.

«  Bon, vu que c’est dimanche et que c’est la fin de l’année, fit Jeremy. Je vais dans ma chambre, pour essayer de trouver comment tu as pu t’en sortir, Odd. Tu viens avec moi, Aelita ? »

Aelita ne répondit pas instantanément.

«  Quoi ? Ah, euh… excuse-moi, Jeremy, tu disais ? Demanda-t-elle.

- Tu es dans les nuages, en ce moment, Aelita, remarqua Jeremy. C’est pas grave, je me débrouillerai tout seul, je vois bien que tu n’as pas la tête à ça. » 

Et il partit dans sa chambre.

Aelita resta confuse quelques instants. Les deux garçons la regardaient. Elle n’avait même pas insisté et semblait vraiment autre part. Aelita s’en rendit compte assez rapidement et ne sut pas trop quoi faire.

«  Y’a un problème ? Demanda-t-elle timidement.

- Non, mais, habituellement, tu aurais…répondit Ulrich.

- J’aurais ? Demanda Aelita.

- Eh bien, tu aurais… » fit Ulrich.

Il jeta un regard à Odd pour qu’il l’aide, mais celui-ci, haussa légèrement les épaules.

«  Tu aurais aidé Jeremy, » finit Ulrich.

Aelita baissa les yeux. Elle s’éloignait de plus en plus de Jeremy et cela la faisait souffrir. Elle ne pourrait pas rester comme ça éternellement, Yumi avait raison. Mais alors, que faire ? Tout avouer à Jeremy aurait des conséquences catastrophiques…Elle ne pouvait pas lui infliger cela.

«  Je…ne me sens pas bien, en ce moment, répondit Aelita. Peut-être que… »

Aelita ne finit pas sa phrase, elle avait oublié quelques secondes la présence de Odd. Ses deux amis attendaient la fin de sa phrase. Mais soudain, Sissi arriva. Aelita se sentit sauvée.

« Oh, mon Ulrich, il faut absolument que je te parle, dit-elle.

- Tu vois pas que je suis occupé, là ! Répondit sèchement Ulrich.

- Bah, non,  justement, allez viens, il faut vraiment que je te dise un truc, » fit Sissi.

Elle l’entraîna un peu plus loin, Ulrich rechigna mais cela ne changea pas l’attitude de Sissi.

Aelita avait pensé beaucoup trop vite, finalement, elle n’était pas sauvée, et loin de là puisque qu’elle était avec…Odd.

«  Oh, cette Sissi, je vous jure, je plains Ulrich, » fit-il.

 Aelita ne sourit même pas.

« D’accord, c’était pas une super blague, mais quand même…se lamenta Odd.

- Désolée, Odd, répondit Aelita.

- C’est pas grave, fit Odd. Mais, tu sais, si ça va pas…

- Tout va bien, le coupa Aelita.

- Bah, tout à l’heure, t’as dit que t’allais pas bien, » continua Odd.

Aelita décida de ne pas répondre. Elle ne ferait qu’aggraver les choses. Odd, il n’y avait aucune raison qu’il sache quoi que ce soit. Elle connaissait déjà sa réponse. Cela n’avait aucune utilité. A ce moment là, Ulrich revint vers ses deux amis.

«  Alors, qu’est-ce qu’elle voulait ? Demanda Odd.

- Oh, tu sais, comme d’hab, elle voulait savoir si je voulais partir en vacances avec elle, dans deux semaines, répondit Ulrich.

- Oh, la, la, elle se lassera jamais, hein ! Dit Odd.

- Malheureusement… » fit Ulrich.

Aelita semblait manquer d’air et quelques larmes coulaient sur ses joues sans qu’elle puisse les arrêter. Les deux garçons le remarquèrent, mais ne surent pas s’il fallait le lui dire. Ils échangèrent un regard mais  n’ouvrirent pas la bouche.

«  Je…je vais dans ma chambre… » fit Aelita d’une voix cassée.

Elle partit en direction de sa chambre d’un pas rapide et désordonné tout en s’essuyant les joues avec sa main.

«  Elle est vraiment bizarre, remarqua Odd.

- Ouais, je sais pas ce qu’elle a, continua Ulrich.

- Et en plus, elle veut même pas nous le dire, fit Odd.

- Bah, elle a failli, mais y’a Sissi qui est arrivée, dit Ulrich.

- Tu parles, après je lui ai demandée, mais rien, elle est restée  muette. Tu crois qui se passe un truc avec Jeremy ? Demanda Odd.  

- Peut-être, répondit Ulrich.

- On pourrait peut-être demander à Jeremy, suggéra Odd.

- Je sais pas, on devrait peut-être ne pas s’en occuper, c’est pas nos affaires, ils ont peut-être pas envie d’en parler, remarqua Ulrich.

- Oui, mais, tu vois bien qu’Aelita ne va pas bien, et si ça se trouve, Jeremy non plus, on peut bien faire quelque chose, fit Odd.

- Ouais, peut-être, » conclut Ulrich.

Ils partirent tous deux vers la chambre de Jeremy. Ils frappèrent à la porte puis entrèrent.

«  Euh, Jeremy, on peut te parler une minute ? Demanda Ulrich en jetant un regard à Odd.

- Je suis un peu occupé là, ça peut pas attendre ? Répondit Jeremy.

- Euh…non, fit Ulrich.

- C’est à propos d’Aelita, continua Odd, sachant que leur petit génie réagirait.

- Qu’est-ce qui se passe ? Demanda Jeremy sans pour autant détacher les yeux de son écran.

- Eh bin, on se demandait…commença Ulrich.

- Tu nous écoutes pas, là Jeremy, » remarqua Odd.

Jeremy arrêta de pianoter sur son clavier et se retourna vers ses deux amis.

«  Ah, bah, tu vois quand tu veux ! Plaisanta Odd.

- Donc, je disais qu’on se demandait pourquoi elle était si bizarre, en fait, et on s’est dit, pourquoi est-ce qu’on demanderait pas à Jeremy, dit Ulrich.

- Ouais, j’ai remarqué aussi, mais je sais pas vraiment pourquoi, répondit Jeremy. Peut-être que tous ces évènements l’ont perturbée.

- Tu veux dire, quand je suis tombé dans la mer numérique et tout le reste ? Demanda Odd.

- Bah, ouais, ça nous a tous un peu chamboulé, c’était peut-être trop d’émotions à la fois, pour elle, remarqua Jeremy.

- Et… tu t’inquiètes pas, enfin je veux dire…demanda Ulrich.

- Si, évidemment, mais je sais pas trop quoi faire, elle a peut-être seulement besoin de se reposer, fit Jeremy.

- Sûrement, parce que quand on essaye de lui parler, ça a pas beaucoup d’effets, dit Odd.

- Bon, bin on va te laisser, Jeremy, à plus tard, » fit Ulrich.

Et ils quittèrent la chambre de Jeremy.

«  Je t’avais bien dit que ça servait à rien d’aller le voir, fit Ulrich.

- Mouais, » répondit Odd.

Odd était de plus en plus surpris par les évènements. Par Aelita en particulier. Elle n’avait jamais été…comme ça avec lui. Pourquoi était-elle si « perturbée » ? D’après les mots de Jeremy, C’était à cause de sa « chute »  dans la mer numérique. Donc, c’était un peu à cause de lui. Mais, pourquoi une réaction si…excessive ? Jeremy, Ulrich et Yumi allait très bien, maintenant qu’il était de nouveau « vivant », il n’y avait plus de problèmes, mais pourtant…

 

Le lendemain matin, les cours reprirent pour une semaine, la dernière semaine avant les grandes vacances. Aelita était toujours aussi distante avec ses amis.

Les cours du matin se passèrent sans encombres et Odd y avait terminé sa nuit. Lorsqu’ils se retrouvèrent tous les cinq pour aller déjeuner, Aelita les informa qu’elle n’avait pas faim et qu’elle préférait rester dans sa chambre jusqu’aux cours de l’après-midi.

Les quatre amis se rendirent donc au réfectoire. Alors que Odd finissait sa troisième portion, Ulrich décida de détourner la conversation vers Aelita :

«  Vous croyez qu’Aelita va rester comme ça, longtemps ? Demanda-t-il.

- Comment ça, comme ça ? L’interrogea Yumi.

- Bin, tu n’as pas remarqué qu’elle était un peu différente par rapport à avant ? » Demanda Ulrich.

Aelita ne pourrait vraiment pas garder ses sentiments pour elle. Yumi le voyait bien, il était impossible de le cacher, et ses trois amis commençaient à se poser des questions.

« Si, un petit peu, répondit Yumi.

- On s’est dit que c’était sûrement parce qu’elle était un peu bouleversée par les évènements et que ça passerait quand elle se reposerait, expliqua Jeremy.

- Mais, apparemment, le repos ne change pas grand-chose, continua Ulrich.

- Oh, elle a pas eu beaucoup de temps pour se reposer, là. Ca va sûrement passer d’ici quelques jours, » fit Yumi.

Ses trois amis acquiescèrent d’un mouvement de tête peu convaincu.

Ils sortirent du réfectoire quelques minutes après et Yumi se dirigea ver le dortoir, laissant les trois garçons discuter entre eux. Elle frappa à la porte d’Aelita et attendit une réponse. Celle-ci ne vint pas. Yumi ouvrit doucement la porte. Aelita était assise sur son lit, les yeux dans le vague et encombrés de quelques larmes.

«  Aelita, les garçons s’inquiètent pour toi, je t’avais bien dit que tu ne pourrais pas leur cacher éternellement, fit doucement Yumi.

- Oui, je sais mais… je ne peux pas le dire à Jeremy, je…je ne peux pas, » répondit Aelita.

Yumi s’assit à côté d’elle.

«  Tu ne peux pas faire autrement, tu ne peux pas vivre comme ça, dit Yumi.

- Mais… il va m’en vouloir et…je vais lui faire du mal, répliqua Aelita.

- Oui, mais…ne rien lui dire pourrait le faire souffrir aussi, continua Yumi.

- Pas au même point, fit Aelita.

- Tu pense toujours aux autres avant toi, c’est une super qualité, commença Yumi. Et beaucoup de gens pourrait envier ton caractère, mais…souvent les personnes trop généreuses souffrent beaucoup tout au long de leur vie parce qu’ils veulent toujours faire le bonheur des autres, et jamais le leur. Aelita, tu ne pourras pas mentir éternellement à Jeremy, il faudra bien que tu lui dises, un jour, même si tu le fais souffrir.

- Un jour, peut-être, oui, que je trouverais ce courage, fit Aelita.

- Le plus tôt sera le mieux, » dit Yumi.

Ne rien dire serait tellement plus simple. Pourquoi faudrait-il qu’Aelita lui avoue, alors qu’il vit tellement bien sans ? Pour elle. Oui, c’est sûrement ça. Pour qu’elle cesse de souffrir, d’hésiter, de s’en vouloir. Yumi a peut-être raison, à long terme, cette situation risque d’être difficile à supporter. Si Jeremy décide de se jeter à l’eau, d’avouer tout ce qu’il éprouve pour elle, il souffrira beaucoup plus lorsqu’elle lui dira la vérité. Alors que là…

«  Tu as peut-être raison, » fit Aelita

Sur ces mots, les deux filles sortirent de la chambre d’Aelita car les cours de l’après-midi allait bientôt commencer.

Deux heures après, la sonnerie retentit dans le collège et la cour fut envahie de tous les élèves. Jeremy, Ulrich et Odd discutait sur un banc en compagnie d’Aelita mais qui ne disait toujours pas un seul mot. Soudain, elle coupa leur conversation :

« Jeremy, je pourrais te parler une minute ? Demanda-t-elle.

- Euh…oui, » répondit Jeremy.

Aelita l’emmena un peu plus loin.

« Je…je ne vais pas…y aller par quatre chemins, commença Aelita. J’espère seulement que…tu ne vas pas…trop…m’en vouloir et que…je ne vais pas te faire trop…de mal.

- Qu’est-ce que tu veux dire ? Demanda Jeremy.

- Je…je t’ai…aimé mais…je…suis tombée…amoureuse de…quelqu’un d’autre, » finit Aelita, la tête baissée et la voix tremblotante.

Jeremy baissa à son tour la tête. Il ne comprit pas tout de suite la signification de la phrase d’Aelita. Ils étaient pourtant si proches… Comment avait-t-elle pu lui faire ça ?

Au moins, elle lui disait la vérité, même si cette dernière faisait mal, elle osait le lui dire.

Mais quand même…

Soudain, il sentit des larmes lui couler sur les joues. Ils auraient pu vivre une si belle aventure, tous les deux, plus tard…Mais non, Aelita avait choisi une autre voie…

Cette idée lui était insupportable, mais il n’avait pas le droit de s’opposer à cette amour…

Il ne savait pas exactement comment réagir, il était rarement dans de telles situations…

Peut-être devait-il laisser faire…

Malgré lui, Jeremy  se demandait bien qui était cette mystérieuse personne dont Aelita était amoureuse, non pas pour lui casser la figure comme pourrait le faire Ulrich, mais simplement pour se poser la question : Qu’avait-il de plus que moi pour qu’elle soit attirée vers lui ?

Et pour essayer d’y trouver des réponses. C’était peut-être aussi pour se dire  qu’Aelita est «  entre de bonnes mains » ou bien le contraire. Mais, il n’oserait pas le lui demander.  De toute façon, il n’osait rien dire, il ne pouvait rien dire…

Ce silence ne rassurait pas Aelita. Ca se présentait mal. Jeremy devait sûrement réagir très mal, au fond de lui et peut-être que dans quelques secondes sa colère exploserait et Aelita ne le supporterait pas.

« D’accord, » répondit Jeremy.

Il ne savait pas trop quoi dire d’autre. Cela lui fendait le cœur de répondre ainsi, il aurait tellement voulu lui dire qu’il ne pouvait pas vivre sans elle, lui dire qu’il l’avait toujours aimée et lui demander qui avait la chance d’avoir pris sa place dans son cœur. Mais non. C’était ce mot qui était sorti et rien d’autre.

Aelita le regardait à présent, comme si elle savait qu’il ne pouvait pas penser ça au fond de lui, comme si elle attendait la vérité.

Jeremy tenta de fuir son regard, mais il n’y parvint pas. Ils restèrent comme cela pendant quelques minutes.

«  Tu…tu n’as rien d’autre à dire ? Demanda Aelita des larmes dans la voix.

- Qu’est…qu’est-ce que tu veux que je dise ? Demanda à son tour Jeremy.

- Je sais pas… » répondit Aelita.

Elle baissa la tête pour cacher ses larmes. Elle n’aimait peut-être plus Jeremy mais elle souffrait de tant d’indifférence de sa part.

«  Bon, il vaut mieux qu’on retourne avec les autres, » fit Aelita en partant.

Jeremy la suivit et ils retrouvèrent leurs trois amis.

« A bah quand même, qu’est-ce que…Aïe ! » commença Odd.

Yumi lui donna un coup de coude pour qu’il se taise. Odd comprit et ne continua pas.

La sonnerie retentit de nouveau. Yumi fit un signe de la main à ses amis et partit dans le collège. Les autres ne tardèrent pas à faire de même. 

La journée s’acheva comme une journée normale.

Ulrich et Odd allèrent au foyer, Jeremy monta dans sa chambre pour se « changer les idées » et Aelita fit de même. Yumi rentra chez elle.

 

Au foyer, Odd et Ulrich jouait au baby-foot. En temps normal, Odd marquait de nombreux buts. Mais pourtant, là, il n’en avait pas marqué un seul. Ulrich finit donc par gagner.

«  Tu vois, Odd, t’es pas si imbattable que ça ! rigola Ulrich s’attendant à que Odd réplique.

- Hum, fit seulement Odd.

- Euh… You-hou, Odd, tu es là ? Ou tu penses trop au dîner de ce soir ? Demanda Ulrich.

- Euh, oui, je suis là, désolé Ulrich, j’étais dans mes pensées, bon, on fait une autre partie que je te mette la pâtée ! Dit Odd.

- C’est contagieux, apparemment… murmura Ulrich.

- Qu’est-ce que tu dis ? Lui demanda Odd.

- Nan, rien, répondit Ulrich.

- Tu sais… je me demande bien ce qu’ils ont Aelita et Jeremy, fit Odd.

- Ouais, répondit Ulrich. Mais bon, t’as bien vu, quand on en a parlé à Jeremy, il a rien dit. Ils veulent sûrement pas qu’on s’en mêle.

- Oui, mais quand on en a parlé à Jeremy, continua Odd. Aelita ne lui avait pas encore parlé. Tu as bien vu, elle lui a dit un truc, tout à l’heure. »

Ulrich ne répondit pas. Pourquoi Odd voulait-il tellement savoir ce qui se passait entre Aelita et Jeremy ? Après tout, peut-être qu’ils ne voulaient pas en parler.

«  T’as qu’à leur demander,  si tu veux tellement savoir, finit par répondre Ulrich.

- Mouais, » répondit Odd.

Ils arrêtèrent de parler de leurs deux amis et continuèrent leur partie de baby-foot.

 

Jeremy resta une heure dans sa chambre avant de décider d’aller voir Aelita pour s’expliquer. Il marchait en direction de sa chambre tout en se demandant bien ce qu’il allait lui dire. Aelita ne l’aimait plus, et il avait beaucoup de mal à s’y faire. Il fallait qu’il comprenne.

Il arriva devant la chambre d’Aelita, il frappa à la porte. Il n’attendit pas la réponse et entra.

Aelita était assise sur son lit et lisait.

«  Euh…bonjour, Jeremy, qu’est-ce que tu veux ? Demanda-t-elle.

- Il faut que je te parle. Voilà, tu vois, tout à l’heure, commença Jeremy. Je ne savais pas vraiment quoi dire, mais…je sais bien qu’en ce moment, notre relation n’avance pas à cause de XANA, que c’est normal que tu veuille aller vers d’autres horizons mais… c’est sûrement trop tard maintenant et ça ne servira à rien, mais… je t’aime, Aelita et je t’ai toujours aimée, je… je ne veux pas que… »

Jeremy était au bord des larmes et ne trouvait plus les mots.

«  Je… je sais, Jeremy mais…j’ai toujours cru que je t’aimais parce que…dit Aelita en commençant à pleurer. Parce que c’est grâce à toi que je suis là, parce que… tu es la première personne que j’ai vu quand j’étais virtuelle, parce que…parce que je croyais que…l’on ne pouvait aimer que quelqu’un qui nous aimait aussi et qui…avait fait quelque chose pour nous.  Mais, je crois que je me suis trompée et… j’ai préféré te le dire maintenant plutôt que… d’attendre et de garder ce secret pour moi. »

Jeremy regarda ses pieds pendant quelques minutes.

«  Et…et comment t’en es-tu…rendue compte ? Demanda Jeremy.

- Après la chute de Odd, j’ai réfléchi, » fit simplement Aelita.

Jeremy murmura la dernière phrase d’Aelita. La chute de Odd… Jeremy réfléchit. Qu’est-ce que Odd avait à voir là-dedans ? Odd…  Jeremy ouvrit de grands yeux : Aelita serait amoureuse de Odd ?? Ce serait Odd qui aurait pris sa place ?

«  Tu… tu es amoureuse de Odd ? » Demanda-t-il plus rapidement qu’il ne pensait pouvoir le faire.

Aelita le regarda.

«  Euh…Jeremy, je suis un peu… commença Aelita.

- Réponds seulement oui ou non, fit Jeremy.

- Oui, dit Aelita. »

Jeremy avait un peu de mal à le croire. Odd était un bon ami, il était parfois drôle et au moins il faisait partie de la bande, mais quand même… Aelita amoureuse de lui ! Lui qui n’avait pas bien conscience de la vie, lui qui… était un vrai coureur de jupons. Comment avait-il pu prendre sa place ?

« Pour…pourquoi ? Demanda Jeremy.

- Pourquoi quoi ? Demanda Aelita.

- Pourquoi tu es… amoureuse de Odd ? Continua Jeremy.

- Je ne sais pas, » fit Aelita.

Ca ne servait plus à grand-chose de rester là, il valait mieux qu’il s’en aille. Jeremy ouvrit la porte et partit s’en dire un mot à Aelita.

Il descendit l’escalier, les yeux dans le vague, sans vraiment penser à ce qu’il faisait.

Il arriva jusqu’en bas et marcha jusqu’au foyer. Odd et Ulrich jouait toujours, ils ne le remarquèrent pas.

«  Salut, Ulrich, fit-il sans vraiment de conviction.

- Euh… salut, Jeremy, ça va pas ? Demanda Ulrich.

- Si, » fit Jeremy en s’asseyant sur un fauteuil.

Odd et Ulrich échangèrent un regard, Jeremy était blême et n’avait aucune expression.

Les deux amis s’approchèrent du troisième et s’assirent à côté de lui.

«  T’es sûr que ça va ? Demanda Odd.

- Oui, dit Jeremy.

- Il se passe un truc avec Aelita ? » L’interrogea Odd.

Jeremy regarda Odd fixement, les sourcils froncés.

« T’as qu’à lui demander, je suis sûr qu’elle a pleins de choses à te dire », répondit Jeremy.

Et il partit sans dire autre chose.

«  Bah, qu’est-ce qu’il a ? Demanda Odd.

- Je sais pas, mais t’as raison, il se passe vraiment un truc entre eux, fit Ulrich. Mais, je crois quand même pas qu’il faille qu’on intervienne. »

Odd ne répondit pas et regarda la porte d’où était sorti Jeremy. Au bout de quelques minutes, il sortit.

«  Bah, Odd, qu’est-ce que tu fais ? Demanda Ulrich.

- Je reviens, » répondit Odd.

Ulrich resta perplexe.

 

Odd marchait en direction du dortoir. Il se remémorait la dernière parole de Jeremy.

 Qu’est-ce  que cela pouvait-il bien signifier ?

Aelita l’éclairerait peut-être sur ce sujet.

Il frappa à la porte d’Aelita, mais aucune réponse ne lui vint. Il l’ouvrit et remarqua qu’elle était vide.

«  Tiens, Aelita n’a pas fermé à clé, » remarqua Odd.

Il se raisonna ensuite et voulut partir mais sa curiosité prit le dessus. 

Il parcourut des yeux toute la pièce. Une photo se trouvait sur la table de nuit d’Aelita. Odd la prit pour mieux la voir. Ils y étaient tous les cinq. Il sourit. Il reposa le cadre, mais au moment où ce dernier touchait la table d’Aelita, un petit bout de papier en sortit. Il tendit la main pour l’attraper.

«  Odd ?! Qu’est-ce que tu fais ? » Demanda Aelita.

Elle venait de faire irruption dans la pièce. Odd remonta rapidement sa main.

«  Euh… je te cherchais, justement, dit Odd.

- Ah oui ? Demanda Aelita.

- Oui, euh…tu sais ce qu’il a Jeremy ? » Demanda Odd.

Aelita devint aussi pâle que Jeremy quelques minutes auparavant. Odd ne s’en rendit pas compte tout de suite et continua sur sa lancée :

«  Parce que tu vois, tout à l’heure, je lui demande si y’a un problème, et il me répond qu’il faut que j’aille te demander alors… »

Odd remarqua soudainement que Aelita devenait de plus en plus blanche.

«  Euh, ça va ? Demanda-t-il.

- Oui, très bien, » répondit Aelita.

Aelita tenta en vain d’afficher un sourire convaincant.

Le téléphone d’Odd sonna.

«  Allô ? Ulrich ? ok, on arrive. Oui, Aelita est avec moi, dit Odd, puis s’adressant à Aelita. Il faut qu’on file à l’usine. »

Ils coururent jusqu’à l’usine et y retrouvèrent Ulrich et Yumi. Ils descendirent au labo.

« XANA vient de lancer une attaque, filez vite dans la salle des scanners », dit Jeremy sans arrêter de pianoter sur  son clavier.

Il virtualisa ses quatre amis. Ils arrivèrent sur le territoire de la banquise. Jeremy leur envoya les véhicules.

«  La tour est au nord-ouest de votre position, dépêchez-vous ! » les informa Jeremy.

Les quatre Lyoko guerriers s’y rendirent. Le comité d’accueil fit son apparition. 

Quatre blocks et deux krabes leur bloquaient le passage. Ulrich lança l’un de ses sabres qui vint se planter sur l’un des deux krabes. L’autre krabe dévirtualisa l’overwing de Yumi qui sauta avant que son véhicule ne soit totalement dévirtualisé. Elle envoya ses deux éventails sur le krabe qui en reçut un. Il explosa. Aelita jeta un champ de force sur l’un des blocks qui l’évita. Odd lança trois flèches lasers sur un autre block. Deux d’entre elles atteignirent leurs cibles. Aelita tenta une nouvelle fois de détruire le block et cette fois réussit son coup. Ulrich et Yumi s’occupèrent des deux derniers blocks.

- C’est tout ? Bin, XANA n’est pas en forme aujourd’hui, fit Odd, déçu.

Mais juste au moment où Odd prononçait ces mots, William arriva par derrière. Jeremy les prévint et les quatre Lyoko guerriers se tinrent prêts  à attaquer. Mais à leur grande surprise, William ne les attaqua pas. Il avait l’air mal en point et marchait difficilement vers eux. Les quatre amis restèrent tout de même méfiant. Il s’étala de tout son long devant les Lyoko-guerriers.

«  S’il vous plaît, aidez-moi, dit-il d’une voix presque imperceptible.

- Il faudrait peut-être faire quelque chose, non ? fit Aelita.

 - C’est peut-être une ruse, et le plus urgent est de désactiver la tour, on s’occupera de lui après, » répondit Jeremy.

Aelita rentra donc dans la tour. Elle s’éleva sur la deuxième plate-forme et entra le code lyoko. Elle ressortit de la tour.

« Euh… à votre avis, on le laisse là et on s’en va, ou on l’aide ? Demanda Odd.

- A mon avis, c’est une ruse, fit Jeremy, toujours convaincu de son hypothèse.

- Jeremy a raison, en plus,  ça ne serait pas la première fois, continua Ulrich.

- Et si c’était pas une ruse ? Vous imaginez ? dit Aelita. Peut-être que William a réussi à se défaire de l’emprise que XANA avait sur lui, et qu’il est de retour parmi les gentils. Dans ce cas-là, on peut pas le laisser comme ça. »

Chaque Lyoko guerriers regardait William gisant à leurs pieds et respirant faiblement. Ils réfléchissaient en silence. Quelques minutes après, Aelita se décida à avancer vers William.

Ses amis ne dirent rien pour le moment attendant la suite des évènements. Ulrich, Yumi et Odd restèrent sur leurs gardes, prêts à attaquer si cela était nécessaire. 

Aelita se baissa au niveau de William pour l’aider à se relever. Il s’appuya sur Aelita pour rester debout.

«  Qu’est-ce qui s’est passé, William ? » Lui demanda Aelita.

William ne répondit pas tout de suite et tous deux avancèrent vers les trois autres Lyoko guerriers.

«  Je…je me suis échappé, » fit simplement William.

Les Lyoko guerriers rabaissèrent un peu leurs armes.

Soudain, Jeremy prit la parole :

«  Attention, derrière vous, une manta ! »

Ils se retournèrent. William profita de cette surprise générale pour envoyer Aelita quelques mètres plus loin. Les trois amis furent de nouveau surpris et la manta dévirtualisa Yumi. Ulrich s’empressa de le lui rendre. William se changea en fumée avant que Odd n‘aie eu le temps de lui envoyer une fléchette. Ulrich fit un « supersprint »  et arriva à la hauteur de William. Ce dernier reprit forme humaine au mauvais moment et failli donner un énorme coup d’épée à Ulrich qui l’évita de justesse. Le combat dura quelques secondes. Ulrich essaya de parer les coups d’épée de William avec ses sabres mais celui-ci le poussa jusqu’au bord du plateau. Ulrich regarda une seconde vers le bas et cela suffit à William pour le dévirtualiser.

Odd voulut donc prendre la place de son ami pour anéantir William. Ce dernier ne se laissa pas faire et évita les flèches lasers de Odd.

William se retourna vers Aelita et la poussa violemment de façon qu’elle tombe dans la mer numérique.

«  AELITA ! » Cria Odd.

Il sauta sur son overboard et fonça vers la mer numérique. William lui lança une salve d’énergie à qui il échappa de justesse. Il rattrapa Aelita avant qu’elle ne trébuche dans la mer numérique et il ramena sur la terre ferme.

«  Merci, Odd, fit Aelita.

- Oh, mais de rien, » répondit Odd en souriant amicalement.

William s’approcha dangereusement.

« Bon, je vous ramène, » dit Jeremy.

Ils furent de retour dans les scanners avant que William ne les atteigne. Ils remontèrent jusqu’au labo.

«  Il faudra faire plus attention aux ruses de William, la prochaine fois, » dit Jeremy.

Les autres hochèrent la tête. Aelita baissa les yeux.

«  Je suis désolée. C’est de ma faute si nous avons fait confiance à William, fit Aelita.

- Et tu as bien failli le payer, Aelita. Vous avez eu beaucoup de chance. Et c’est bien pour ça qu’il faudra se méfier, » répondit Jeremy.

Un grand silence suivit cette remarque.

«  Bon, on rentre au collège ? Sinon, on va rater le dîner, fit Odd toujours avec sa bonne humeur.

- Oh, toi et ton estomac vraiment… » soupira Ulrich en marchant vers l’ascenseur.

Ils rentrèrent donc tous les cinq au collège. Yumi retourna chez elle et les autres allèrent au réfectoire. A part les bruits de la mâchoire d’Odd, un silence pesant planait sur nos héros.

Jeremy s’empressa de le rompre :

«  Bon, je suis fatigué, alors je vais me coucher, bonne nuit, » fit-il.

Les autres lui répondirent et il sortit du réfectoire.

«  Il était d’une humeur massacrante aujourd’hui, remarqua Ulrich.

- Bah, je croyais que tu t’en fichais ? Demanda Odd encore la bouche pleine.

- J’ai pas dit ça, je dis seulement que c’est pas nos affaires. Et puis, je fais une remarque, c’est tout, répondit Ulrich.

- Mouais, fit Odd, et dis Aelita, t’avais pas eu le temps de me répondre, tout à l’heure quand je t’avais demander ce qu’il avait Jeremy, alors…

- Je sais pas ce qu’il a, moi, le coupa Aelita.

- Ah, » fit Odd, visiblement pas très convaincu.

Aelita sentit les larmes lui monter aux yeux.

«  Je crois que je vais aller me coucher aussi, » dit Aelita en partant.

 

«  N’empêche, ça va pas fort, remarqua Odd.

- Ouais, ça, y’a pas photo, mais qu’est-ce que tu veux qu’on fasse ? Demanda Ulrich.

- Bah, je sais pas, à part leur faire cracher le morceau, je vois pas trop, fit Odd.

- Mouais, » répondit simplement Ulrich.

Ils allèrent ensuite tous deux se coucher.

 

Le lendemain matin, ils se retrouvèrent tous au réfectoire. Yumi les y avait rejoints.

Tout le monde  mangeait en silence, encore une fois. Ils sortirent du réfectoire et Yumi se décida à emmener Aelita quelques mètres plus loin pour lui parler.

«  Alors, ça va comment ? Lui demanda-t-elle.

- Pas super, Jeremy m’en veut énormément, fit Aelita.

- C’est compréhensible, répondit Yumi.

- Oui, et c’est justement pour ça que je ne voulais rien lui dire, » dit Aelita.

Yumi fit seulement un signe de tête compatissant.

«  Et Odd ? Demanda Yumi.

- Quoi Odd ? Demanda Aelita.

- Bin, tu vas lui dire ? Demanda Yumi.

- Pourquoi je ferai une chose pareille ? Ca va déjà assez mal comme ça, j’ai pas besoin qu’il en rajoute une couche, fit Aelita.

- Qui te dit qu’il ne t’aime pas ? » L’interrogea Yumi.

Aelita eut un rire nerveux.

«  Il est sorti avec toutes les filles du collège, il n’a pas la moindre idée de ce que c’est qu’être «  amoureux », répondit Aelita.

- Tu peux pas en être sûre si tu lui demandes pas, Aelita. T’as réussi à l’avouer à Jeremy, alors pourquoi pas à Odd, » insista Yumi.

Aelita réfléchit quelques secondes.

«  C’est pas pareil, fit-elle simplement.

- Ca c’est sûr, je peux pas dire le contraire, dit Yumi. Mais ça te ferait du bien, tu n’aurais plus rien à cacher. »

Aelita soupira.

«  Je sais pas, » chuchota-t-elle.

Soudain la sonnerie retentit.

«  Bon, faut qu’on y aille, là. Donc à tout à l’heure mais tu devrais vraiment lui dire, » dit Yumi.

Aelita lui sourit. Elle se retourna et regarda quelques secondes ses amis avant d’avancer vers eux. Ils allèrent donc en cours.

Ulrich, Odd, Jeremy et Aelita étaient en cours d’histoire et écoutaient la professeur parler de… de quoi au fait ? Aelita ne faisait qu’entendre ses paroles et ne savait même pas de quoi il était question. Cela ne lui ressemblait pas mais elle allait trop mal pour se préoccuper des cours. Yumi avait-elle raison ? Fallait-il qu’elle dise tout à Odd ? Elle ne s’en sentait pas capable. La réaction de Jeremy l’avait abattue. Même si elle était normale, elle lui avait fait mal.

Mais d’un autre côté, Odd commençait à se poser des questions. Ca se voyait bien. Mais alors que faire ? Si elle lui avouait son amour et qu’il lui répondait que ce n’était pas réciproque ( ce qui était très probable ), elle ne le supporterait sûrement pas. Sans compter que Odd ne serait plus jamais pareil avec elle s’il savait tout.

Aelita hésitait et elle ne voyait vraiment pas ce qui pourrait la décider.

Soudain, elle entendit une voix qui la sortit de ses pensées.

« Alors Melle Stones ? Qu’est-ce que  je viens de dire ? Demanda la prof d’histoire.

- Euh… » fit Aelita.

Aelita n’en savait rien puisqu’elle n’avait rien écouté de tout le cours.

«  Vous ne savez pas ? Evidemment, vous étiez ailleurs, et dites-moi, qu’est-ce qui vous intéresse plus que mon cours ? » Demanda la prof.

Aelita sentait tous les regards braqués sur elle.

«  Eh bien, euh… je…bafouilla Aelita.

- Eh bien, je vous écoute, » fit la professeur.

Soudain, la sonnerie résonna dans tous le collège. Aelita se sentit sauvée. Elle entendit la professeur lui dire quelque chose qu’elle ne comprit pas puis sa vision commença à devenir floue et le sol se déroba sous ses pieds.

Elle se réveilla ensuite à l’infirmerie. La salle était vide. Elle se releva un peu pour s’asseoir sur le lit. L’infirmière entra dans la pièce.

«  Ah, tu es réveillée, ça va mieux ? Fit-elle

- Je ne sais pas trop, mais qu’est-ce qui s’est passé ? Demanda Aelita.

- Tu t’es évanouit en plein dans un cours et tes amis t’ont amenée ici, expliqua Yolande. Mais ne t’inquiètes pas, ce n’était rien de grave, un petit malaise dû au stress, je suppose. Tu as besoin de repos. Mais si tu veux, je peux aller chercher tes amis du moment qu’ils ne te fatiguent pas.

- Oh, oui, j’aimerais bien, merci beaucoup, madame, » répondit Aelita.

Yolande Perraudin sortit de la chambre et Aelita resta seule quelques minutes.

« Un malaise dû au stress » ah oui ça c’est sûr, pour être stressée, elle est stressée. Mais son problème est loin d’être résolu…

Ses amis entrèrent dans la pièce ce qui la sortit de ses pensées.

«  Content que tu sois réveillée, Aelita, fit Ulrich.

- On s’est inquiété pour toi, continua Yumi.

- Ouais, on s’est même demandé si c’était pas un coup de XANA, » finit Odd.

Seul Jeremy n’avait pas parlé et cela rendit Aelita triste. Tout cela la tourmentait tellement.

«  Mais il ne fallait pas, vous savez, je vais bien. L’infirmière a dit que ce n’était rien de grave, sourit Aelita.

- Oh, bah, on sait jamais, surtout avec XANA, fit Yumi.

- Mais il n’y avait pas de tour activée, alors ça n’avait rien à voir, » dit Jeremy.

Ces paroles étaient froides. En temps normal, Jeremy se serait inquiété pour elle. Ce temps-là lui manquait tellement. Elle en venait même à regretter d’avoir avouer tout ça à Jeremy. Mais la chose qu’elle regrettait le plus était d’être tombé amoureuse de Odd. Si elle était restée amoureuse de Jeremy, il n’y aurait eu aucun problème… Mais maintenant, elle ne peut plus reculer. Etait-ce une raison suffisante pour avouer ses sentiments à Odd ? Pas sûr.

La réflexion de Jeremy mit un froid sur toute la bande. Un nouveau silence commença à planer.

« Je suis…vraiment désolée, Jeremy, fit Aelita, des larmes dans la voix.

- Toutes les excuses du monde ne serviront à rien, » dit Jeremy.

Il sortit ensuite sans dire un mot.

«  Eh bin, il est vraiment de mauvaise humeur depuis quelques jours, remarqua Odd.

- C’est de ma faute, je lui ai fait du mal, répondit Aelita.

- Mais non, Aelita, » la consola Yumi.

Ulrich et Odd ne comprenait rien à tout ça et Odd commençait vraiment à trouver ça louche. Quant à Ulrich, son idée de les laisser se débrouiller seul commençait à disparaître.

Le fait nouveau qui étonna les deux compères était que Yumi semblait être au courant.

«  Si vous voulez, on vous laisse, si vous voulez rester discuter tranquille, » fit Odd.

Odd s’attendait à une réponse négative, leurs amies ne leur cacheraient quand même pas quelque chose qui avait l’air si grave pour Aelita et Jeremy.

D’une autre façon, la phrase de Jeremy lui trottait encore dans la tête… Avait-il un rapport avec tout ça ? Sans le savoir en plus ? Il voulait absolument éclaircir tout ça.

Les deux filles ne lui répondirent pas.

Apparemment, c’était vraiment très grave. Ca avait peut-être un rapport avec la relation de Jeremy et Aelita… ou plutôt, ça avait sûrement un rapport avec ça. Mais alors, lui, qu’est-ce qu’il avait à voir là-dedans ?

«  Bon, d’accord, on a compris, on s’en va, fit Odd. Allez, Viens Ulrich. »

Les deux amis sortirent de l’infirmerie.

«  Alors, tu veux toujours rien faire, Ulrich ? Lui demanda Odd.

- Nan, j’avoue que c’est quand même bizarre tout ça, et pourquoi ils l’auraient dit à Yumi et pas à nous ? » Fit Ulrich.

Odd haussa les épaules en signe de «  je suis d’accord avec toi ».

 

Pendant ce temps, Les deux filles étaient restées en silence dans l’infirmerie.

«  J’dois lui dire, hein, Yumi ? Demanda Aelita soudainement.

- A mon avis, oui, » fit Yumi.

Aelita soupira.

«  Je ne sais pas comment faire, je suis totalement perdue, dit Aelita, les yeux dans le vague.

- Je ne suis pas sûre de pouvoir te donner des conseils là-dessus, » continua Yumi.

Aelita n’avait pas le choix, elle devait le faire. Odd et Ulrich se posait trop de questions. Ils ne pouvaient pas rester comme ça dans l’ignorance.  Et surtout, Odd devait savoir ses sentiments. Elle se sentirait mieux après lui avoir dit. Mais c’était tellement difficile…

«  Je lui dirais ce soir, en sortant de l’infirmerie, » fit Aelita d’une façon qui se voulait déterminée.

Yumi lui sourit. Son amie allait enfin se débarrasser de ce poids qui la faisait souffrir depuis tant de longs jours.

«  Bon, je vais te laisser te reposer, » dit Yumi en partant.

Aelita resta seule et ceci pendant plusieurs heures. Elle était encore perdue dans ses pensées et essayait de trouver la meilleure façon d’avouer ses sentiments à Odd quand soudain, la porte s’ouvrit, l’infirmière entra en souriant.

« Bon, je suppose que tu t’es bien reposée, tu vas pouvoir y aller, mais essaye de ne pas trop t’énerver dans les jours qui vienne, tu risquerais d’avoir un nouveau malaise.

- Oui, madame, » répondit Aelita.

Pas trop s’énerver, il faudrait encore pouvoir…

Aelita se leva et commença à marcher. Elle marchait d’une telle manière et son regard était si vide que l’on aurait pu croire qu’elle allait à un enterrement.  Elle alla dans la cour. Il devait être environ 17 heures. Il n’y avait que quelques élèves dans la cour et ses amis n’y était pas. Elle monta donc jusqu’au dortoir, s’arrêta à la porte de Jeremy et écouta. Rien. Elle fit pareil à la porte de Ulrich et Odd. Mais toujours rien. Elle descendit alors et alla voir au foyer. Elle y découvrit Ulrich, seul, qui regardait la télé.

«  Salut Ulrich, Jeremy et Odd sont pas avec toi ? Demanda-t-elle.

- Ah, salut Aelita, ça va mieux, on dirait, commença Ulrich. Jeremy est allé à l’usine et Odd a dit qu’il avait oublié un truc dans sa chambre. »

Dans sa chambre ? C’est étonnant, elle n’avait rien entendu. C’était peut-être normal, s’il était seul, il ne faisait sûrement aucun bruit. Ca sera plus pratique pour elle s’il n’y avait personne avec lui.

«  Merci Ulrich, » fit-elle.

Et elle partit du foyer et remonta vers les dortoirs. Elle frappa à la porte de la chambre de Odd et Ulrich. Personne ne lui répondit. Elle ouvrit la porte et découvrit une pièce vide.

Bizarre… Ils se sont peut-être raté. Elle décida de retourner au foyer. Au moment où elle était en bas, elle aperçut Odd qui revenait de la forêt. Son cœur se mit à battre la chamade. Elle inspira un grand coup et se dirigea vers Odd.

«  T’avais pas dit à Ulrich que t’allais dans ta chambre ? Lui demanda-t-elle.

- Euh…si mais…je suis allé sortir un peu Kiwi, » répondit Odd.

Son chien se trouvait juste à ses pieds, la langue pendante.

«  Bon, excuse-moi, Aelita, mais je dois remettre Kiwi dans la chambre avant que Jim ne le découvre, fit Odd.

- Ouais, » fit Aelita.

Son courage l’avait totalement abandonnée. Elle n’arriverait jamais à lui parler.

Elle resta là, plantée, ne savant que faire. Odd redescendit quelques minutes plus tard et se dirigea vers le foyer. Aelita hésita encore une seconde puis l’appela.

«  Odd ! Je peux te parler une seconde ? » Demanda-t-elle.

Le jeune garçon se retourna en affichant une mine surprise.

«  Euh, oui, » répondit-il.

Aelita pris son courage à deux mains et commença à réfléchir à toute vitesse. Quelques minutes passèrent sans qu’elle dise un mot. Odd attendait patiemment. Aelita regardait ses pieds de peur de croiser le regard de Odd.

«  Allez, vas-y, tu peux le faire, » s’encouragea Aelita.

Alors qu’elle s’apprêtait à ouvrir la bouche, Ulrich arriva.

«  Alors, Odd, on la fait, cette partie de baby-foot ? Demanda-t-il.

- Ouais, ouais, j’arrive, » fit Odd en se tournant vers Ulrich.

Il se retourna vers Aelita et la regarda avec insistance.

«  Va jouer avec Ulrich, de toute façon, c’est pas urgent ce que je veux te dire, dit Aelita, les yeux toujours baissés.

- D’accord, » fit Odd.

Et il partit vers Ulrich. Décidément, Aelita était de plus en plus bizarre...

Aelita resta seule. Tout était contre elle… Elle n’arriverait jamais à l’avouer à Odd. Jamais…

Là, elle y était presque, si Ulrich n’était pas arrivé peut-être que… qu’elle lui aurait tout dit.

D’un autre côté, ça lui laissait plus de temps pour réfléchir à comment elle le dirait à Odd, à se préparer psychologiquement. Mais reculer ce moment  ne changerait pas grand-chose, elle devait lui dire et le plus tôt serait le mieux. Tant pis s’il était avec Ulrich, elle lui parlerait.

Aelita chemina donc jusqu’au foyer. Odd et Ulrich était à fond dans leur jeu et ne la remarquèrent pas. Quelques autres collégiens s’affairaient au ping-pong et devant la télé.   Aelita avait le ventre noué. Elle ne pourrait rien lui dire ici, il y avait bien trop de monde.

Soudain, elle émit un son étrange, comme un petit cri très aigu. Toute la salle se tourna vers elle. Elle afficha un sourire embarrassé et s’excusa auprès des autres collégiens. Elle s’approcha d’Odd et Ulrich qui s’étaient arrêtés de jouer.

«  Ca va, Aelita ? » Demanda Ulrich.

Aelita était toute pâle.

«  Tu vas pas nous refaire un malaise quand même, fit Odd.

- Euh…nan, ça va merci, mais, je…je voudrais… euh…Ulrich…je…pourrais parler à Odd…quelques  minutes, s’il te plaît ? bafouilla-t-elle.

- Bah, euh… si tu veux, » fit Ulrich.

Ulrich jeta des regards à Odd pour tenter de comprendre. Ce dernier lui répondit, par un regard, qu’il ne savait pas ce qu’Aelita lui voulait.

Aelita entraîna Odd en dehors du foyer.

«  Alors, qu’est-ce qui y’a ? Demanda Odd.

- Euh… alors, je… ça fait longtemps que…je voulais te…parler, commença Aelita. Je…euh… tu sais… quand… tu es tombé dans la mer numérique… ça nous a à tous fait un choc et…on s’est vraiment rendu compte…que… »

Aelita s’arrêta quelques secondes et releva la tête. Odd l’écoutait et la regardait sans expression particulière. Elle reprit :

«  Que…l’on tenait tous… beaucoup à toi »

Les sourcils d’Odd se froncèrent légèrement.

«  et…moi… je…je…j’ai pris conscience de quelque chose… »

Aelita s’arrêta une nouvelle fois. Son cœur battait très fort dans sa poitrine et ça lui faisait mal.

«  Conscience de quoi ? » Demanda Odd.

Aelita tenta le tout pour le tout. Après tout, elle ne savait pas ce que ressentait Odd, au fond.

«  Je…je t’aime, » fit Aelita d’une petite voix.

Odd écarquilla les yeux.

«  Quoi ?! Demanda-t-il.

- Je suis amoureuse de toi. »

A présent, Aelita n’osait pas regarder Odd dans les yeux. Elle avait trop peur de sa réaction.

 

Odd eut l’impression de mal comprendre ce qu’elle disait. Ce n’est pas possible, Aelita ne peut pas l’aimer, lui. Elle aime Jeremy, tout le monde le sait…Pourtant, ils s’étaient disputés il y a quelques jours. Ca collerait parfaitement. Aelita avoue à Jeremy qu’elle ne l’aime pas et Jeremy le prend mal. Mais, alors…Aelita… amoureuse de lui.

Odd avait beau être un coureur de jupons, il ne se trouvait pas souvent dans de telles situations. Aelita n’était pas comme une autre fille. C’était… Aelita.

 

Aelita sentit des larmes lui couler sur les joues. Qu’Odd ne réponde pas n’était pas bon signe.

Elle ne supporterait pas sa réaction et son état ne ferait qu’empirer. Elle le savait pourtant, elle le savait… Odd ne l’aime pas, c’est certain. Pourquoi lui a-t-elle dit ? Elle aurait tellement mieux vécu sans. Et maintenant, elle ne savait pas quoi faire, encore. Elle hésitait entre s’enfuir ou éclater en sanglot maintenant. Elle décida de prendre la première solution.

Elle échappa un petit « excuse-moi » à Odd et s’en alla.

Odd ne réagit pas instantanément.

«  Aelita, attends ! »

Aelita l’entendit mais ne se retourna pas pour autant. Si c’était pour lui dire que son amour était loin d’être réciproque, c’est pas la peine.

Ulrich qui avait vu partir Aelita en pleurs se dirigea vers son ami.

«  Il se passe quoi ? » Demanda-t-il.

Odd ne lui répondit pas tout de suite. Il avait les yeux dans le vague et semblait totalement perdu, cela ne lui ressemblait pas.

«  Euh… quoi ? Demanda-t-il.

- Qu’est-ce qui se passe ? Demanda Ulrich.

- Ah, euh… rien, tout va bien, » fit Odd.

Ulrich leva un sourcil mais n’en demanda pas plus.

«  Bon, on la finit cette partie ? Demanda-t-il.

- Euh…ouais, » fit Odd.

 

Les heures qui suivirent toute cette agitation furent pires que tout pour Aelita.

Elle ne cessa de pleurer et regrettait vraiment de le lui avoir dit. Ca ne la soulageait pas tant que ça puisque maintenant, Odd était au courant et elle avait peur du regard qu’il pourrait porter sur elle. Elle avait préféré ne pas attendre la réaction de Odd, elle la connaissait déjà trop bien. Elle se décida quand même à descendre au réfectoire. Elle y trouva Jeremy, Ulrich et Odd.

«  Salut, » dit-elle simplement en s’asseyant à leur table.

Le silence de plomb était toujours présent, peut-être même plus qu’avant. Jeremy, Odd et Aelita semblaient plongés dans la contemplation de leurs assiettes, et Ulrich les observait d’un œil interrogateur.

«  Mais, qu’est-ce qui se passe à la fin ? Demanda Ulrich, énervé par l’attitude de ses amis.

- Mais rien, enfin, Ulrich, répondit Aelita.

- Ah non, ça c’est trop facile. Je sais qu’il se passe quelque chose. Vous ne parlez presque plus, vous êtes tout le temps plongé dans vos pensées, énuméra Ulrich. Encore avant, y’avait Odd qui se posait les mêmes questions que moi, mais maintenant qu’il semble être au courant, il est devenu comme vous. Alors, s’il vous plaît, dites-moi.

- C’est parce que Odd est plus concerné que toi, mais demande donc à Aelita, c’est elle qui a tout chamboulé, » fit Jeremy toujours d’une façon aussi glaciale.

Chaque mot que prononçait Jeremy fendait un peu plus le cœur d’Aelita. Elle s’en voulait tellement de lui avoir fait tant de mal.

Ulrich se tourna vers Aelita sans vraiment comprendre. Celle-ci restait statique.

Elle leva les yeux. Ils étaient emplis de larmes.

«  Pourquoi tu fais ça, Jeremy ? C’est déjà assez dur, comme ça, » fit-elle.

Jeremy sembla réfléchir à une réponse, mais ne dit finalement rien.

Aelita sortit en courant du réfectoire. Ulrich avait observé toute la scène et était conforté dans l’idée qu’il se passait bien quelque chose.

 

Aelita courut jusqu’à sa chambre et s’assit sur son lit. Elle ne supportait plus cette situation mais elle ne pouvait plus rien faire, c’était trop tard. Des larmes lui roulèrent sur les joues. Elle ne tenta même pas de les retenir, c’était presque devenu une habitude pour elle, de pleurer.

 

Odd marchait dans le parc pour sortir son chien avant la nuit. Il réfléchissait. Tout cela le tourmentait énormément. Il n’aurait jamais imaginé une telle chose, il avait bien remarqué qu’Aelita était bizarre, en particulier avec lui, mais ça, non, jamais… Il aimait beaucoup Aelita mais comme une amie, même une sœur… Ca avait l’air de lui faire tant de mal…

Il avait vraiment été frappé par cet aveu mais il ne voyait vraiment pas ce qu’il pouvait faire pour Aelita.

Odd était relativement admiratif aussi, après tout elle était bien la seule de toute la bande à avoir avoué son amour, alors qu’elle l’avait découvert… il y a très peu de temps. Il ne savait pas vraiment quoi pensé de tout ça, c’était trop…dramatique pour lui.

 

Jeremy était monté dans sa chambre après toute cette petite agitation. A présent, il voyait bien qu’il y était allé un peu fort avec Aelita. Il faisait tout pour la faire culpabiliser, mais après tout, tout ça était peut-être sa faute ? A lui. S’il s’était plus occupé d’elle au lieu de toujours s’enfermer dans sa chambre pour travailler sur le supercalculateur peut-être que tout cela ne serait jamais arriver. Il aurait dû lui avouer son amour avant, là, il aurait eu une chance… Et tout ça à cause de sa timidité et de son incompétence dans le domaine de l’amour. Il aurait dû se lancer… Mais maintenant, ça ne sert plus à rien de se lamenter, Aelita est amoureuse de Odd et rien ne peut y changer. Mais alors que faire ? Il ne pourra jamais voir Aelita comme une simple amie, jamais. Mais ce n’était pas une raison pour la forcer à culpabiliser, il s’en rendait compte maintenant.

Il décida donc d’essayer de se changer les idées en faisant ce qu’il arrivait le mieux : l’informatique.

Il n’avait toujours pas découvert comment Odd s’en était sorti.

 

Ulrich se sentait de plus en plus exclu de la bande avec tout ce qu’on ne voulait pas lui expliquer. Le matin suivant, il posa quelques questions innocentes à Yumi :

« Jeremy s’enferme dans sa chambre depuis hier, il dit qu’il travaille sur le supercalculateur, fit-il.

- Ah, » répondit simplement Yumi.

Ulrich soupira. Même Yumi lui cachait tout. Même elle.

«  Yumi, tu peux me dire ce qui se passe ? Personne veut m’expliquer. » Se lamenta-t-il.

 Yumi sembla surprise.

«  Euh…Je sais pas si… je peux te le dire, » dit Yumi.

Ulrich détourna les yeux.

«  Vous voulez dire que vous me faites pas confiance ? » Demanda-t-il.

Yumi baissa les yeux. Il marquait un point. C’est vrai, c’est leur ami, alors pourquoi lui cacher ? Sans compter qu’elle n’aimait pas mentir à Ulrich. Oh, et puis, après tout, elle ne voyait vraiment pas pourquoi ça dérangerait Aelita si elle lui disait.

«  D’accord, je vais t’expliquer. Alors, voilà. En faisant bref, Aelita est tombée amoureuse de Odd, elle l’a dit à Jeremy qui l’a mal pris et voilà, » dit Yumi.

Ulrich resta bouche bée quelques secondes. Il ne l’aurait jamais deviné. Aelita amoureuse de Odd, c’est le monde à l’envers. Mais bon, l’amour n’obéit à aucune loi, alors… 

 Il comprenait mieux leurs comportements à présent.

«  Et après, elle l’a dit à Odd et c’est pour ça que tout le monde se sentait mal, hier soir, murmura-t-il.

 - Je suis désolée qu’on te l’ai caché si longtemps. Là, je t’ai passé les détails mais bon, ça revient au même, dit Yumi.

- Et Odd ? Il pense quoi de tout ça ? Demanda-t-il.

- Je ne sais pas du tout, répondit Yumi.

- Et toi, t’en penses quoi ? Demanda Ulrich.

- L’amour est compliqué, tout le monde le sait, donc je sais pas trop si je dois juger ou pas, » fit Yumi.

Ulrich hocha la tête.

 

Les jours passaient et Jeremy ne sortaient de sa chambre que pour aller en cours ou au réfectoire. Il avait du mal à se concentrer sur le supercalculateur, il ne cessait de penser à Aelita, à ce qui s’était passé.

Il regardait l’historique de ses manœuvres le jour de la mort virtuelle de Odd sans beaucoup de conviction, mais soudain il aperçut un petit détail qui l’attira : La programmation d’un overboard bien après le retour de ses amis sur terre. C’était plutôt bizarre, Jeremy n’avait pas le souvenir d’avoir programmer un overboard. Ou du moins, pas après. Il n’y avait aucune raison de faire ça.

Jeremy poursuivit l’historique des yeux. Cette programmation se trouvait en plein milieu de ses recherches pour faire revenir Odd. Il descendit de quelques centimètres puis remarqua la dévirtualisation de ce même overboard. Ca alors… Il réfléchit quelques secondes puis soudain…

«  Mais bien sûr ! » S’écria-t-il.

Franz Hopper avait peut-être la possibilité d’intervenir sur ses agissements. En tout cas, c’était bien la seule explication et la plus probable. Avec ça, tout pouvait s’enchaîner. Franz Hopper sort de la mer numérique avec Odd qui a perdu connaissance juste quelques secondes, il matérialise un overboard et le place très près de la mer numérique,  il y dépose Odd et l’engin le ramène sur la terre ferme. C’est tout à fait logique.

Il devait sans doute somnoler au moment où ça s’est passé, c’est donc pour ça qu’il ne l’a pas remarqué.

Jeremy décida d’aller à l’usine pour vérifier un peu tout ça.

 

Il ne restait plus que deux jours avant les vacances d’été. Aelita ne savait pas du tout ce qu’elle allait faire pendant ces vacances. Elle s’était toujours dit au fond d’elle-même que Jeremy ne pourrait pas la laisser seule et que peut-être même il l’inviterait chez lui. Mais maintenant… Ses larmes recommencèrent à couler. Elle s’en voulait tellement…

 

Quelques heures plus tard, Yumi, Ulrich, Odd et Aelita se retrouvèrent au réfectoire.

«  Jeremy est pas là ? » Demanda Ulrich.

Aucun Lyoko guerriers ne savait où il était puisqu’il n’avait prévenu personne.

Ils répondirent par un haussement d’épaules. Aelita ne trouvait pas l’appétit et regardait son assiette comme si elle pouvait voir l’avenir à l’intérieur.

«  Ca va, Aelita ? » Demanda Yumi.

La jeune fille releva les yeux mais ne répondit pas.

Soudain, Jeremy arriva en trombe à leur table. Il avait l’air plus heureux qu’avant.

«  Vous devinerez jamais ce que j’ai découvert, » fit-il.

Les Lyoko guerriers le regardèrent sans comprendre.

«  J’ai trouvé comment Odd s’en est sorti, » continua Jeremy.

C’était bon de revoir Jeremy plus souriant, décidément l’informatique était vraiment toute sa vie. Il était certes plus souriant, mais apparemment, il en voulait toujours à Odd et Aelita. On avait l’impression qu’il ne parlait qu’à Yumi et Ulrich et il avait dit « Odd » d’une manière de dégoût.

«  Ah bon ? Demanda Yumi. Qu’est-ce qui s’est passé, alors ?

- Eh bin, c’est simple, commença Jeremy. Apparemment, Franz Hopper a trouvé un moyen d’intervenir sur mes programmes et il a matérialisé un overboard. Il est sorti de la mer numérique avec Odd évanoui par le choc à son bord et il l’a déposé  sur l’overboard. Tout ça, sans doute à un moment où ma concentration m’avait lâché et où je somnolais, c’est donc pour ça que je n’ai rien remarqué.

- Oh, fit seulement Ulrich.

- Donc, en fait, c’est Franz Hopper qui a sauvé Odd ? Demanda Yumi.

- Oui, » répondit Jeremy.

Yumi sourit.

«  C’était bien plus simple que je me l’imaginais, comme quoi, il faut pas toujours chercher compliqué, » fit Jeremy.

Le reste du repas se fit en silence. Jeremy redevint maussade. Son heure de joie était terminée. Aelita n’osait pas lever les yeux, de peur de croiser le regard d’un de ses amis. Odd semblait toujours se poser des questions et Yumi et Ulrich ne préférait pas rompre ce silence, de peur d’envenimer encore plus les choses.

 

Un autre jour passa, sans encombre…

On était vendredi, les vacances arrivaient à grands pas et tous les élèves étaient surexcités.

Aelita, elle, se sentait de plus en plus mal… Elle n’avait rien à quoi se rattacher, à part peut-être retrouver son père. Elle avait l’impression d’être jugée du regard par tous les gens qu’elle croisait et encore plus par ses amis. Elle avait toujours les yeux baissés, remplis de larmes.

Ce midi, au réfectoire, tous les élèves riaient et semblaient heureux. Mais cela ne changea pas l’ambiance du repas de nos héros.

«  Je pars en vacances en août avec ma famille, dit Yumi.

- Oui, comme ça, on aura un mois pour vaincre XANA, et vous ? Demanda Jeremy en s’adressant à Odd et Ulrich.

- On part toujours en août d’habitude, je pense pas que mes parents voudront changer cette année, fit Ulrich, pas très enthousiaste à l’idée de partir en vacances avec son père.

- Moi, ça serait plutôt fin juillet, mais ça revient presque au même, » répondit Odd.

Voilà à peu près à quoi se résumaient leurs conversations, la plupart du temps, ils parlaient de XANA. Aelita n’ouvrait jamais la bouche à table depuis toute cette histoire. Personne ne lui demandait son avis alors elle n’en voyait pas l’utilité. Elle avait l’impression d’être exclue du groupe, un peu oubliée, abandonnée par ses amis. Ca faisait trop longtemps maintenant. Elle ne le supportait plus. Tout le monde la rejetait. Elle se sentait si seule. Si seulement son père était là, pour la réconforter, la consoler. Lui dire que l’amour est bien plus décevant qu’autre chose, lui dire que ce n’est pas grave, que l’on finit par oublier. Elle ne l’aurait peut-être pas crût mais au moins elle l’aurait entendu et ça lui aurait fait du bien. Là, personne ne tentait de la réconforter et vivre comme ça, elle ne pouvait pas. Elle ne pouvait pas vivre en pensant sans cesse à son amour perdu. Son premier amour déçu…Pourquoi l’amour est-il si compliqué à comprendre ? Pourquoi ça ne se passe jamais comme on veut ? Pourquoi ne peut-on jamais vivre heureux ?  Pourquoi ? Trop de questions qui restaient sans réponse. Aelita avait eu une tellement mauvaise expérience de la vie, rien dans sa vie ne s’était bien passé. D’abord, elle avait perdu sa mère. Puis, elle est emmenée par son père dans un monde totalement inconnu pour elle. Ensuite, elle perd son père et maintenant… L’amour lui en fait voir de toutes les couleurs. N’a-t-elle pas droit au bonheur ? Qu’a-t-elle fait pour mériter une vie comme celle-là ?  Peut-être que… la vie n’était pas faite pour elle. Peut-être valait-il mieux qu’elle…abandonne cette vie, qu’elle…qu’elle…

Son regard se posa sur ses couverts, en particulier son couteau. Elle l’observa, il semblait bien aiguisé même très bien.

Aelita n’avait plus rien à faire dans ce monde-là, plus rien à perdre. Ses amis ne la regretterais sûrement pas beaucoup, à cause d’elle, ils ont dû combattre XANA pendant de nombreuses années, ils n’ont pas pu vivre comme des adolescents ordinaires. Et maintenant, elle leur pourrie encore la vie avec son cœur trop instable. Mourir… oui… c’était sans doute la meilleure solution. La mort allait tout arranger, elle ne ressentirait plus rien, elle…ne pourrait plus souffrir… Plus faire souffrir… 

Aelita prit discrètement le couteau et le cacha dans sa poche.

Soudain, la sonnerie de l’après-midi sonna. Nos 5 amis sortirent dans la cour.  

Les cours de l’après-midi se passèrent normalement. Lorsque la dernière heure se termina, tous les élèves couraient et criaient dans les couloirs et dans la cour. Et oui, c’était bel et bien les vacances. Jeremy, Odd, Ulrich et Yumi ne purent s’empêcher de sourire, ils allaient avoir droit à des vacances bien méritées même si XANA n’était jamais en vacances… Aelita, elle, était restée sur sa décision, des vacances bien méritées, elle n’en aurait pas mais peu importe.

Yumi rentra chez elle et les autres amis se séparèrent.

Aelita monta dans sa chambre. Elle referma soigneusement sa porte. Un suicide devait être bien prémédité, il ne fallait pas que quelqu’un la découvre avant qu’elle…qu’elle ne… trépasse…

Elle sentit des larmes lui couler sur les joues. Elle prit un bout de papier et y griffonna quelques phrases.

 

Odd sortait son chien dans le parc, mais c’était surtout un prétexte pour penser tranquillement à… tout ça. Aelita ne méritait pas d’avoir une vie comme celle-là, elle était si douce et gentille. Pourquoi le destin s’acharne-t-il tant sur elle ? Mais lui, il ne peut pas faire grand-chose. Il ne peut pas faire semblant de l’aimer, sans compter qu’il n’a aucune envie de « se caser »… Ces nombreuses conquêtes lui donnent confiance en lui, le rassurent en quelques sortes.  Mais Aelita, elle, elle a besoin d’amour… d’un amour qu’il ne peut lui offrir, c’est Jeremy qui est amoureux d’elle, pas lui… Il aimerait tellement l’aider…Il faudrait qu’il lui parle au moins, peut-être que ce n’est qu’une petite crise passagère qui passera, bientôt, elle sera peut-être de nouveau amoureuse de Jeremy… Si c’est le cas, lui parler fera sans doute avancer les choses plus rapidement et elle ira bientôt mieux.

 

Aelita s’assit sur son lit. Elle sortit doucement le couteau de sa poche. Elle tendit son poignet gauche, puis hésita une seconde. Etait-ce vraiment la seule solution ? Se trancher les veines ? Elle n’aurait jamais imaginé qu’être au bord de se suicider puisse faire si peur… Mais elle n’avait pas le choix, vivre comme ça, c’était impossible, il fallait qu’elle mette un terme à sa vie, jamais elle ne connaîtrait le bonheur dans ce monde-là…Ca ne servait à rien…Elle vivait dans le désespoir depuis trop longtemps…

Une larme tomba sur son couteau en faisant un petit bruit métallique. Elle n’hésita plus, elle avait pris sa décision, elle ne reviendrait pas dessus…

 

Odd ramena Kiwi dans sa chambre et demanda à Ulrich  de le surveiller quelques minutes. Il ressortit et monta au deuxième étage.

 

Aelita rapprocha son couteau jusqu’à ce qu’une petite goutte de sang tombe sur le plancher. Elle hésita une dernière seconde. Puis elle s’ouvrit les veines du poignet et tout le bras gauche.

 

Odd marchait lentement dans le couloir en réfléchissant à ce qu’il pourrait dire à Aelita. Il arriva devant sa porte et frappa. Personne ne lui répondit. Il fronça les sourcils. Elle n’était pas là ? Il décida de vérifier quand même en poussant la poignée, la porte s’ouvrit.

«  Bah, Aelita t’était là, pourquoi t’as pas… AELITA ?! Qu’est-ce que tu fais ?! » Demanda-t-il affolé.

Ses poignets et ses avant-bras étaient recouverts de sang. Du sang coulait sur ses bras et atterrissait sur le lit. Elle s’évanouissait de plus en plus mais gardait son couteau. Odd se précipita vers elle et lui arracha le couteau des mains.

«  Aelita, qu’est-ce qui t’as pris ? Aelita, je t’en supplie, répond- moi ! VITE, DE L’AIDE, S’IL VOUS PLAIT, AIDEZ-MOI ! » Appela-t-il.

Des filles accoururent.

« Ah ! Qu’est-ce qui s’est passé ?

- Je sais pas, vite aidez-moi à l’amener à l’infirmerie, répondit Odd.

L ‘infirmière les reçut.

«  Oh ! Aelita, que lui est-il arrivé ? Demanda-t-elle.

- Je sais pas, » répéta Odd.

Yolande appela directement une ambulance. Celle-ci arriva quelques minutes après. Aelita fut montée à l’intérieur. Jeremy, Ulrich et Yumi arrivèrent. Ils venaient d’être prévenu par les filles.

«  Odd, qu’est-ce qui s’est passé ? C’est un coup de XANA ? Demanda Yumi.

- Non, non, je crois pas, je sais pas, je l’ai trouvée comme ça, je… »fit Odd.

Les quatre amis s’empressèrent de monter dans l’ambulance sans demander à personne  l’autorisation. Les adultes ne s’y opposèrent pas. Il fallait faire vite. Ils étaient tous affolés.

Aelita tendit son poing fermé tremblant vers Odd. Ce dernier approcha sa main. Elle lui donna une feuille couverte de taches de sang. Odd voulut voir ce qui était écrit mais Aelita l’en empêcha. Elle lui prit la main et l’approcha d’elle.

«  Plus…plus tard… Je…je suis désolée…pour XANA…et…et Lyoko… mais laissez…moi…mourir, » fit-elle en tremblant.

Odd n’osa rien répondre.

Ils arrivèrent à l’hôpital. Aelita fut emportée mais ses amis ne purent la suivre.

Ils attendirent des heures et des heures.

Jeremy faisait les cent pas dans la salle d’attente. Des larmes coulaient sur ses joues. Il ne savait pas très bien si c’était des larmes de nervosité ou de tristesse, mais ça n’avait pas beaucoup d’importance. C’était de sa faute… Aelita s’est ouvert les veines à cause de tout ça, s’il l’avait mieux pris, jamais elle ne l’aurait fait, jamais…Quelle horreur ! Aelita…au bord de la mort… Il s’en voulait tellement…tellement. Mais, que pouvait-il faire maintenant ? Il se sentait impuissant face à cela, totalement impuissant. Et si elle ne s’en sortait pas ? Jeremy devint blême. Il ne se le pardonnerait jamais si c’était le cas. Son Aelita ne peut pas mourir, ce n’est pas possible. Mais il valait mieux ne pas y penser. Ulrich le sortit brusquement de ses pensées :

«  Jeremy, s’il te plaît, assieds-toi, tu me donnes le tournis… » fit-il.

Jeremy le dévisagea une seconde puis s’assit. Pour se changer les idées, il décida de regarder son ordinateur portable pour voir si XANA ne faisait pas des siennes.

 

Yumi avait la tête dans ses mains. Elle n’aurait jamais cru ça possible de la part d’Aelita. D’accord, elle souffrait, mais quand même, se suicider, ce n’est pas une décision à prendre à la légère. Elle avait dû y réfléchir longuement avant de se décider… Pauvre Aelita…elle ne méritait pas ça. Elle mériterait un amour passionné, un amour éternel qui resterait toujours aussi fort…

Yumi avait peur pour elle. Une peur tout à fait naturelle après une tentative de suicide. Peur qu’elle meure…C’était son amie et la perdre serait atroce pour elle, pour eux, pour leur moral et pour…XANA. Même si ce n’est pas au côté pratique que l’on pense en premier dans un moment pareil, il fallait y penser tout de même. Le monde était presque perdu sans Aelita… Elle ne pouvait s’empêcher de verser quelques larmes.

 

Ulrich ne savait pas vraiment comment réagir. Aelita…qui avait été si forte jusqu’à maintenant… elle avait craquée. D’une certaine manière, il la comprenait, sa vie sentimentale était toute chamboulée et elle semblait souffrir énormément. Peut-être aurait-il fallu qu’ils lui parlent, la réconfortent… De toute façon maintenant, ça ne servait à rien d’y penser. La seule chose à quoi il fallait penser, c’était le rétablissement d’Aelita, et surtout pas sa mort, même si c’était possible, surtout ne pas y penser…Ils la connaissaient depuis longtemps maintenant, penser qu’elle pourrait ne plus être de ce monde était… vraiment insupportable.

Mourir par amour… en gros, c’était ça, Aelita avait voulu mourir à cause de l’amour. C’était une mort plutôt noble qu’il admirait beaucoup…mais c’était quand même insupportable à admettre…

 

Odd se sentait mal. Même très mal. Il regardait sa main couverte du sang d’Aelita. C’était horrible ! Il se sentait tellement coupable… Ce n’était pas sa faute si elle était tombée amoureuse de lui mais elle avait tenté de se suicider à cause de lui. Sa bonne humeur l’avait totalement abandonné pour laisser place à une culpabilité vraiment tenace… S’il était arrivé plus vite quand il l’a découverte, il aurait pu éviter ça, éviter que tout le monde souffre indirectement à cause de lui. Il ne pourrait pas vivre avec sa mort sur la conscience. Il ne pourrait pas…

Il regarda ses trois amis. Ils semblaient bouleversés tout autant que lui mais ce n’était pas de leur faute, c’était la sienne et seulement la sienne…

Il sortit la feuille que Aelita lui avait donnée et qu’il avait glissée dans sa poche. Il y avait énormément de taches de sang. Il la déplia et put quand même lire presque la totalité du texte : La voici

 

Adieu, mes amis

Je suis désolée de ce que je m’apprête à faire mais je ne peux pas vivre comme ça. Nous avons passé de magnifiques moments tous les cinq et je vous remercie de tout ce que vous avez fait pour moi…

J’ai quelques mots à vous dire à tous les quatre personnellement

 

Jeremy. Je suis désolée de t’avoir fait tant de mal, je ne voulais pas mais… je n’ai pas eu le choix. Tu es celui à qui je dois tout et je me sens honteuse de t’avoir trahi et atrocement triste. Je t’en supplie, retrouve mon père et dis-lui que je l’aime et qu’il n’est pour rien dans ma mort. Tu m’aimes et je t’en serais toujours reconnaissante, nous aurions pu vivre une véritable idylle tous les deux mais le destin en a décidé autrement…

 

Yumi. Tu as toujours été une confidente pour moi et une amie. Je te remercie de m’avoir conseillée pendant ce moment de dépression même si… ça m’a conduite jusqu’à la mort…Je suis très heureuse de t’avoir connue et profite bien de ta vie.

 

Ulrich. Je ne sais pas vraiment quoi te dire. Je te remercie simplement d’être mon ami et de m’avoir sauvée tant de fois sur Lyoko. Surtout profite de ton amour réciproque avec Yumi, il risque de te filer entre les doigts…

 

Odd. Je suis désolée…Oui, je suis désolée de t’aimer, c’est plutôt bizarre mais c’est le cas. L’amour est totalement incompréhensible parfois… Je sais que toi, tu ne m’aimes pas et c’est sans doute la principale raison pour laquelle je meure aujourd’hui, mais surtout ne te sens pas coupable parce que je te dis ça. Tu n’y est pour rien. Je suis la seule fautive. Sache simplement que je t’aime de tout mon cœur et que ça ne changera jamais…

 

Papa. Pardonne-moi, papa. Je fais confiance à Jeremy en ce qui concerne ton retour sur Terre. Je n’y serais pas et c’est pour ça que j’ai besoin de ton pardon. Je t’aime, papa…

 

Mes chers amis, détruisez XANA avant qu’il ne soit trop tard. Sans moi, vous…je suis désolée pour ça. Désactivez des tours ne sera pas possible sans moi mais comprenez-moi, je ne peux pas…

 

Adieu

 

Aelita  

 

Odd eut un horrible mal de cœur en lisant ces lignes. Aelita voulait vraiment mourir, c’est horrible ! Il ne savait pas quoi faire… La vue de cette lettre était insupportable mais elle parlait aussi de ses autres amis et il décida de la leur donner. Il s’approcha de Jeremy et lui tendit la feuille.

«  Aelita m’a donné ça dans l’ambulance, » fit-il simplement.

Jeremy leva les yeux vers Odd. Il laissa retomber ensuite son regard sur la feuille qui lui était tendue. Il hésita quelques secondes puis prit le bout de papier taché de sang. Odd retourna s’asseoir, ne voulant surtout pas revoir ces quelques lignes de désespoir.

Jeremy déplia la feuille et commença à lire. Ulrich et Yumi se rapprochèrent à leur tour et lurent eux aussi.

Soudain, un médecin s’approcha d’eux. Les quatre amis se levèrent en même temps.

«  Vous êtes de la famille de la petite Aelita ? » Demanda-t-il.

Les quatre amis échangèrent quelques regards.

«  Non, mais nous sommes des amis très proches, sa famille est au Canada, mais elle va bien ? Demanda Jeremy d’une voix tremblotante.

- Elle est dans un état vraiment critique, commença le docteur. Elle avait perdu énormément de sang. Elle vit encore  mais elle est tombée dans un coma léger qui risque de s’aggraver. Tout ce que nous pouvons faire maintenant, c’est attendre.

- Mais… elle a encore une chance… ou… pas ? Demanda Yumi.

- Oui, mais nous sommes plutôt pessimiste pour son cas, je suis vraiment désolé, » fit le médecin.

Les Lyoko guerriers baissèrent les yeux.

«  On peut la voir ? » Demanda Odd.

Le docteur hocha la tête et les emmena jusqu’à la chambre d’Aelita. Ils entrèrent et le médecin les laissa seuls.

Aelita était allongée sur le lit, les yeux fermés, sans réelle vie. Quelques tuyaux parcourait ses bras et son visage. Ses mains étaient toujours couvertes de son sang même si celui-ci ne coulait plus.

Les jeunes héros ne bougeait pas. Ils étaient à quelques centimètres de la porte et n’osait pas faire un seul geste. Ils regardaient Aelita, sans bruit.

«  Vous voyez, elle est encore vivante, fit Ulrich, d’une voix peu convaincante.

- C’est comme si elle l’était plus… » répondit Odd, pris d’un soudain découragement.

Jeremy s’approcha de quelques pas vers Aelita. Il attrapa doucement une chaise qui traînait dans la pièce et s’assit près d’elle. Il lui toucha la main ensanglantée. Celle-ci était froide, très froide. Il la prit dans les siennes pour la réchauffer.

«  Elle va mourir, hein ? fit Jeremy. Les médecins disent toujours qu’il y a une chance alors que c’est totalement faux. »

Ses trois amis n’osèrent pas répondre.

Jeremy se sentait triste, plus que triste même. Il allait perdre l’amour de sa vie. Son amour était déjà perdu mais pas elle. Il aurait supporté de ne plus être aimer mais pas de ne plus jamais la revoir. Il culpabilisait aussi mais le véritable coupable de sa mort, ce n’était pas lui. Lui, il l’aimait et il l’aurait toujours combler de bonheur. Le véritable coupable, c’était… Odd. C’était à cause de lui, tout ça. C’était à cause de lui qu’elle est tombée amoureuse et qu’elle s’est ensuite suicidée. Elle serait encore avec eux s’il n’avait pas existé.

Yumi s’approcha de Jeremy.

«  Ce n’est pas ta faute, Jeremy, elle a choisi toute seule, fit-elle pour le réconforter.

- Nan, c’est sûr, c’est pas ma faute, ce n’est pas moi qui ne l’aime pas, » fit-il en retour.

Odd releva la tête vers Jeremy. Ce dernier lui lançait un regard noir. Odd savait bien qu’il était coupable mais Jeremy n’était pas obligé de remuer le couteau dans la plaie.

Ulrich et Yumi avait très bien compris l’allusion de Jeremy  mais apparemment, ce dernier voulut s’en assurer car il continua ses accusations.

«  C’est Odd le seul et unique coupable, » dit Jeremy froidement.

Odd sentit des larmes lui monter jusqu’aux yeux. Jeremy lui en voulait énormément et il avait raison, Aelita ne serait pas morte s’il n’était pas tombé dans la mer numérique, c’est là que tout à commencer.

«  Jeremy, tu crois pas que tu y vas un peu fort ? Aelita est encore vivante, fit Ulrich.

- Oh, laisse Ulrich, Jeremy a raison, tout est ma faute, » répondit Odd.

A ces mots, Odd sortit de la pièce. Les trois amis restèrent silencieux encore de nombreuses minutes.

 

Odd sortit de l’hôpital la rage au cœur et les larmes aux yeux. Jeremy lui en voulait, c’était normal, il le comprenait très bien, mais ce n’était pas une raison pour le faire culpabiliser encore plus qu’il ne l’était déjà.

Odd était énervé contre Jeremy et contre lui-même. Il marchait dans la rue en donnant des coups de pied dans une ou deux cannettes qui barrait la route. Tout cela était trop dur pour lui, trop dur à supporter. C’était de sa faute si Aelita mourrait et il ne pouvait rien faire contre la mort. Aelita aurait mérité d’être aimé…Apparemment, ce n’était pas une petite crise passagère qui passerait tout seul, elle ne se serait pas suicider si ça avait été le cas. Mais vraiment, pourquoi est-elle tombée amoureuse de lui ? C’aurait été si simple…

Soudain, il remarqua qu’il était devant l’Ermitage. Il ne s’était pas rendu compte qu’il avait autant marché. Il décida d’y entrer. Il poussa la porte qui grinça, cet endroit n’était pas particulièrement accueillant mais ça lui rappelait Aelita vivante et amoureuse de Jeremy.

Il entra dans le salon toujours dans ses pensées. Il eut soudain l’impression que la maison entière l’accusait de la tentative de suicide d’Aelita, comme si elle l’empêchait d’aller plus loin tellement elle lui en voulait du mal qu’il avait fait à Aelita. C’était sans doute son cœur mais l’impression que c’était plus que ça le fit s’arrêter net. Les larmes qu’il avait retenu jusqu’ici tombèrent d’un coup, il n’avait pas l’habitude de pleurer mais là, il ne pouvait pas faire autrement tellement son cœur et son âme souffraient. Il n’avait jamais culpabiliser pour quoi que ce soit auparavant, c’était une grande première pour lui mais il aurait bien aimé ne jamais avoir cette impression de fautif.

Soudain, la porte d’entrée grinça de nouveau. Odd fit volte-face et attendit.  Il entendit une voix familière.

«  Odd ! Odd, tu es là ? On te cherche partout ! Odd !  »

L’intéressé ne répondit pas. Il voulait rester seul. La compagnie de ses amis ne lui était pas d’un grand secours dans l’état dans lequel il était, bien au contraire. Mais le jeune lyoko guerrier qui venait d’entrer n’avait pas l’intention de s’en aller. Odd entendit des pas rapides. Il entra dans le salon et y découvrit Odd, face à lui.

«  Odd, pourquoi tu m’as pas répondu quand je t’ai appelé ? Tu n’as pas entendu ? »

 Demanda Ulrich.

Odd se retourna et alla s’asseoir sur un fauteuil renversé.

«  J’ai envie d’être seul, fit-il simplement.

- Je comprends oui, mais tu sais, on est tes amis, on veut t’aider, » fit Ulrich.

Odd sourit ironiquement en soupirant.

«  Des amis qui me rendent coupables ? C’est vrai, on peut pas imaginer mieux, comme potes, » ironisa Odd.

Ulrich soupira et s’approcha de son ami.

«  Tu sais bien que Jeremy ne pensait pas ce qu’il disait, il est triste, comme nous tous, alors il a besoin de se trouver un coupable, c’est normal, » dit Ulrich.

Odd haussa les épaules en signe de réponse.

«  De toute façon, il a raison. Je lui en veut mais je devrais pas. C’est ma faute si Aelita va mourir. Elle ne se serait pas suicider si… enfin voilà, » fit Odd.

Ulrich ne répondit pas tout de suite. Pour le réconforter, il aurait très bien pu lui dire que ce n’était pas sa faute mais de toute façon, il ne l’aurait pas cru, alors…Mais, il ne peux pas non plus lui dire que tout est sa faute, puisque déjà, c’est pas le cas, ils sont tous un peu coupables et puis, c’est pas la peine que son moral descende encore plus.

«  C’est de notre faute à tous, répondit Ulrich. On aurait dû la soutenir…Mais, ce n’est pas une raison pour culpabiliser comme ça.

- Bah, pourquoi ? Demanda Odd.

- Parce qu’Aelita est encore vivante et que si ça se trouve, elle guérira très vite et nous n’aurons plus rien à nous reprocher, » répondit Ulrich.

Odd baissa les yeux.

«  Même si elle vit, je m’en voudrais toujours, fit-il.

- A cause de son accident ? Demanda Ulrich.

- Non, à cause du fait qu’elle m’aime et que pas moi, » s’énerva quelque peu Odd.

Ulrich baissa à son tour les yeux.

« Bin… peut-être que…qu’elle retombera amoureuse de Jeremy lorsqu’elle sera rétablie, » fit Ulrich avec très peu de conviction.

Apparemment, Odd ne le crût pas non plus car il fit un « pff » de circonstance.

«  Tu aurais été capable, toi, de mourir si Yumi t’aimait pas ? » Demanda Odd.

Ulrich fut surpris de la question mais l’air de son ami était si sérieux qu’il se mit à réfléchir à une réponse.

«  Euh…peut-être…je…je sais pas, répondit Ulrich.

- J’suis qu’un minable, fit Odd.

- Hein ? Mais pourquoi ? Demanda Ulrich.

- Je suis sûr que Jeremy et Yumi aurait répondu comme toi. Vous, vous avez un cœur qui sait aimer et mourir pour ça. Moi, je pourrais jamais… » dit Odd.

Ulrich était de plus en plus étonné par l’attitude de son ami.

« Peut-être parce que t’as jamais rencontré l’amour de ta vie, se risqua Ulrich.

- Je ne mérite aucune fille, après ce que j’ai fait à Aelita, fit Odd.

- Mais c’était pas ta faute…enfin… pas seulement ta faute ! » fit Ulrich.

Odd sentit de nouvelles larmes couler le long de ses joues.

« Je mériterais d’être à sa place, dans ce lit d’hôpital, fit Odd en baissant le ton sans vraiment s’en rendre compte.

- Mais non, enfin… répondit Ulrich. Et puis, tu vois bien que tu es capable de vouloir mourir pour quelqu’un, puisque tu veux être à la place d’Aelita. »

Ulrich avait dit cette dernière phrase d’un manière un peu ironique, pour le réconforter, même s’il savait bien que ça n’aurait aucun effet.

Mais son ami eut une réaction plutôt étrange. Ulrich s’attendait à ce qu’il fasse un nouveau soupir mais pas du tout. Il fronça les sourcils comme s’il réfléchissait. Ulrich n’avait pas tort. Pour se racheter, il serait capable de mourir à la place d’Aelita, ou du moins, de la sauver au péril de sa vie. Mais… était-ce seulement pour se racheter, alors ? Ou pour plus que cela ? Après tout, que savait-il de l’amour ? Toutes ses petites amourettes lui avaient seulement appris à draguer une fille, mais pas à en tomber amoureux. Serait-il possible qu’il soit amoureux d’Aelita ? Toutes ces idées résonnaient comme faux dans sa tête. Il l’avait déjà sauvée et il savait que, là, s’il pouvait faire quelque chose, il le ferait mais… il n’était sûr de rien… Jamais il n’avait pensé à ce genre de sentiments pour Aelita auparavant. C’était… nouveau pour lui.  Aelita lui manquait. Il s’en voulait d’être la cause de son suicide mais elle lui manquait énormément. Mais bon, ce n’était pas forcément une preuve d’amour, elle manque bien à Ulrich et Yumi, c’est normal, c’est leur amie. Mais alors, comment être sûr de quoi que ce soit ? Qu’est-ce qui serait une véritable preuve d’amour ? Mourir pour elle ? Oui, sûrement, mais le dire ne signifie pas forcément qu’il en serait capable…

Il tourna la tête vers Ulrich. Ce dernier le regardait en s’interrogeant sur sa réaction.

«  Tu crois que… que je pourrais plus que culpabiliser ? » Demanda Odd soudainement.

Ulrich leva les sourcils, toujours aussi surpris par son ami.

«  Comment ça  « plus que culpabiliser » ? Demanda-t-il.

- Bin, tu crois que ça serait possible que je me sente mal parce que…parce qu’Aelita me manque beaucoup et pas seulement parce que je me sens coupable ? » Demanda Odd.

Ulrich fronça les sourcils.

«  Euh… elle nous manque à tous, c’est sûr que ça va pas à cause de ça, » répondit Ulrich.

Odd soupira.

«  Mais, pourquoi tu me demandes ça ? Demanda Ulrich.

- Parce que… parce que je sais pas, je… je sais pas quoi penser de tout ça, commença Odd. J’ai pas l’habitude que quelqu’un me voue un amour aussi… aussi comme ça. Je…je sais pas. »

Ulrich leva un sourcil.

«  En gros, tu sais pas. Mais j’arrive pas bien à comprendre quoi. Que tu sois triste, c’est normal, on l’est tous, » fit Ulrich.

L’autre lyoko guerrier réfléchit quelques secondes.

«  Tu crois vraiment que je pourrais mourir pour Aelita ? Demanda Odd subitement.

- Euh…bah… c’est toi qui l’as dit, répondit Ulrich.

- Et c’est une preuve d’amour ? »  Demanda Odd.

Ulrich tourna brusquement la tête vers son ami.

«  Une preuve d’amour ? Bah, je sais pas, peut-être, mais…fit Ulrich.

- Je me demande si c’est possible que je sois amoureux d’Aelita, » le coupa Odd.

Ulrich tenta de ne pas montrer son étonnement. Odd venait de lui dire qu’il aimait peut-être Aelita, maintenant, alors qu’elle s’est suicidée à cause de cet amour qu’elle croyait ( que tout le monde croyait d’ailleurs… ) perdu ? Il a fallu qu’elle se suicide pour qu’il s’en rende compte ? C’est…c’est…atroce pour Aelita. Elle… ne saura peut-être jamais ce que ressent Odd.

«  Mais… t’es sûr de toi ? Demanda Ulrich.

- Nan, justement et je sais pas comment faire pour être sûr, répondit Odd.

- Ah, fit Ulrich, toujours sur le coup de la surprise.

- Je l’ai déjà sauvée, mais c’est parce que le monde en dépendait, fit Odd.

- T’es trop égoïste pour sauver quelqu’un parce que le monde en dépend, » sourit Ulrich, ironique.

Odd ne réagit même pas à ce faux reproche. Il était vraiment devenu bizarre.

«  Tu crois ? » Fit-il simplement.

Ulrich faillit en rire nerveusement. Odd était tellement « ailleurs ».

«  Odd, tu dois pouvoir savoir si tu l’aimes vraiment ou pas. Il suffit que tu…cherches, fit Ulrich sans vraiment comprendre ce qu’il disait.

- Chercher ? Mais chercher où ? Demanda Odd.

- Mais je sais pas, moi… je t’en pose des questions ? Fit Ulrich. Et puis moi, je dis seulement que si tu l’aimes, t’aurais pu faire l’effort de t’en rendre compte avant… »

Odd baissa les yeux. Oui, s’il l’aimait, ce serait encore plus sa faute si elle meurt. Elle se serait suicidée en vain, sans aucune raison. Mais se remettre à s’en vouloir ne faisait pas avancer les choses. Il ne savait toujours pas ce qu’il ressentait vraiment pour Aelita. Sa discussion avec Ulrich ne l’avait pas éclairé. Odd réfléchit encore quelques minutes à sa situation.

Mais au fond, peut-être qu’il n’avait besoin d’aucune preuve pour savoir, peut-être que… que le fait d’avoir pleuré, que le fait de souffrir tout simplement lui suffisait pour comprendre, lui suffisait pour s’avouer…

«  Je l’aime, Ulrich, » fit-il.

Ulrich le regarda.

«  Ah, bon ? Demanda-t-il.

- Oui, j’en suis sûr maintenant, » dit-il.

Les deux amis restèrent dans le silence le plus complet. Odd venait de se rendre compte qu’il aimait Aelita et elle allait peut-être mourir ! C’est vraiment du pur gâchis…Mais aucun de ses amis ne peut quelque chose pour elle, pour la faire guérir.

«  On devrait rentrer au collège, fit Ulrich. Les autres doivent nous attendre. »

Odd ne répondit pas mais il se dirigea lentement vers la porte d’entrée. Ulrich le suivit. Ils arrivèrent au collège. Il était désert. Le dernier jour de classe venait de se terminer et la plupart des élèves étaient déjà partis. Ils trouvèrent quand même leurs deux amis, assis sur un banc.

«  J’ai retrouvé Odd, » fit seulement Ulrich.

Yumi tourna la tête vers eux et sourit.

«  Ah, c’est bien ! » Fit-elle.

Jeremy n’eut aucune réaction. On aurait pu croire qu’il n’avait même pas remarqué leur présence.

«  Jeremy ? »Appela Odd.

Ce dernier tourna la tête mais ne dit rien.

«  J’suis vraiment désolé, je…je sais bien que c’est ma faute, tout ça, » continua Odd.

Le surdoué n’eut toujours aucune réaction. Les quatre amis restèrent ainsi pendant de nombreuses secondes qui paraissaient des années.

«  Je sais, mais ça ne la ramènera pas, » répondit froidement Jeremy.

La profonde tristesse de Odd se mélangea à une rage soudaine. Oui, c’était sa faute, mais Jeremy n’était pas blanc comme neige dans l’histoire. Il y était aussi pour quelque chose, il avait très mal pris le fait qu’Aelita ne l’aime plus et c’était aussi une des raisons pour laquelle elle a voulu se suicider.

«  Ca c’est sûr, mais j’ai beau être le principal fautif de son suicide, je ne suis pas le seul, » fit Odd sur le même ton.

Ces petites réflexions pleines de sous-entendu étaient pires que n’importe quelles insultes. Ces petites piques étaient insupportables. Les deux garçons se les envoyaient en ne laissant paraître aucune de leurs émotions. Ils étaient froid l’un envers l’autre. Odd avait essayé de se ranger de son côté, de s’excuser mais Jeremy était resté fermé et rancunier. Odd était donc rentré dans le jeu et maintenant, ils restaient de glace tous les deux.

Yumi et Ulrich n’osait pas dire grand chose. Leurs deux amis avaient beaucoup changé et la bonne humeur qui régnait avant dans le groupe ne reviendrait sans doute jamais. Comme si le suicide d’Aelita ne suffisait pas… Il faut en plus qu’une tension entre Odd et Jeremy ne cesse de régner. Ce n’est pas forcément ce qu’on attend d’une parfaite amitié… On en aurait presque oublié XANA…

«  Hum… Bon les gars, ça commence à faire tard, alors…je vais rentrer, à demain ! Fit Yumi puis le glissant à Ulrich : Bonne chance. »

Le samouraï virtuel lui répondit par un sourire. Yumi disparut au coin de la cour.

Un nouveau silence pesant se mis en place.

« Bon, on ferait peut-être mieux d’aller manger nous aussi, » dit Ulrich.

Les deux rivaux en amour tournèrent la tête vers Ulrich. Jeremy  se dirigea directement vers le réfectoire, tandis que Odd hocha la tête.

«  Super, ils ont perdu leur langue… » fit tristement Ulrich à lui-même.

Les garçons entrèrent dans le réfectoire où il n’y avait que très peu d’élèves et Rosa. Elle avait accepté de rester encore une semaine pour les quelques élèves qui n’était pas encore partis avec leurs parents. Cette semaine d’écoulée, ils devraient se débrouiller.

Le repas fut comme tous les moments qu’ils passaient ensemble depuis l’accident d’Aelita. Silencieux, froids et toujours cette tension qui régnait. Ulrich se sentait à part, encore une fois, le suicide d’Aelita les avait tous chamboulés, même plus que ça, les avait fait souffrir et ils s’inquiétaient pour elle mais quand même, une telle tension, c’est inhumain ! Aelita n’aurait pas voulu ça.

Soudain, Sissi arriva dans leur champ de vision. Ulrich l’aperçut et préféra détourner le regard.

« Alors, il paraît que miss nunuche aux cheveux roses est à l’hôpital ? Tu m’étonnes avec la bande d’amis qu’elle a… » déclara sournoisement la jeune peste.

Ulrich se leva d’un bond, voulant intervenir avant que ses deux amis ne réagissent.

«  Ecoute Sissi, c’est vraiment pas le moment de nous énerver, là, et puis tu sais même pas ce qui est arrivé à Aelita, alors sois gentille et dégage, » fit Ulrich.

Sissi sembla un peu choquée mais elle reprit rapidement contenance.

«  Oh, mais Ulrich chéri, ne t’énerves pas ! Moi j’y suis pour rien, et puis bon, c’est pas comme si elle allait mourir ! »fit Sissi.

Ulrich tourna les yeux vers ses amis. Odd en profita pour prendre la parole.

«  Tu es complètement à côté de la plaque, Sissi. Aelita est au bord de la mort, » dit-il toujours aussi froidement, sans laisser voir ni sa peine, ni sa rage.

Sissi resta bouche bée quelques secondes.

«  Oh, je…je savais pas, je…je suis désolée, mais…mais qu’est-ce qu’elle a ? Demanda Sissi, visiblement sous le choc de la terrible nouvelle.

- Rien qui te regarde, » répondit Jeremy, sèchement.

La jeune fille voulut répondre mais elle se ravisa au dernier moment. Elle retourna à sa table sans un mot.

Les trois garçons restèrent silencieux et immobiles encore de nombreuses minutes, plongés dans la contemplation de leur plateau. L’appétit leur manquait. Aucun des trois n’avait touché à son assiette de couscous boulettes. C’était pourtant le plat préféré d’Odd, mais le cœur n’y était pas, alors…

Le félin ne voyait pas l’utilité de rester au réfectoire s’il ne mangeait pas. Il se leva et sortit de la cantine, sans un mot. Ulrich le regarda s’éloigner. Son ami n’était vraiment plus ce qu’il était. Ce blagueur à deux balles lui manquait. Le samouraï aimerait tellement que tout redevienne comme avant, qu’Aelita revienne avec eux, qu’elle soit de nouveau la jeune fille naïve et joyeuse qu’ils connaissaient, la princesse de Lyoko. Il aimerait tellement que Jeremy redevienne leur Einstein, leur petit surdoué. Il aimerait que Odd soit encore le blagueur, l’inconscient et le spécialiste des dragues de deux semaines qu’ils avaient avant comme ami. Mais ce n’était pas possible… Si Aelita mourrait, plus jamais il ne retrouverait leur amitié comme avant. Si Aelita mourrait, aucun des Lyoko guerriers ne se le pardonnerait.

Ulrich tenta une conversation avec Jeremy.

«  Tu sais, Jeremy, il croit qu’il l’aime, » fit Ulrich.

Jeremy leva la tête, puis un sourcil en signe d’incompréhension.

«  Enfin, je veux dire, Odd croit qu’il aime Aelita, finalement, » fit Ulrich.

Jeremy écarquilla les yeux et son sang ne fit qu’un tour. Il ne put s’empêcher de crier :

«  Quoi ?! Tu veux dire qu’elle va mourir pour rien ?!

- Bin, non, pas tout à fait, mais…dit Ulrich.

- Mais si, le coupa Jeremy retrouvant un peu son sang froid. Vraiment, Odd ne mérite pas son amour. 

- Ouais, peut-être mais… de toute façon, elle l’aime, fit Ulrich.

- Et elle va mourir pour ça, continua Jeremy. Mourir parce que Môsieur s’est rendu compte trop tard de ce qu’il éprouvait. »

Ulrich baissa les yeux. Jeremy n’avait pas tort. Mais d’un côté, si Aelita ne s’était pas suicidée, jamais Odd ne se serait rendu compte de son amour pour elle. Il ne savait pas trop quoi penser. Se mettre du côté de Odd ou de celui de Jeremy.

 Il décida de ne pas répondre, cela ne ferait qu’aggraver les choses entre Odd et Jeremy. Il regrettait déjà d’avoir parlé de l‘amour qu’Odd éprouvait pour Aelita.

 

Odd marchait dans le parc, sans but. La tristesse et le désespoir avaient totalement envahi son cœur. Surtout maintenant. La culpabilité ne l’avait pas lâché et en plus de ça se rajoutait la tristesse profonde d’avoir pris conscience trop tard de son amour pour Aelita. Elle lui manquait atrocement. Jamais il n’aurait cru qu’il pourrait se sentir aussi mal sans elle. C’était plus que de la tristesse, du véritable désespoir. Il avait peur de la perdre. Peur de ne jamais pouvoir se faire pardonner. Peur de ne plus jamais la revoir, tout simplement. Il se sentait si impuissant… il ne pouvait rien faire contre la mort, rien faire pour la guérir, maintenant c’était trop tard, il n’y aura que le destin qui choisira. La vie d’Aelita ne tenait plus qu’à un fil et ce fil risquait de se rompre à tout moment, sans qu’on puisse rien faire. Cette impuissance était de plus en plus insupportable, tout comme l’attente… l’attente de quelque chose… l’attente d’une évolution de l’état d’Aelita.

Il comprenait à présent ce que pouvait ressentir Jeremy et pourquoi il lui en voulait tant. Cependant, l’amour qu’éprouvait Odd n’était pas tout à fait le même que celui de Jeremy.

Jeremy aimait Aelita et l’avait toujours aimée, alors que Odd avait aimé petit à petit Aelita, il s’était rapproché d’elle mais ça n’avait pas vraiment été un coup de foudre.

Mais tout cela ne changeait pas grand-chose, Jeremy et Odd éprouvait un énorme désespoir et la seule chose qui pouvait les consoler était le rétablissement de la princesse de Lyoko.

Mais c’était si incertain…

Odd sentit quelques larmes lui rouler sur les joues, un mélange d’inquiétude et de culpabilité.

Il commençait à être tard, et le félin virtuel se dirigea machinalement vers sa chambre.

Ulrich s’y trouvait déjà. Les deux amis n’échangèrent aucun mot. Ils vaquèrent chacun à leurs occupations puis se couchèrent, en sachant bien que dormir serait impossible.

Odd pensait et repensait toujours à Aelita, sentant son cœur se fendre de plus en plus au fil des minutes…L’état d’Aelita pouvait s’aggraver à tout moment.

Il passa une nuit blanche, tout comme ses amis.

 

Le lendemain matin, Odd ne descendit même pas au réfectoire. Il ne fit que prendre sa douche en vitesse et s’habiller, puis il alla jusqu’à l’hôpital pour avoir des nouvelles d’Aelita.

Heureusement pour lui, l’hôpital n’était pas loin et il arriva très rapidement. Il s’approcha de l’accueil.

«  Excusez-moi, madame, mais je viens pour une visite, Aelita Stones, » fit-il voulant être le plus bref possible.

La dame de l’accueil le regarda une seconde puis commença à chercher.

«  Quel nom avez-vous dit, jeune homme ? demanda-t-elle.

- Aelita Stones, elle est arrivée hier, » répondit Odd.

La femme entre deux âges chercha quelques minutes qui parurent des décennies à Odd.

«  Ah, j’ai trouvé, il va falloir que vous attendiez un médecin, je ne suis pas sûre que les visites soit autorisées, fit-elle.

- Hein ? S’étonna Odd. Mais pourtant, hier, j’étais avec mes amis et…

- Attendez un médecin, » répéta la dame.

Odd s’assit donc sur un siège et attendit. Il se rongeait les sangs, si Aelita était allée mieux, ils l’auraient laissé la voir. C’était plutôt mauvais signe… Il espérait seulement qu’elle était encore vivante… Cette pensée morbide le fit devenir blême.

Il attendit une heure, peut-être deux, avec toujours ces inquiétudes sinistres dans la tête. Enfin, un homme se dirigea vers lui, il se leva brusquement.

«  Tu es venu, hier, non ? » Fit le médecin.

Le Lyoko guerrier hocha la tête en signe d’approbation.  

«  Je ne vais rien te cacher, l’état de ton amie ne s’est en rien arrangé mais il ne s’est pas pour autant aggravé, tout est encore possible. Si tu tiens vraiment à la voir, c’est d’accord, mais surtout, fais attention, n’importe quel imprévu pourrait lui être fatal, alors ne touche à rien. »

Odd acquiesça d’un nouveau signe de tête. Le docteur l’amena jusque devant une chambre et l’invita à entrer. Odd entra donc. La chambre n’avait pas changé depuis hier. Une chambre d’hôpital tout simplement. La seule chose qui la différenciait des autres était Aelita, allongée sur le lit au milieu, toujours inerte. Il tourna la tête et vit le médecin qui l’observait de dehors, mais il n’y prit pas particulièrement garde. Il se tourna de nouveau vers Aelita et fit quelques pas vers elle. Elle n’avait plus de sang sur les mains – il avait été sans doute nettoyé. Odd la regarda ainsi quelques secondes, ne faisant plus attention au petit bip des battements du cœur d’Aelita. Il ne voyait plus qu’elle… La pièce, le lit, ses blessures, son coma, la mort si redoutée, tout avait disparu. Il ne restait plus qu’elle, bien vivante, qui souriait. Odd aimerait tellement la revoir comme ça… Mais non, pour l’instant, c’était loin d’être possible. Le félin virtuel secoua la tête pour reprendre ses esprits et faire de nouveau face à la réalité. Il soupira longuement puis prit une chaise pour s’asseoir à côté d’Aelita. Quelques larmes perlèrent au coin de ses yeux. Il ne savait pas exactement pourquoi il était venu. Voir Aelita dans cet état n’était pas particulièrement agréable, mais il fallait qu’il la voit, juste pour se redonner un peu d’espoir, après tout, le médecin avait dit que tout était possible… Il la regarda encore de nombreuses secondes, puis lui effleura la main du bout des doigts sans vraiment s’en rendre compte. Il avait besoin de lui parler, même si elle ne l’entendait pas ( ou peut-être dans son subconscient ), il ressentait ce besoin.

Il commença alors timidement :

« Aelita…Aelita, tu m’entends sûrement pas, mais…je voulais te dire que…que je suis vraiment désolé. »

Il reprit son souffle. Il avait un peu l’impression de parler seul mais peu importait, du moment qu’il lui parlait.

« Tout est ma faute, Aelita. Je sais bien que tu ne veux pas que je culpabilise mais… c’est plus fort que moi… » continua-t-il.

Il jeta un coup d’œil sur ses blessures entourées de bandages.

« Pourquoi t’as fait ça, Aelita ? Ou plutôt, tu nous manques, Aelita, tu nous manques à tous… On a besoin de toi et pas seulement pour vaincre XANA, on a besoin de toi parce que…parce que tu es notre amie et…et on veut pas que tu meures…» sanglota-t-il.

Les larmes ne cessait de couler sur son visage, mais il ne tentait pas de les ravaler.    

«  Aelita…tu peux pas mourir…tu as encore toute la vie devant toi, Aelita…tu mérites de vivre, tu es une super fille qui aide toujours les autres… tu dois pas mourir et surtout pas à cause de moi…Moi qui t’arrives même pas à la cheville et – un léger sourire se dessina sur son visage – t’es bien placée pour savoir que je dis pas ça à n’importe qui… » poursuivit-il.

Le blondinet baissa les yeux.

«  J’ai besoin de toi, Aelita… pour vivre, tout simplement…Je veux pas que tu meures… Je…je t’aime, Aelita…Plus que tu ne peux l’imaginer, alors, je t’en supplie, Aelita…vis, » finit-il.

Il s’arrêta et resta sans bouger quelques secondes. Son discours avait été dur, à dire, à penser et les larmes coulaient toujours mais il se sentait mieux. Aelita ne vivrait peut-être pas, mais il lui avait parlé.

Il se décida enfin à se lever, hésita une petite seconde, puis posa délicatement un léger baiser sur le front d’Aelita. Il sortit ensuite de la pièce, le médecin n’était plus là.

Tout à coup, il entendit son nom, suivit de nombreux pas rapides. Ses amis étaient là.

«  Odd ! Tu peux pas prévenir quand tu vas quelque part ! » fit Yumi.

Odd ne répondit pas vraiment, il se contenta d’hocher la tête.

« De toute façon, ça tombe bien, on voulait tous prendre des nouvelles d’Aelita, » dit Jeremy, toujours froidement en désignant le mur devant eux.

La conversation s’arrêta là. Il avait tous eu des nouvelles d’Aelita et sortirent de l’hôpital. L’inquiétude de tous ne s’était pas apaisée, l’état d’Aelita n’avait en rien changé.

 

Les jours passèrent, l’inquiétude restait et à cela s’ajoutait la peur d’une attaque de XANA. Si jamais ça arrivait, les lyoko guerriers n’auraient aucun moyen de la contrer. Ils seraient perdus.

Bien heureusement, cela n’arriva pas. Mais Jeremy était tout de même inquiet, XANA devait préparer quelque chose…

Les Lyoko guerriers n’allaient pas à l’hôpital tous les jours, de peur d’apprendre une quelconque aggravation de l’état d’Aelita qui pourrait amener jusqu’à sa mort.

Ils y étaient allés une seule fois depuis la visite d’Odd, seul. Il n’y avait pas eu le moindre changement… Aelita était dans le coma, elle vivait mais il n’y avait aucun moyen de la réveiller.

Un jour qu’ils étaient au réfectoire, toujours dans un silence presque complet, Jim s’approcha d’eux.

«  Le proviseur veut voir tout de suite dans son bureau, il a des nouvelles pour vous, » fit-il.

Les quatre amis comprirent instantanément qu’il s’agissait d’Aelita. L’expression de Jim était indéchiffrable, pas moyen de savoir si c’était une bonne ou une mauvaise nouvelle.

Ils se levèrent et suivirent Jim, la peur au ventre. Ils s’échangeaient des regards de temps à autre, pour voir si les autres partageaient leur inquiétude.

Ils arrivèrent enfin devant la porte du bureau du proviseur. Jim frappa et entra. Les adolescents entrèrent mais Odd eut une hésitation. Il avait trop peur d’affronter la vérité en face. Si on leur apprenait qu’Aelita allait mourir ou qu’elle était déjà morte, jamais il ne le supporterait.

«  Allez, viens Odd ! » Lui dit Ulrich.

Odd tourna les yeux vers son interlocuteur sans prononcer un mot.

Jeremy et Yumi s’arrêtèrent alors aussi.

Odd les regarda quelques demi-secondes. Il ne pouvait pas rester dehors alors que ses amis allaient enfin savoir. Il prit une grande inspiration et entra, précédé des ses amis.

Le proviseur les attendait patiemment, la mine indéchiffrable, lui aussi.

 «  Bonjour les enfants, j’ai une grande nouvelle à vous annoncer, commença-t-il. L’hôpital vient de téléphoner pour nous apprendre que l’état d’Aelita s’est un peu arrangé, mais qu’il est tout de même très instable. Elle s’est réveillée ce matin, mais elle a rapidement fait un arrêt cardiaque qui a failli lui coûter la vie. Les médecins ont pu la ranimer mais ils m’ont dit que si jamais cela se reproduisait, il est fort possible qu’elle ne survive pas. Elle s’est de nouveau réveillée ensuite et pour l’instant, ça à l’air d’aller. »

Le proviseur sourit quelque peu, pour que les 4 adolescents comprennent bien que, malgré cet arrêt cardiaque, l’état d’Aelita est en progrès.

Odd, Jeremy, Yumi et Ulrich ne réagirent pas tout de suite. L’inquiétude ne réussissait pas à s’échapper, Aelita n’était pas encore tiré d’affaire. Mais Odd était tout de même soulagé, elle était vivante, c’était déjà bien.

Un peu de joie emplissait quand même leur cœur, la nouvelle n’était pas mauvaise, peut-être pas tout à fait bonne, mais au moins Aelita vivait.

«  Euh… vous avez dit qu’Aelita était réveillée, ça veut dire qu’on peut la voir ? Demanda Yumi.

- Hum, je ne sais pas, il faudrait aller à l’hôpital pour ça, répondit le proviseur.

- D’accord, » fit Yumi.

Les 4 héros demandèrent à sortir du bureau et le proviseur accepta. Une fois dehors, les Lyoko guerriers se sentaient heureux. Aelita pouvait encore mourir mais il y avait une chance que tout redevienne comme avant. Ils sourirent, ils allaient peut-être enfin revoir leur amie consciente.

Soudain, un bip se fit entendre. Un bip beaucoup trop familier. Les amis échangèrent quelques regards, furtifs et inquiets, leurs sourires retomba instantanément. Jeremy ouvrit d’une main tremblante son cartable et y découvrit ce qu’ils redoutaient tant depuis quelques jours, XANA attaquait. Il n’eut même pas à dire quoi que ce soit, les autres avaient compris.

«  Comment on fait, là ? » Demanda Ulrich.

La réponse se perdit. Mais en avait-il vraiment une ? Aelita était certainement encore trop instable pour être transporté jusqu’à l’usine, cela pourrait la tuer. Mais d’un autre côté, s’ils ne faisaient rien, l’avenir du monde serait quelque peu compromis…Ils étaient obligés de tenter quelque chose.

«  Bon, allons déjà voir Aelita, on avisera après, » décida Jeremy.

Les autres hochèrent la tête. Ils coururent tous vers l’hôpital. Alors qu’ils entraient dans l’hôpital, ils virent le médecin qui s’occupait d’Aelita en train de traverser l’accueil. Ils se précipitèrent vers lui.

«  Docteur, est-ce qu’on peut voir Aelita ? » Demanda Jeremy.

Le médecin eut un mouvement de recul en les voyant tous arriver, puis finalement se reprit.

«  Hum, si vous voulez, mais sachez simplement qu’elle ne pourra pas vous parler, le tuyau qu’elle a dans la gorge l’en empêche, » commença-t-il.

Le médecin préférait ne pas utiliser de termes techniques avec les enfants.

«  Mais elle est tout à fait consciente de ce qui se passe et peut vous comprendre, mais faites quand même attention à ne pas la fatiguer, cela pourrait être dangereux, d’ailleurs j’aimerais rester derrière la vitre, on ne sait jamais ce qui peut arriver, » finit-il.

Les adolescents hochèrent la tête en signe d’approbation. Le médecin les emmena jusqu’à la chambre d’Aelita.

 

Il y a quelques heures de cela, Aelita s’était réveillée de sa léthargie. Tout d’un coup, elle avait entrevu des objets et elle avait cligné des yeux. La chambre d’hôpital s’était totalement ouverte à elle. Elle ne comprenait pas ce qu’elle faisait là. Elle eut soudain envie de crier, d’appeler à l’aide, mais elle se rendit bien vite compte qu’elle ne pouvait pas. Elle ouvrit la bouche  mais aucun son ne sortit. Elle sentit quelque chose qui la gênait au niveau de la gorge. Elle porta sa main à son cou, comme pour voir ce qui pouvait tant l’empêcher de se manifester, mais elle ne sentit rien d’anormal. Elle tenta de reprendre un peu ses esprits en s’asseyant un peu plus sur son lit, mais elle eut bien plus de mal qu’elle ne l’imaginait. Elle était faible et elle ne comprenait pas pourquoi. Que faisait-elle dans ce lit d’hôpital ? Que lui était-il arrivé ? Son regard parcourut toute la pièce, à la recherche d’un indice, mais rien… Soudain, elle baissa les yeux vers ses poignets, elle les sentait engourdis et un peu meurtris.

Elle y découvrit avec stupéfaction de longues cicatrices. Elle en sursauta et les bips sonores du cardioscope s’accélérèrent. Puis, d’un coup, tout lui revint. Ses problèmes de sentiments et tout ce qui s’en est suivi dont sa tentative de suicide. Elle ressentit comme un malaise, peut-être le fait d’être en vie tout simplement. Ses yeux s’emplirent de larmes. Tout allait recommencer…  

 

Les lyoko guerriers entrèrent donc. Aelita était toujours allongée, mais elle avait les yeux ouverts. Dans le vague, mais ouverts. Toujours cette profonde tristesse se lisait dans ses yeux. Elle aurait préféré qu’on la laisse mourir… C’est ce qu’elle leur avait demandé.

Lorsqu’elle vit ses amis, elle se força à sourire tant qu’elle pouvait. Mais elle remarqua bien vite que quelque chose clochait. Leur mine était mélangée entre une joie intense de revoir leur amie et une inquiétude sans objet pour Aelita.

Les quatre amis échangèrent quelques regards, puis Jeremy se décida à lui expliquer en quelques mots. Le médecin pouvait peut-être entendre, mais peu importe.

Aelita comprit instantanément leur inquiétude. Elle essaya de tendre la main vers un cahier à quelques centimètres d’elle, mais elle était encore trop faible. Yumi s’approcha, prit le cahier et le tendit vers son amie. Cette dernière la remercia d’un signe de tête et commença à écrire. Elle le posa ensuite à côté d’elle. Jeremy le prit et lut :

«  Emmenez-moi à l’usine, on ne sait pas ce que prépare XANA, la survie du monde est plus importante que la mienne ».

Il leva les yeux vers Aelita et les rabaissa ensuite. Les trois lyoko guerriers étaient tout aussi contre cette idée que leur surdoué d’ami.

«  Mais, enfin, Aelita, tu risques de mourir si tu fais ça, tu ne peux pas respirer seule ! S’écria Yumi.

- Et en plus, le médecin nous observe, on ne pourra pas t’emmener sans être vu ! » continua Ulrich.

Aelita soupira. Elle n’avais pas pensé à cela. Mais, ils n’avaient pas le choix, il fallait qu’ils sortent d’ici et aillent à l’usine. Il fallait trouver une solution. Elle reprit le cahier et écrivit en majuscule : «  On n’a pas le choix ».

Cette fois, ce fut au tour de ses amis, de soupirer. C’était vrai, évidemment, il fallait faire quelque chose… Mais Aelita venait de se réveiller, la perdre maintenant serait encore plus dur que si elle ne s’était jamais réveillée. Les 5 amis restèrent comme cela quelques minutes. Puis, Jeremy rompit ce silence.

«  Peut-être que si on demande au médecin de nous aider, il acceptera. Il pourra sûrement faire survivre Aelita jusqu’à l’usine, » fit-il.

Ses amis le dévisagèrent quelques secondes. C’est vrai que c’était un peu du n’importe quoi, le médecin ne les croirait sûrement pas, Jeremy se rendait compte que son bon sens et sa logique l’avait un peu abandonné… Mais il ne voyait pas d’autres solutions pour qu’Aelita vive jusque sur Lyoko.

«  Bah, on peut toujours essayer, » continua-t-il en haussant les épaules.

Aelita reprit son cahier et écrivit nerveusement : «  On n’a pas le temps, distrayez le médecin et emmenez- moi sur Lyoko ! ».

C’était une idée, évidemment mais Aelita ne pourrait pas tenir sans oxygène jusque sur Lyoko, alors il valait mieux mettre du temps mais prendre des précautions que foncer tête baissée. Jeremy lui fit remarquer et Aelita ne répondit ou plutôt n’écrivit pas.

«  Moi, je voterais plutôt pour l’idée de Jeremy, » fit Odd.

Ulrich et Yumi acquiescèrent.

«  Bon, d’accord, alors, je vais parler au médecin et vous, vous restez avec Aelita, » fit Jeremy sans laisser le temps à ses amis de protester. 

Il sortit rapidement de la salle et se précipita vers le médecin. Il lui expliqua prestement ce qu’ils attendaient de lui et pourquoi, puis Jeremy attendit sa réaction.

Le médecin resta perplexe quelques secondes, puis se décida à répondre.

«  Hum, je ne sais pas si vous êtes fous ou seulement du genre à faire des plaisanteries douteuses, mais je ne prends pas, c’est hors de question ! » Dit-il.

Jeremy chercha un moyen de convaincre son interlocuteur. Juste à ce moment là, un cri strident se fit entendre. Ils se tournèrent tous deux, machinalement, dans la direction du bruit et ne tardèrent pas à voir une femme, tentant d’échapper à son téléphone fixe qui la poursuivait sans relâche, en lançant quelques décharges électriques. De nombreux autres cris et des bruits plutôt suspects suivirent, provenant des autres chambres.

«  Qu’est-…Qu’est-ce que c’était que ça ? Demanda le médecin, paniqué.

- Vous me croyez maintenant ? C’est XANA, un programme informatique fou, qui a prit possession de tous les appareils électroniques de l’hôpital, et peut-être même de la ville. Le seul moyen de l’arrêter, c’est qu’Aelita aille sur Lyoko et désactive la tour ! » S’écria Jeremy.

Le docteur hocha la tête.

«  D’accord, je vais vous aider, » fit-il, toujours aussi affolé.

Ils rentrèrent alors dans la chambre d’Aelita. Ils furent plutôt surpris du spectacle qui s’offrait à eux. Yumi se battait contre un défébrilateur tandis que Ulrich et Odd tentait de se défendre contre le respirateur artificiel d’Aelita. Cette dernière commençait à être en manque d’oxygène, l’appareil s’étant débranché, il ne lui envoyait plus rien. Le médecin s’approcha d’elle et décrocha le tuyau qui ne lui servait plus à rien. Il lui mit à la place une sorte de ballon et commença à ballonner au rythme du cœur.

«  Vite, il faut sortir de là ! » S’écria Jeremy.

Les trois amis se battaient toujours, donnant des coups de pieds et des coups de poings à ces appareils électriques mais ces derniers étaient très résistants et ils lançaient de nombreuses décharges difficiles à éviter.

Le lit d’Aelita était à roulettes et donc facile à transporter. Le médecin poussa le brancard jusqu’à la porte et sortit avec Jeremy. Ulrich, Odd et Yumi coururent vers la porte tout en essayant d’éviter les jets d’électricité de leurs adversaires. Ils se précipitèrent à l’extérieur et refermèrent la porte juste derrière eux. Ils eurent à peine le temps de reprendre leur souffle qu’ils furent assaillis par le distributeur de boisson de l’accueil. Ce dernier lança une décharge électrique  sur Yumi. Ulrich la poussa pour lui faire éviter le tir et le reçut à sa place. Il fut projeté contre une porte et retomba lourdement sur le sol. Yumi se précipita vers lui, suivit de Odd. Ulrich était un peu sonné et avait un peu mal mais il n’avait aucune blessure apparente. Ses deux amis l’aidèrent à se relever et à rejoindre les autres.

Ils reprirent tous ensemble leur course et sortirent de l’hôpital en courant. Là aussi, de nombreux appareils électroniques poursuivaient leur propriétaire, provoquant des coups de klaxons et des embouteillages. Une décharge électrique s’abattit sur une roue du brancard d’Aelita qui se décrocha, ce qui fit faire au brancard un petit saut inattendu. Le médecin faillit trébucher mais il se retint au dernier moment en déréglant un peu la respiration d’Aelita. Il se reprit et les lyoko guerriers purent reprendre leur course jusqu’à l’usine. Alors qu’ils arrivaient sur le pont de cette dernière, ils découvrirent avec effroi qu’une dizaine d’appareils ménagers, allant du micro-onde à la machine à laver en passant par la cafetière, se trouvait en ligne devant eux, leur barrant la route. Les décharges fusèrent et toute la bande se cacha derrière un buisson pour les éviter.

«  Bon, Yumi et moi, on va faire diversion pendant que vous, vous foncez à l’usine, dit Ulrich.

- Euh…ça serait peut-être mieux si c’était moi qui distrayait les machines avec Yumi, tu t’es pris une décharge, je te rappelle, tu seras plus utile sur Lyoko, » fit Odd.

Ulrich sembla réfléchir puis acquiesça d’un signe de tête. Le groupe se sépara alors en deux, d’un côté Yumi et Odd et de l’autre Jeremy, Ulrich et le médecin avec Aelita sur le brancard, moitié consciente, moitié endormie.

 

Yumi et Odd firent de grands signes aux appareils de la maison. Ces derniers se tournèrent tous vers un gros lave-vaisselle qui lança une petite décharge et un son qui ressemblait énormément à un grognement. Toutes ces machines prirent alors d’assaut les deux lyoko guerriers qui coururent pour les emmener le plus loin possible.

 

Le reste de la bande profita de l’occasion pour courir vers l’usine mais malheureusement, le gros lave-vaisselle se trouvait toujours devant l’usine, bien ancré dans le pont. Lorsqu’il aperçut ses ennemis, il leur lança de nombreuses décharges. Ulrich sauta en l’air pour en éviter une tandis que Jeremy se baissait pour en éviter une autre. Un autre tir s’écrasa sur le lit d’Aelita qui se fracassa sur la barrière. Le médecin et Aelita furent secoués mais heureusement, pas projetés dans l’eau. Aelita sembla ouvrir un œil et regarder de tout côté pour tenter de comprendre ce qui lui arrivait mais personne n’y prêta attention, trop occuper à survivre. Le brancard était à présent inutilisable : Il fumait d’une drôle de manière et il était presque cassé en deux. Le médecin prit l’ange dans ses bras, tout en essayant de continuer à ballonner. Ils revinrent tous deux vers Jeremy et Ulrich qui courait vers l’usine. Ulrich aida le médecin à porter Aelita, mais un tir du lave-vaisselle le projeta vers l’avant. Il poussa un cri de surprise. Jeremy lança un caillou en direction de la machine qui atterrit en plein sur ses boutons. Il émit un petit grésillement mais repartit rapidement à la charge. Ulrich se releva tant bien que mal. Une douleur commençait à le tenailler sérieusement, il marcha vers l’intérieur de l’usine, ne sachant pas exactement où se trouvaient ses amis. Jeremy aida le médecin à porter Aelita et ils arrivèrent enfin dans l’usine. Même si le temps pressait, il leur était impossible de descendre par les cordes avec Aelita avec eux. Ils coururent alors vers la gauche pour trouver un autre passage.

Une fois en bas, dans le monte-charge, le médecin se décida à poser un question.

«  Vous…vous vous rendez compte que l’on vient de risquer notre vie ? Et… et vous faites ça souvent ?! » Demanda le médecin, essoufflé.

Ulrich et Jeremy échangèrent un regard.

«  Bin…oui, » fit Jeremy.

Le médecin posa délicatement Aelita par terre tout en continuant de lui envoyer de l’oxygène.

«  Je…je n’ai jamais gardé quelqu’un en vie de cette manière, et…et je crois pas que je voudrais recommencer de si tôt, » continua le médecin.

Les portes du monte-charge s’ouvrirent, laissant apparaître le labo.

«  Qu’est…qu’est- ce que c’est que ça encore ? Demanda le médecin, ébahi devant tant de découvertes presque surnaturels.

- Le pupitre de commande du super-calculateur, faites pas attention et maintenant suivez Ulrich jusqu’à la salle des scanners, posez Aelita dans l’un des caissons et remontez ! » Dit Jeremy se précipitant vers son fauteuil habituel et commençant déjà à pianoter sur son clavier.

Ulrich appuya sur le bouton adéquat et le monte-charge descendit vers la salle des scanners. Il se rouvrit et Ulrich porta Aelita jusqu’à un scanner tandis que le médecin ballonnait. Il regardait avec un air légèrement ahuri tout ce qui se trouvait devant ses yeux mais avant qu’il ait pu dire un mot, Ulrich lui dit :

« Arrêtez de vous poser des questions et dépêchez-vous plutôt ! »

Le médecin baissa les yeux sur lui toujours avec le même regard. Ils arrivèrent tous les trois devant un scanner et Ulrich y posa Aelita. Le médecin fut contraint de lâcher le ballon.

«  Mais…commença-t-il.

- Ne vous inquiétez pas pour elle, vous pouvez remontez, maintenant, merci de votre aide, » fit Ulrich, se précipitant dans un autre scanner.

Le médecin hocha la tête et se dirigea vers le monte-charge.

«  Vite Jeremy, Aelita ne tiendra pas longtemps sans oxygène ! Dit Ulrich.

- Oui, oui, j’y suis : Transfert Ulrich, transfert Aelita, scanner Ulrich, scanner Aelita, virtualisation ! Répondit Jeremy. Puis dans son for intérieur : Pourvu que ce ne soit pas trop tard. »

Les deux lyoko guerriers atterrirent sur le sol de Lyoko quelques secondes plus tard. Aelita fut plus que surprise de se trouver là. Elle n’avait même pas le souvenir d’être sorti de l’hôpital. La dernière chose dont elle se souvenait, c’était les appareils électriques de sa chambre devenant vivants. Soudain, une voix la fit sortir de ses pensées.

«  Aelita ? Aelita, ça va ? Demanda Ulrich.

- Euh… oui, je crois, fit Aelita.

- Ah, ça faisait longtemps qu’on avait pas entendu le son de ta voix, » dit Ulrich en souriant.

Aelita le lui rendit même si elle ne comprenait pas tout à fait le sens des ses paroles. Elle avait dû rester dans le coma plus longtemps qu’elle ne le pensait…

D’un côté, ça lui faisait bizarre à elle aussi, qu’elle puisse parler, il y quelques heures ( ou peut-être quelques minutes, elle n’avait plus bien la notion du temps ) elle avait encore un tuyau dans la gorge pour respirer et maintenant, elle pouvait parler librement comme si de rien n’était. C’était sans doute ça, la magie de Lyoko, si on se fait mal sur Terre, il n’y a plus aucune trace lorsque l’on va sur Lyoko. Mais, malheureusement, ce n’est que les blessures physiques que le monde virtuel peut enlever, les blessures du cœur, elles, ne peuvent jamais être ôter, où que l’on soit… Et même lorsqu’on a l’impression d’avoir trouvé la solution pour ne plus souffrir, on nous ôte le droit d’exécuter notre pensée… Si c’est ça la vie, Aelita n’en veut pas.

«  Hum, Aelita ? Tu sais, je…je suis désolé, fit Jeremy.

- Ce n’est pas vraiment le moment, il faut qu’on désactive la tour, répondit Aelita.

- Oui, surtout que Yumi et Odd ne tiendront sûrement pas longtemps face à des dizaines et des dizaines de machines. Jeremy, tu nous envoies nos bécanes ? » Fit Ulrich.

Jeremy envoya l’overbike tandis qu’Aelita déploya ses ailes.

 

Odd et Yumi courait toujours pour emmener les machines le plus loin possible. Mais alors qu’ils tentaient de gagner du temps en passant par la forêt, Yumi trébucha sur une racine.

Odd l’aida à se relever mais les appareils ménagers étaient déjà en train de leur tirer dessus. Ils se cachèrent derrière un arbre.  Les décharges fusaient de tout côté.

«  Il faut qu’on tente quelque chose, dit Yumi. On tiendra pas longtemps en se cachant ici. »

Odd sourit.

«  Je crois que j’ai une idée, » fit-il.

 

Sur Lyoko, Ulrich et Aelita étaient en chemin vers la tour et pour le moment, aucun monstre ne leur apparaissaient. Soudain, un tir dévirtualisa le véhicule d’Ulrich. Ce dernier sauta de son overbike avant qu’il n’explose et atterrit sur le krabe qui venait de tirer. Il planta son sabre en plein dans l’œil de XANA. Les deux lyoko guerriers n’était maintenant plus qu’à quelques mètres de la tour, mais devant eux se dressait une dizaine de krabes, une demi-douzaines de frôlions et William.

«  Tu t’occupes des monstres et je m’occupe de William, » fit Ulrich.

 L’ange aux cheveux roses acquiesça. Elle fondit sur un krabe tel un aigle qui se jette sur sa proie avant de lui lancer un champ de force. Un frôlion la toucha et elle s’écroula sur le sol de Lyoko.

Ulrich utilisa son supersprint pour arriver à la hauteur du xanaguerrier. Là, un long combat commença. Ulrich passait son temps à tenter d’éviter l’épée de son adversaire. Il se baissa, sauta, fit un pas de côté et puis un autre. Il bloqua ensuite l’épée de William avec ses deux sabres pour éviter de reculer encore. Il tint quelques minutes avant de devoir faire un saut en arrière pour éviter le coup d’épée de son ennemi.

 

Odd sortit de sa cachette et interpella les machines.

 «  Eh ! Grosses machines de maison, v’nez un peu m’attraper !! »

Tous les monstres se tournèrent dans sa direction et l’assaillirent de tirs. Odd sauta en l’air pour en éviter un, mais alors qu’il retombait sur le sol, un autre tir le toucha au bras.

Un petit micro-onde se dirigea vers lui, mais lorsqu’il passa à côté de l’arbre de Yumi, cette dernière lui asséna un coup avec une branche morte. Le petit appareil laissait apparaître quelques petites étincelles. La branche morte avait été réduite en morceau. Yumi courut jusqu’à Odd tout en évitant les décharges des autres usagers.

«  Ca va ? Lui demanda-t-elle.

- Ouais, juste un peu mal, » répondit Odd. 

Un tir les frôla et il se cachèrent de nouveau derrière un arbre.

«  Il faudrait qu’on se trouve quelque chose de plus solide que des branches mortes, » fit Yumi.

Odd hocha la tête.

«  Si on arrive jusqu’à la cabane du jardinier, on pourra trouver des armes plus efficaces, » répondit-il.

Yumi acquiesça d’un signe de tête. La cabane qu’ils voulaient atteindre devait être à une centaine de mètres à gauche. Ca ne sera pas facile de ne pas se faire toucher.

 

Aelita se releva et repartit à l’assaut des monstres. Elle lança un champ de force sur un frôlion qui explosa. Un tir d’un krabe fut lancé vers elle mais elle l’évita de justesse.

Ulrich se battait toujours avec William, enchaînant coups de sabres , coups de pieds et esquive. Alors que  William l’assaillait de nombreux coups d’épées tous évités, Ulrich sauta le plus haut possible et donna un coup de pied à son ennemi en pleine tête. William fut déstabilisé quelques secondes, ce qui permit à Ulrich de prendre l’avantage. Il planta ses deux sabres dans le ventre de William. Ce dernier se dévirtualisa sous le choc, mais avant de disparaître, il renvoya le lyoko guerrier sur Terre. Ulrich remonta au labo.

«  Ulrich, je n’ai pas de nouvelles d’Odd et Yumi, dit Jeremy. Tu ferais mieux d’aller voir.

- Ok, » fit Ulrich en repartant vers l’ascenseur.

 

Aelita redéploya ses ailes et lança deux champs de force sur les frôlions. Ils se dispersèrent et une seule arme de l’ange toucha sa cible. Aelita descendit en piqué vers les krabes qui lui tiraient dessus. Elle évita quelques lasers et se réfugia derrière un krabe qui reçut les tirs des autres monstres  à la place de la jeune fille. Elle lança un champ de force sur un krabe qui explosa.

 

Odd et Yumi couraient en direction de la cabane. Derrière eux, les machines xanatifiées leur envoyaient de nombreuses décharges électriques. Les arbres de la forêt les protégeaient un peu de tous ces tirs. Mais malheureusement, les monstres ne visaient pas toujours mal et Yumi fut touchée à la jambe, ce qui la fit tomber. Odd l’aida à se relever et la course reprit. Cette fois, ce fut au tour de Odd de se faire toucher. Il fut projeté en avant en poussant un cri. Yumi l’aida à se remettre debout et ils arrivèrent enfin à la cabane du jardinier. Ils se réfugièrent à l’intérieur pour avoir quelques secondes de répit.

 

«  Aelita, tu n’as plus que 50 points de vie ! » Prévint Jeremy.

L’ange virtuelle venait de recevoir un tir de frôlion. Elle riposta en lui envoyant en champ de force.

«  Jeremy ! Quelqu’un pourrait venir m’aider ? Parce que je m’en sors plus avec tous ces monstres ! Fit Aelita.

- Euh… oui, j’appelle Odd et Yumi ! » Répondit Jeremy.

Aelita fit disparaître le sol sous un krabe. Il tomba d’une traite dans la mer numérique.

 

Le téléphone de Yumi sonna.

«  Allô ? Jeremy ? Fit-elle.

- Oui, vous vous en sortez comment ? Demanda l’intéressé.

- Mal, répondit la jeune geisha.

- Ah. Ulrich vient vous aider. Il faudrait que l’un de vous deux vienne sur Lyoko. Aelita a du mal toute seule, expliqua le petit génie.

- D’accord », dit Yumi.

Elle raccrocha et expliqua la situation à Odd.

«  J’y vais, fit-il pour toute réponse.

- D’accord, » répondit Yumi.

Les appareils bombardaient le refuge des lyoko guerriers. Il ne fallait pas rester là.

Odd regarda par une fenêtre. Il n’y avait aucun monstre.

«  On peut passer par là, » fit-il.

Yumi prit avec elle une hache pour couper le bois et une tronçonneuse. Odd ouvrit la fenêtre et les deux amis sortirent de la cabane discrètement. Odd se mit à courir pour arriver jusqu’à l’usine et Yumi appela Ulrich sur son téléphone.

 

Ulrich courait dans la forêt, à la recherche de ses amis. Son téléphone sonna.

«  Allô ? Yumi ? Demanda-t-il.

- Ulrich ? Oui, c’est moi, je suis à côté de la cabane du jardinier, rejoins-moi là-bas, dit Yumi. Odd est parti sur Lyoko.

- J’arrive, » fit Ulrich avant de raccrocher.

 

Aelita se battait toujours contre les monstres. Elle détruisit un krabe grâce à ses champ de force et un frôlion grâce à la stupidité de ces monstres. Il avait explosé sur un mur en essayant d’atteindre Aelita.

«  Aelita, Odd arrive ! » Dit Jeremy.

Aelita aurait préféré Yumi, mais tant pis. Elle avait relâché sa vigilance une seconde et un krabe l’avait touchée.

Odd fut virtualisé. Avant de toucher le sol, il lança une flèche laser sur un krabe qui explosa.

Aelita continuait de son côté avec les frôlions.

 

Ulrich arriva enfin jusqu’à Yumi. Les machines mitraillaient toujours la cabane. Yumi tendit la tronçonneuse à Ulrich.

« Comme au bon vieux temps ? » Fit Ulrich.

Yumi lui sourit.

«  Alors, on fonce dans le tas ou on ruse ? Demanda Yumi.

- J’ai toujours eu tendance à foncer dans le tas, mais si t’as une autre idée… dit Ulrich.

- On a essayé quelques diversions avec Odd, mais ça a pas marché des masses, alors… » répondit Yumi.

Les deux amis s’étaient compris et ils se préparèrent à l’attaque.

 

Aelita venait de détruire les deux frôlions restants, mais il ne lui restait plus que 20 points de vie. Odd évitait les tirs des krabes et en lançait à quelques reprises. Deux krabes furent envoyés au paradis des monstres.

 

Jeremy pianotait sur son clavier avec le médecin à côté de lui qui restait silencieux. Tout cela le dépassait. Soudain, un bruit les firent se retourner. Le lave vaisselle du pont venait d’arriver dans le labo. Il projeta le docteur sur un mur et lança une décharge à Jeremy qui l’évita de justesse.

 

Yumi et Ulrich coururent jusqu’aux monstres et commencèrent  à en détruire le plus possible. Yumi fut encerclée par des machines mais elle sauta au-dessus d’un monstre. Ce dernier lui lança une décharge électrique qui la ramena au sol brutalement.

« Yumi ! » Cria Ulrich.

 

Odd lança une flèche laser sur un krabe tandis qu’Aelita détruisait le dernier monstre. L’ange se précipita vers la tour. Odd et Aelita ne s’était pas adressé une  seule parole ou même un seul regard. Ils s’en voulaient chacun à eux-même à cause de ce qui arrivait à l’autre. Cela valait surtout pour Odd mais Aelita n’était pas loin de ça non plus. Simplement qu’elle, elle avait trouvé la solution à son problème…

 

Jeremy fut attrapé par le lave-vaisselle et il fut parcouru d’électricité. Il poussa un long cri de douleur.

 

Aelita montait au deuxième étage de la tour.

 

Yumi reçut un autre tir et les appareils la visaient, prêts à tirer. Ulrich s’interposa et il réussit à en parer quelques-uns avec sa tronçonneuse. Il reçut les autres.

« Ulrich !» Cria Yumi.

 

Aelita fut reconnue par la tour et tapa le code Lyoko.

«  Tour désactivée, » dit-elle.

 

Jeremy fut lâché par le lave-vaisselle qui s’écroula par terre.

 

Ulrich et Yumi virent les monstres s’écrouler aussi, mais ils n’eurent la force de faire aucun mouvement.

 

«  Retour vers le passé »

 

Tous les héros se retrouvèrent dans la chambre d’Aelita. Ils poussèrent un soupir de soulagement. Aelita pouvait de nouveau plus parler. Cela la ramena rapidement à la réalité.

«  Aelita, tu es en bonne voie de guérison, alors c’est une belle journée ! » Fit Yumi.

Les trois garçons de la bande sourirent. C’était vrai. Aelita allait peut-être guérir, alors ils étaient heureux. Pourtant, Aelita ne souriaient pas, elle. Elle voulait mourir et on l’en avait empêcher. Tout allait recommencer. Sa vie serait un vrai cauchemar… et elle devrait tout reprendre à zéro.

Ses amis décidèrent de la laisser se reposer. Ils retournèrent au collège avec un poids en moins sur le cœur.

 

Les jours passèrent et Aelita fut tentée à maintes reprises de se glisser jusqu’à la prise de son respirateur afin de le débrancher. Mais, soit elle n’en eut pas le courage, soit une infirmière arrivait à ce moment-là.

Odd était décidé à dire vraiment à Aelita ce qu’il ressentait. Cela ne ferait qu’arranger les choses et elle retrouverait peut-être un peu de joie.

Jeremy voulait s’excuser auprès d’Aelita pour son attitude. Il l’avait sans doute trop mal pris, mais il n’avait pu faire autrement, il aimait tellement Aelita…que de la voir lui glisser entre les doigts était quelque chose d’horrible à admettre.  Il savait maintenant que l’amour de ses deux amis était réciproques et il en souffrait, mais il n’avait pas le droit de s’opposer à cette réciprocité… Odd avait pris sa place… et il espérait bien qu’un jour, il s’en remettrait.

 

Au bout d’une semaine et demi, les lyoko guerriers décidèrent de retourner à l’hôpital pour voir l’évolution de l’état de leur amie. Jeremy alla à l’accueil pour demander des nouvelles et la dame lui dit que la chambre qu’il lui indiquait était vide. Il la remercia et revint vers ses amis et leur expliqua.

«  Mais, c’est pas possible ! Fit Yumi.

- On nous a même pas prévenus ! Continua Ulrich.

- Elle s’est peut-être trompée ! Finit Odd.

- Non, la chambre d’Aelita est bien vide, elle me l’a affirmé, dit Jeremy.

- Mais, alors, où est Aelita ? » Demanda Yumi.

Personne n’avait la réponse. Une lueur d’inquiétude se lut dans leurs yeux.

Soudain, quelqu’un les interpella :

«  Eh ! les amis ! »

Ils se retournèrent et virent…Aelita ! Ils se précipitèrent vers elle.

«  Qu’est-ce qui s’est passé ? Demanda Yumi.

- Pourquoi on nous pas prévenus que tu sortais ? » Demanda Ulrich.

D’autres questions similaires à celle-ci se perdirent dans le brouhaha causer pas les quatre amis.

Le médecin qui était avec Aelita ne put s’empêcher de rire.

«  Je viens juste d’appeler votre collège, si vous étiez rester juste quelques minutes de plus là-bas, on vous aurait sûrement prévenus, ne vous inquiétez pas ! Fit-il. Aelita va beaucoup mieux maintenant. Son corps s’est très bien défendu contre cette perte de sang. 

- Alors, ça veut dire qu’elle peut revenir avec nous ? Demanda Jeremy.

- Oui, exactement, » fit le médecin.

Les quatre amis poussèrent un cri de joie et enlacèrent leur ange virtuelle qui leur manquait tellement.

La bande enfin réunit sortit de l’hôpital, tous joyeux et le sourire jusqu’aux oreilles, sauf Aelita, évidemment…

Ils parlaient de choses et d’autres et Aelita essayait de s’intéresser, malheureusement en vain…Ses amis se rendaient bien compte qu’elle n’allait pas bien, mais ils ne trouvaient rien à lui dire qui pourrait la consoler. Une fois au collège, Yumi repartit chez elle. Aelita se laissa tomber sur un banc entourée des trois garçons.

«  Hum, bon, bin, moi, je vais monter dans ma chambre, fit Ulrich, encore content de te retrouver, Aelita. »

Les trois membres du dilemme amoureux restaient silencieux. Sachant chacun que tout était leur faute. Jeremy se décida :

«  Aelita, je suis vraiment désolée pour le mal que je t’ai fait…je n’aurais pas dû réagir comme ça, alors, j’espère que tu me pardonnes »

Aelita sentit les larmes lui monter aux yeux. Elle leva ces derniers vers son ancien amour.

«  Je te pardonne, Jeremy, mais tu n’est pas fautif, c’est moi, » fit-elle.

Jeremy ne sut que lui dire et il se contenta de lui effleurer la main et de partir après un bref « à tout à l’heure ».

Odd s’assit à côté d’Aelita et soupira.

«  Aelita… »commença-t-il.

Aelita ne tourna pas la tête, elle ferait tout pour ne pas affronter son regard.

«  Aelita, j’ai quelque chose à te dire, » dit Odd.

Aelita n’eut pas la moindre réaction, elle restait les yeux collés au sol.

«  Aelita, regarde-moi, s’il te plaît »

L’intéressée soupira et tourna le regard vers son interlocuteur.

«  Je…tu sais ce que tu m’as dit quand je suis tombé dans la mer numérique ? » Demanda Odd.

Aelita hocha la tête.

«  Je crois bien que… qu’il m’est arrivé à peu près la même chose, » dit Odd.

Aelita le regarda avec un peu plus d’insistance.

«  Je… »

Odd soupira et reprit :

«  Je t’aime Aelita ! » Finit-il.

La jeune fille le regarda sans dire un mot. Elle crut que son cœur allait sortir de sa poitrine, tellement il battait fort.

«  Co…comment ? Demanda-t-elle.

- Je pense que tu as compris, Aelita, » répondit Odd.

Aelita eut un élan de joie. Elle sauta             au cou d’Odd et l’embrassa. Odd en fut déstabilisé et il faillit chuter du banc. Aelita relâcha son étreinte, voyant que son bien-aimé tombait.

«  Désolée, » fit-elle.

Odd se remit totalement en place et réfléchit une seconde à ce qu’il pourrait dire. Finalement, ce n’était pas compliqué.

«  Non, Aelita, ne le sois pas, répondit-il.

Aelita tourna la tête vers lui et Odd mit une main sur sa jour avant de l’embrasser doucement  mais amoureusement. Aelita était toute confuse, elle ne savait plus quoi penser, comment réagir, tout ce dont elle était sûr, c’était qu’elle se sentait bien, merveilleusement bien. Enfin, elle se sentait heureuse ! Enfin… Elle avait été tellement surprise de cette révélation…mais tellement heureuse aussi ! Elle nageait dans le bonheur complet, elle se sentait aux anges. Mais, une partie d’elle-même sans voulait toujours vis à vis de Jeremy… mais pendant ce baiser qu’elle avait toujours attendu, elle préférait ne penser qu’à une chose : Le bonheur d’aimer et d’être aimé ! 

 

 

 

FIN

 
 

Commentaires
 
Note :
17
Commentaire de Yumi01 - Posté le 01-01-2016 à 18:02

C'est super même si je préfère Jérémie et Aelita ensembles ta fic est super et Aelita et Odd vont quand même bien ensembles.

Note :
1
Commentaire de Aelita-Soleil - Posté le 16-09-2014 à 19:55

Pas Odd et Aelita ensemble:-( :-( :-( :-( :-( :-( :-( :-( :-( :-( :-( :-( :-( :-( :-( :-( :-( :-( :-( :-( :-( :-( :-( :-( :-( :-( :-( :-( :-( :-( :-( :-( :-( :-(

Note :
5
Commentaire de jeremiebelpois47 - Posté le 11-09-2013 à 19:19

L'histoire est bien mais je n'aime pas ton concept d'amour entre odd et aelita car je pense que celà n'arrivera jamais dans la série mais si je sais que c'est une fiction mais bon j'espère quand même que tu feras d'autres fan fictions.

Note :
0
Commentaire de Riri58 - Posté le 11-03-2013 à 04:04

Je n'aime pas l'histoire car elle trop triste pour moi et que Jeremie en a souffert(pow)

Note :
20
Commentaire de love-Yumi - Posté le 10-03-2013 à 15:36

Magnifique, j'adore ton point de vue Odd/Aelita , j'aurais bien aimé que ta fanfic soit plus longue ... Trop bien !

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